TEMOIGNAGE. "On est littéralement épuisé" : Magali et Laurent, racontent leur combat contre la Covid-19

Ils ont vécu l'enfer, en parlent comme pour évacuer et regoûtent les jours heureux. Magali et Laurent racontent comment le Covid-19 a bien failli laisser leur petite fille Louna, 12 ans, orpheline. Aujourd'hui, tout rentre dans l'ordre. 

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Aujourd'hui, le temps commence à faire son effet. Laurent et Magali se remettent du choc et profitent de la vie au quotidien. "On sa-vou-re les instants de bonheur", lâchent-ils. Gros bosseurs tous les deux, ils veulent désormais lâcher davantage prise ! 

Le Covid-19 a été un choc dans leur vie. Quand Magali, 48 ans, cadre de santé au centre hospitalier de Béthune raconte comment son histoire s'est déroulée. La voix est posée, les explications claires. Ancienne infirmière, elle est cadre de santé depuis 2001 à Beuvry. Avec Laurent, elle a une petite fille, Louna, 12 ans. Une famille qui aujourd'hui se remet du tremblement de terre et de l'angoisse qu'a été pour elle le coronavirus.

"Ce n'est qu'une hypothèse, mais j'ai été en contact avec une infirmière dont la femme de ménage avait été hospitalisée à Lille - pour cause de Covid-19 - après s'être rendue au rassemblement évangélique de Mulhouse. L'infirmière était asymptomatique mais je pense que c'est comme cela que je l'ai eu, même si je n'en suis pas sûre", précise Magali. 

Le 12 mars, les premiers symptômes apparaissent : fièvre, courbatures - dans les membres supérieurs également et "jusque dans les doigts" - toux, céphalées, diarrhées, troubles du sommeil, une dizaine de jours à 39°5. "On est littéralement épuisé", commente l'ancienne infirmière. Dépistée à l'hôpital, quelques jours après les premiers symptômes, Magali reste chez elle un peu plus d'une semaine mais, les symptômes s'accompagnent désormais de difficultés de souffle. Il devient difficile de monter les escaliers, de dormir sans gêne respiratoire. 

L'appel du SAMU

Le 21 mars Magali se retrouve aux urgences de l'hôpital où elle travaille après avoir appelé le 15. "A ce moment là, je me répétais "ça va passer, ça va passer", même si j'étais vidée de mon énergie, extrêmement fatiguée. Mon objectif était d'être sous oxygène. Ce qui m'a soulagée physiquement et psychologiquement, mais pas sauvée...".

Au scanner, on détecte un envahissement total de tous les lobes des poumons. Magali est alors sous trois antibiotiques : Claforan, Rovamycine et Augmentin. Sous oxygène, la dose maximum lui est administrée 15 l/min. Mais le sang ne se réoxygène pas, elle risque de tomber dans le coma. Le soir même, elle est placée en réanimation. "Je ne voulais pas y aller, mais les équipes du service pneumologie de la zone 3, que j'avais l'habitude de cotoyer professionnellement, m'ont bien fait comprendre qu'ils ne pouvaient plus m'aider à leur niveau."

En réanimation en urgence

Qui plus est, face à l'urgence de la situation, il faut aller vite. Le soir-même, Magali se retrouve intubée, endormie, sans pouvoir prévenir sa fille et son mari, et sans savoir si elle les reverra. Un souvenir douloureux qui s'exprime aujourd'hui encore par quelques larmes. Mise sous Noradrénaline, plongée dans le coma, elle est en position ventrale pour libérer plus facilement les alvéoles des poumons.

Bien sûr Laurent est prévenu. Lui, comme Magali, louent aujourd'hui la compétence et l'humanité du personnel soignant. Laurent, qui ne déclarera les symptômes que quelques jours plus tard, prenait des nouvelles trois ou quatre fois par jour. "On me donnait un créneau horaire pour appeler", précise-t-il aujourd'hui. Trois jours en réanimation très difficiles pour lui et Louna, pour qui il tenait à poser des mots sur ce qu'il arrivait à Magali. "Ce n'était pas simple mais je voulais le faire... La petite a montré une force de caractère qu'on ne soupçonnait pas", sourit aujourd'hui Laurent. 

Chloroquine

Trois jours donc et puis, le réveil de Magali. Douloureux. Très douloureux : "une angine fois cent. On a qu'une envie, c'est d'arracher le tuyau. Sensation d'étouffement, difficulté à respirer. C'était horrible", se remémore la cadre de santé qui passe encore deux jours intubée, à lutter. Puis, vient la libération, le 25 mars, jour de l'anniversaire de Louna, le respirateur articifiel est enlevé. Toujours sous oxygène, Magali sait qu'un grand pas est fait contre la maladie, elle qui fait partie des trois cas où la chloroquine a été administrée à Beuvry. "Cela a été pour moi, comme pour un des deux autres patients, l'occasion d'améliorer nettement l'état de santé", témoigne-t-elle aujourd'hui.

Après plusieurs jours de fortes fièvres - dont deux trois pointes à 41° - Laurent, a été hospitalisé en urgence à Beuvry le 28 mars. "Le Samu ne voulait pas venir me chercher, mon syndrôme respiratoire n'était pas assez prononcé. Mais j'y suis allé, car je me sentais vraiment exténué". Placé sous oxygène, Laurent aura la chance de ne pas passer par le service réanimation. Magali et Laurent partageront même la même chambre un temps de leur séjour à l'hôpital de Beuvry. Alors c'est Justine, 30 ans, la fille aînée de Laurent qui gardera Louna.

Carpe diem

Aujourd'hui toute la famille a bien conscience d'une espèce de grande fragilité de la vie. Et s'il fallait tirer une leçon de cette aventure, ça serait de "ralentir le rythme professionnel" pour Laurent. Directeur de deux restaurants à Lens et à Liévin, lui qui court tout le temps, a décidé, désormais, de prendre davantage de temps pour sa famille. Il va lâcher la moitié de ses responsabilités.

Quant à Magali, en convalescence depuis bientôt quatre mois, la médecine du travail estime pour l'instant qu'elle doit encore se reposer même si elle a hâte de retrouver les équipes dont elle est fière. 

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