"Je protège la ville" assure le maire, la promesse de vente d’une parcelle de plage est actée au Touquet

Ce n’est pas un point final au projet d’hôtel sur le front de mer du Touquet. Loin de là. C’est malgré tout une étape cruciale. Le conseil municipal de la cité balnéaire a voté ce mercredi la vente d’un morceau de plage à l’investisseur. 1,3 million d’euros, une somme "dérisoire" aux yeux des opposants.

Sur la plage du Touquet, l‘Aqualud est fermé. L’érosion du bâtiment a commencé. Dans quelques années, un hôtel de luxe pourrait en prendre la place. Si le conditionnel reste de rigueur, le projet, lui, continue d'avancer. Petit pas, après petit pas.

L’étape du jour s’est jouée en conseil municipal. Le maire (Les Républicains) sait combien le débat est complexe. Avant d’aborder la promesse de vente de terrain de l’actuel parc aquatique Aqualud, Daniel Fasquelle rappelle l’enjeu à ses yeux. 

Comment créer une grande station balnéaire sans hôtel sur la plage ?

Daniel Fasquelle, maire LR du Touquet

"On a engagé une reconquête du Touquet, mais c’est le front de mer qui n’est pas à la hauteur de la qualité de la station", souligne le premier magistrat. Et d’égrainer la végétalisation, l’animation, les bars et autres restaurants qui ont permis d'améliorer la vie de la plage. "Cette reconquête passait aussi par l’Aqualud qualifié parfois par les Touquettois de verrue".

Retrouver l'éclat d'autrefois au Touquet ?

Le rêve de Daniel Fasquelle est clair : il veut redonner au Touquet son attractivité d'antan. Pour lui, cela commence par l'offre hôtelière. 3 500 chambres dans les années 1920, à peine 1200 aujourd'hui. "Pas la peine de venir hurler parce qu'on crée 150 chambres de plus !", s'impatiente-t-il.

Le projet aujourd'hui proposé ? Un grand complexe de luxe avec hôtel, spa, fitness, piscine, commerces... Deux sociétés sont impliquées : le promoteur ADIM chargé de la construction, mais surtout l'investisseur NAOS.

C'est cette dernière entreprise qui fera l'acquisition du terrain. Créée en 2007, l'entreprise familiale est spécialisée dans l'hôtellerie. "A chaque fois, on construit un lieu de vie qui a une empreinte locale (…) Pas de photocopie ici", tient à souligner son PDG Pascal Lemarchand. Il était présent ce mercredi 28 juin,devant les élus pour répondre aux questions.

Une vente et beaucoup de doutes

Opposant municipal, Hervé Pierre interroge : "Pourquoi est-ce NAOS qui achète ? Pourquoi pas ADIM ?" Réponse sans détour de Pascal Lemarchand : "Le montage juridique et financier serait plus élevé si ADIM achetait le terrain". Et de tenter de rassurer : "On va acheter, on va payer. On prouve qu’on est là, qu’on investit.

J’ai besoin de démontrer aux Touquettois qu’on va vraiment le faire. On prend le risque.

Pascal Lemarchand, PDG de NAOS

Pour l'opposition, le vrai problème, c'est le montant de la transaction. "C'est le prix de la vente qui me surprend", s'étonne Hervé Pierre. "14 000 mètres carré vendus 1 350 000 euros, cela revient à 90 euros le mètre carré, ce qui me semble excessivement bas". Et d'ajouter plein de sous-entendus : "Est-ce qu’on a envisagé à un moment de faire cadeau du terrain tellement le prix est bas ?"

En contrepartie, le maire promet des retombées. S'il voyait le jour, l'hôtel apporterait taxe de séjour, paiement des parkings… "Au moins 4 millions d'euros sur 10 ans que la ville va récupérer et investir sur le front de mer. C'est un engagement que je prends devant vous !", assure Daniel Fasquelle. "Ça revient à 400 000 euros par an", rétorque l'opposition", "ce qui est peu pour le front de mer".

Quelles garanties ?

Tout au long du conseil, mairie et investisseur auront voulu apaiser les esprits sans totalement y parvenir. Quatre recours sont déposés au tribunal administratif. Beaucoup de doutes planent donc sur le projet d'hôtel.

Qu'en serait-il surtout si le permis de construire était finalement annulé en vertu de la loi littoral ? "Si le permis est annulé", rassure le maire, "cette affaire ne coûtera rien à la ville. Le bien reviendrait à la ville. Il n'y a pas de recours possible contre nous. Toutes les garanties ont été prises. Tout le monde doit être très à l’aise sur le sujet".

En attendant, l'Aqualud décrépit un peu plus chaque jour. L'investisseur prend en charge le coût de gardiennage. La destruction de l'ancien espace ludique ne pourra se faire qu'une fois les recours épuisés. "Ça va prendre des années", promet le président de l'association de sauvegarde de la forêt et des dunes du Touquet. "Nous, on est décidé à aller jusqu'au bout. Au tribunal administratif, à la Cour administrative de Douai, au Conseil d'Etat !" 

On parle d'un réchauffement climatique de + 4°C. La montée de la mer va être plus importante qu'annoncé dans le projet. Les tempêtes vont être plus importantes. Proposer des promenades sur le toit de l'hôtel est une folie furieuse !

Sylvain Gouze, président de l'association de sauvegarde de la forêt et des dunes du Touquet

Et Sylvain Gouze de conclure sur cette métaphore : "S'il s'agit d'une course de haies, disons-le, il y a beaucoup de haies".

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