Quatre migrants sont décédés au large de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais) lors d'une tentative de traversée de la Manche, dans la nuit de jeudi à vendredi. D'autres migrants tombés à l'eau ont pu être sauvés, selon la préfecture maritime.
Il était 4h30, ce vendredi 12 juillet quand le navire de sauvetage Minck, engagé par le CROSS Gris-Nez pour patrouiller sur zone indique que l'un des boudins d'une embarcation de migrants s’est dégonflé. L'équipage indique aussi que plusieurs personnes sont à l’eau. Ils interviennent alors pour recueillir les naufragés, aidés par un navire de pêche qui navigue dans le secteur.
En parallèle, sont envoyés le patrouilleur de la Marine nationale Cormoran, le canot de la SNSM Notre Dame de Risban et l’hélicoptère Dauphin de la Marine nationale basé au Touquet (62) pour renforcer le dispositif.
L’hélicoptère va localiser les naufragés dont certains sont à l’eau à la dérive et d’autres encore accrochés au boudin de leur embarcation. Sont localisées 3 personnes inanimées à la dérive ainsi qu’une quatrième inanimée sur l’épave de l’embarcation de migrants.
Le préfet du Pas-de-Calais, Jacques Billant s'est rendu sur place et a donné des éclaircissements sur les circonstances du drame, qui s'est produit au large du Cap Griz-Nez : "Le bateau a pris la mer depuis les côtes boulonnaises vers 2 heures du matin, avec 60 personnes à bord. Des moyens de sauvetage ont immédiatement été engagés par le préfet maritime, avec un navire de pêche qui était présent sur zone. Sur place, les marins ont pu constater la présence de 4 personnes inanimées et de 56 autres migrants, dont 3 femmes en grande difficulté au niveau de l'épave".
4 morts, 56 personnes secourues
Parmi ces 56 personnes secourues, 9 étaient en "urgence relative". Elles ont été débarquées sur le quai du bassin Loubet à Boulogne-sur-Mer. Un poste médical avancé y avait été installé pour les recevoir avec pompiers, protection civile et police.
Une enquête ouverte
Le préfet a précisé que "Le Procureur de la république de Boulogne a confié l'enquête à l'office de lutte contre le trafic illicite de migrants et à la gendarmerie maritime". Avant d'ajouter d'un ton ferme : "Ce sont des réseaux criminels qui font courir des risques inconsidérés aux populations migrantes. Car prendre la mer, dans un bateau surchargé, avec des conditions météo particulièrement défavorables, comme celles de ce matin, c'est assurément risquer la mort".
Une forte pression migratoire
Le préfet a poursuivi ses explications : "On constate semaine après semaine, des embarcations surchargées, de mauvaise qualité, sous gonflées, sans plancher, sans gilet de sauvetage".
Lors du naufrage dans la nuit du jeudi au vendredi 12 juillet, un seul migrant portait un gilet de sauvetage. D'autres étaient équipés de chambres à air (NDLR : de vélo). Le préfet a ajouté : "Ce sont aussi des embarcations sous motorisées, ce qui augmente aussi le risque d'avaries et de naufrage".
20 décès et des traversées nombreuses depuis le début de l'année
Vingt migrants sont décédés depuis le début de l'année 2024 en tentant de rejoindre la Grande-Bretagne à bord d'un small boat.
Le préfet confirme : "La pression est forte, avec un nombre de tentatives important, ce sont 344 tentatives de traversées maritimes qui ont été interceptées par les forces de l'ordre depuis le début de l'année".
Selon lui, la police aurait procédé à 314 interpellations et au démantèlement de 12 filières de passeurs depuis janvier.
Cet été, près d'un millier de policiers et gendarmes sont mobilisés sur le littoral pour lutter contre l'immigration. Au cours de la même nuit, 40 autres migrants ont été secourus à bord d'un small boat parti du Touquet.
20 décès depuis janvier
Ces décès portent à 20 le nombre de personnes décédées en tentant de rallier le Royaume-Uni depuis le début de l'année.
Le 23 avril, cinq migrants sont morts au large de Wimereux en tentant de traverser la Manche sur une embarcation surchargée, dont une petite fille.
Plus de 12 313 personnes ont atteint les côtes anglaises clandestinement en 2024, surtout depuis la France, selon des chiffres officiels britanniques publiés mi juin. Une hausse de 18% par rapport à la même période l'an dernier.