L'initiative s'appelle "Par les vivants". Elle consiste à raconter l’histoire de familles juives ayant vécu avant et pendant la Seconde Guerre mondiale. La plupart a été déportée à Auschwitz, via Lille et Malines lors de la rafle du 11 septembre 1942. À Hénin-Beaumont, une vingtaine d'élèves se sont pris de passion en enquêtant sur l'histoire de trois familles juives. Mis en ligne, les parcours sonores s'accompagnent également de visites virtuelles, in situ.
Frank et Marie-Claire Gilson sont professeurs d'histoire - géographie au lycée Pasteur d'Hénin-Beaumont, un établissement de 1 200 élèves au sein duquel une vingtaine d'entre eux, motivée, a fait équipe pour enquêter sur l'histoire de familles juives déportées le 11 septembre 1942, lors d'une rafle nazie.
Nos historiens en herbe se sont penchés sur les destins des membres de sept familles, les Vaintrob, à Hénin-Liétard ; les Mandel à Harnes, les Gotteiner à Billy-Montigny.
"On a voulu comprendre comment par une législation des personnes semblables aux autres, voulant s'intégrer, ont été désignées comme dissemblables. Nous l'avons fait en créant un parcours sonore géolocalisé qui peut provoquer une émotion forte, mais notre but a été pour les élèves, pour nous-mêmes et pour les auditeurs, de comprendre", explique Frank Gilson.
"Savoir, c'est ne jamais oublier"
Pour certains élèves, le travail a été plus que bénéfique : l'occasion d'une réelle ouverture, d'un changement radical, voire de la naissance d'une vocation, assurent les deux professeurs qui prennent en exemple Timothée - qui s'est inscrit cette année en université de géographie - et qui a posé "des questions d'épistémologue" lors du voyage à Auschwitz ; ou Juliann, "qui nous a dit qu'il voyait le monde différemment, qu'il avait complètement changé depuis ce travail", abonde Marie-Claire ; ou encore cet autre élève qui veut désormais emmener ses parents, qui n'osent pas, découvrir le camp de concentration.
Et notre petite équipe n'a pas chômé, elle a retrouvé notamment Josette Vaintrob, 8 ans, lors de la rafle de 1942 à Hénin-Beaumont ; aujourd'hui vivant en région parisienne, et qui a accepté de témoigner pour l'enquête. Elle a aussi retracé l'histoire de Boris Gotteiner, 20 ans, lorsqu'il échappait aux gendarmes, passait un mur pour fuir rue de l'égalité à Billy-Montigny et qui dans les années 1990 (à 70 ans) a fait faire un caveau (pour les 19 membres de sa famille exterminés dans les chambres à gaz) à Mainil-lès-Ruitz, sur lequel il est écrit "Savoir, c'est ne jamais oublier".
Le résultat des travaux se retrouve sur un site internet intitulé ( cliquez sur le lien qui suit ) Par les vivants.
Vous pouvez y retrouver les enregistrements audios et un QR code vous invite à suivre sur smartphone des circuits pédestres sur les traces de ces familles à Billy-Montigny, Harnes ou Hénin-Beaumont avec photos et audio-guide.