La fouille, qui dure depuis une dizaine d'années, sur la ZAC Intercampus d'Amiens a permis la découverte de rares éléments de vestiges funéraires gaulois au début de l'été. Ces derniers vont permettre de mieux comprendre les pratiques qui étaient effectuées à l'époque.
Le chantier touche à sa fin. Pendant 10 ans, des fouilles archéologiques ont été menées sur une large zone dans le sud d'Amiens. "Une zone de 80 Ha, coincée entre l'hôpital sud et l'université, sur laquelle se situaient des anciens jardins ouvriers", précise Lydie Blondiau, responsable scientifique à l'inrap (l'Institut national de recherches archéologiques préventives).
Ces fouilles ont été effectuées dans le cadre de l'aménagement de la ZAC Intercampus, avant que des travaux ne démarrent pour construire des nouveaux logements et aménagements dans ce quartier. La dernière phase de cette grande investigation a pris fin au début de l'été.
De nombreux vestiges révélés
Lors des premières fouilles, l'équipe d'archéologues découvre un site avec des éléments qui s'étendent sur une période allant environ de -2000 ans avant J-C.jusqu'au IIe siècle après J-C.
"Cela nous a permis de voir l'évolution d'un site avec de l'agriculture et des greniers et après on va vers la période de la Tène avec des zones d'habitats qui s'installent, délimitées par un fossé et qui évoluent vers la période romaine", détaille Lydie Blondiau.
Au fil des fouilles, des greniers sont par exemple mis au jour en 2018, ils servaient à stocker les denrées alimentaires comme des céréales avec du blé ou de l'épeautre qui étaient en surplus. Plus tard, en 2020, une villa gallo-romaine est explorée. Dans la région, plusieurs autres sites similaires existent. La différence ici c'est que ceux d'Amiens, " montrent des caractéristiques très riches et socialement très élevées."
Des éléments "rares" découverts
L'équipe de l'inrap a travaillé, lors de cette dernière phase, sur plusieurs emplacements funéraires qui contiennent des éléments "rares". Ils n’avaient pas forcément été observés avant. Une tombe aristocratique a été découverte entourée d'un chaudron en bronze et autres éléments en céramique.
Lydie Blondiau explique la présence de ces éléments : "Les gens qui enterrent le défunt lui laissent tout ce qui est nécessaire pour sa survie dans l'au-delà. On lui donne des offrandes de poulet ou de porc et de la vaisselle pour préparer ce qui ressemble à un chaudron". Fait plus rare encore une zone qui symbolise le foyer, pour poser ce chaudron, a été retrouvée.
"En règle générale on n'arrive pas à le retrouver, c'est la première fois que je vois un foyer comme celui-là en 30 ans. Il était souvent symbolisé mais là c'était en physique avec la trace", déclare la responsable scientifique de ces fouilles.
Le bon état de conservation du site a permis qu'on puisse voir des choses qu'on suposait avant.
Lydie BlondiauResponsable scientifique de ces fouilles
Plus loin, l'équipe a aussi découvert une autre tombe toute seule, "un personnage important qui est mis en évidence". Des planches coffraient cette dernière, "chose rarissime, nous avons réussi à voir les planches qui fermaient le couvercle avec des agrafes qui les tenaient les unes aux autres". Sur une troisième sépulture, un coffret fermé d'un couvercle avec un nécessaire de toilette a été observé.
Ces découvertes qui mettent en évidence de nouveaux éléments vont pouvoir "servir de référence" sur d'autres chantiers pour voir " si on les voit ailleurs ou si c'est quelque chose typique du secteur d'Amiens." Elles permettent aussi plus globalement de comprendre comment ces sites se sont implantés sur cet espace stratégique.
Lorsque les analyses de datation et les restaurations des éléments seront effectuées, un rapport sera rédigé par la responsable scientifique. En attendant, elle expliquera les premiers résultats et présentera la fouille lors des journées régionales de l'archéologie qui auront lieu le 21 et 22 novembre prochain à Laon.