Gagner un lingotin d'or en achetant une galette des rois, c'est ce que proposent 43 boulangeries françaises dont cinq dans les Hauts-de-France. Une opération de communication payante pour les boulangeries comme pour leur partenaire fabricant de lingots.
Dans cette boulangerie de la Grand-Place d'Arras, les clients tentent leur chance. En achetant leurs galettes des rois, ils scannent un QR code espérant gagner un lingotin d'Or. Et ils sont nombreux à le faire puisque des boulangeries de Lille, de Cambrai, d'Amiens et de Beauvais y participent aussi.
La récompense pèse cinq grammes et vaut 445€. Une fève plutôt coûteuse pour les consommateurs, mais pas pour Frédéric Jonquois, le boulanger d'Arras : "C'est mon budget communication de l'année. Alors je trouve que 400€ que ce n'est pas excessif. Normalement, on ne fait pas tellement de publicité parce que chaque fois, il n'y a pas vraiment de retour. Ça rapporte surtout aux publicitaires".
Une opération marketing à bas coût
Le commerçant cherchait à mettre en place ce genre de partenariat depuis longtemps. C'est l'année dernière qu'il s'est lancé avec le Comptoir national de l'or. "Le faire soi-même, c'est compliqué. C'est un métier. Il faut un huissier pour le tirage au sort, écrire un règlement général de jeu... Vous ne pouvez pas faire gagner le lingotin à votre copain". De quoi rassurer les compétiteurs.
Tout en se concentrant sur son cœur de métier, les galettes, l'artisan bénéficie de tout un ensemble publicitaire imaginé par le Comptoir national de l'or : prospectus, affiches, emballages... "Ils font la communication et moi, j'investis dans le lingotin. Ça fait parler de nous. Quand on voit le coût de la pub aujourd'hui, ce n'est pas un coût si important. Et puis, ça vous garantit plus de clients", raconte le boulanger qui dévoile une stratégie payante l'année passée tout en restant discret sur les chiffres.
Le partenariat est national, mais il maintient une exclusivité locale. Pas plus d'une boulangerie par département. Frédéric s'en réjouit : "Ça fait connaître la boulangerie. Il y a une chance sur deux pour qu'ils prennent autre chose et qu'ils reviennent".
Revaloriser les placements financiers dans l'or
L'opération vise à mettre un coup de projecteur sur les boulangeries, mais aussi sur le revendeur d'or, comme l'explique Farrida Bouguerra, référente nationale pour le réseau. "Ça permet de faire parler de ce domaine encore méconnu du grand public et de transmettre les traditions. À l'après-guerre, les gens achetaient beaucoup d'or, mais aujourd'hui, ce sont surtout des personnes âgées. On a aussi de plus en plus de jeunes de moins de trente ans qui changent leurs Bitcoins pour acheter de l'or en physique parce que ça leur permet de sécuriser leur argent".
Selon elle, la pratique se démocratise de plus en plus depuis la pandémie du Covid 19, mais cette opération vise à populariser davantage la pratique grâce à un acteur clé de la vie locale : "Le boulanger accueille une vaste clientèle. Tout le monde va acheter son pain. Ça nous permet aussi de nous rapprocher d'un vaste public pour raconter l'histoire de l'or et pouvoir augmenter notre périmètre".
Évidemment, même si vous avez la chance de gagner, pas question de tomber sur le lingot en dégustant la galette. "Il y aura une petite cérémonie de remise du lingotin fin janvier, comme l'année dernière, avec un adjoint au maire, le représentant du Comptoir de l'or et moi", annonce d'ores et déjà Frédéric Jonquois, le boulanger Arrageois.