Il y a 25 ans, le 25 novembre 1998, le RC Lens réalisait la performance de battre Arsenal 1 - 0 à Wembley, constituant dès lors la première victoire d'un club français dans le temple du football anglais. Un but de Debève à la 72e minute avait suffi à la victoire. Mais à la veille d'un nouveau choc entre Lens et Arsenal en Ligue des Champions, les supporters lensois se souviennent aussi d'une autre histoire pendant ce match.
D’un exploit à un autre ? Alors que le RC Lens s'apprête à défier Arsenal à l'Emirates stadium à Londres dans le cadre du 5e match de poule du groupe B de la Ligue des Champions, mercredi 29 novembre 2023 ; retour 25 ans en arrière, presque jour pour jour.
Lens s’offrait Arsenal à Wembley, le temple du football anglais, sur un but de Debève… Une victoire historique sauf pour un homme… Le joueur lensois Tony Vairelles.
"Un super souvenir pour l’équipe parce que c’est la première victoire française à Wembley, qui plus est en Ligue des Champions, contre Arsenal, moi il me reste quelque chose en travers de la gorge : d'être expulsé à la dernière minute avec quelqu’un qui simule".
L'arbitre tombe dans un piège
89e minute, Tony Vairelles est expulsé alors qu'il n'a rien fait. Dixon simule une agression avant de tomber. L’arbitre suédois Frisk tombe dans un piège.
Tony Vairelles : "Tu sens quelqu’un te bousculer dans le dos, tu vois toute l’équipe d’Arsenal qui te pousse, l’arbitre vient, sans même demander à ses juges de ligne, boom, il te met carton rouge ! Je me rappelle toujours ma réaction, je regarde le tableau d’affichage, 89e minute, c’est pas possible !"
À Lens, les supporters ne comprennent pas et réagissent : "Pour moi il doit être blanchi". L'expulsion fait hurler le peuple sang et or, acquis totalement à la cause de son chouchou…"C’est pas le genre de mec à taper un joueur dans le dos, il est fair-play, c'est un mec en or".
Le Racing Club de Lens décide de saisir les hautes instances européennes. Un cas jamais vu : revenir sur la décision de l'arbitre. Gervais Martel, président du club artésien explique alors "si on croyait n’avoir aucune chance, on ne serait pas venu".
Entendu, fidèle à lui-même, Tony Vairelles donne tout face aux dirigeants de l’UEFA. En vain… Il explique aujourd'hui : "Je me rappelle avoir parlé devant, ça m’avait même impressionné, il y avait 25 mecs qui traduisaient en 25 langues. J’ai parlé avec mon cœur. Et à la fin, après 2h ou 3h, on me dit : « Vous n'avez pris qu’un match, votre appel est irrecevable… ». Pourquoi accepter qu’on se déplace alors ?, interroge Tony Vairelles. Pourquoi qu’un match ? C’est qu’ils ont vu les images ! Si j'étais soupçonné d’un coup de coude, ça serait 3-4 matches de suspension minimum !
"Une autre dimension à ce niveau-là"
Conséquence, l’attaquant lensois manque le dernier match décisif de cette phase de poules face au Dynamo Kiev, perdu 3-1. Un crève-cœur…
"Tu te dis que : si tu as la possibilité de jouer à Lens contre Kiev, avec l’équipe au complet, pendant 90 min, tu as la chance de te qualifier en quarts contre le Real de Madrid ! Toute ta carrière peut changer, cela prend une autre dimension à ce niveau-là…"
Une amertume toujours très perceptible un quart de siècle plus tard, même si mercredi, à Londres, le mythique n°11 lensois, espère une victoire de son club de cœur.
"Ça, ça me ferait plaisir, quand j’ai vu à la télévision qu’ils battaient Arsenal, j’étais ainsi devant mon écran, le premier heureux. Après non, ça ne me donne pas envie d’aller là-bas."
Un sentiment d’inachevé tenace qui a, malgré lui, contribué à sa légende chez les Sang et Or.
Avec Loïc Beunaiche.