VIDEO. Journées du patrimoine 2024 : les grandes marées d'automne, idéales pour découvrir un phare unique en Europe continentale

À l'occasion des journées du patrimoine, un passionné du phare de Walde organise ce samedi 21 septembre une balade commentée autour de ce monument. Inscrit aux monuments historiques, l'édifice de la côte d'Opale, accessible au bout de trois heures de marche à marée basse, est unique en Europe continentale. La visite est complète, mais bonne nouvelle, photos et vidéos vous permettront de le découvrir de près.

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Sur la plage de Marck, à deux pas de l’ancienne jungle de Calais, se dresse encore le phare de Walde, dont la structure métallique attaquée par la corrosion se révèle à marée basse. Frédéric Lesur, membre de l’association Environnement et patrimoine du Calaisis EPAC est passionné par ce phare, à tel point qu'il organise régulièrement des promenades commentées, comme ce samedi 21 septembre à l'occasion des journées du patrimoine.

Construit en 1858, cet édifice était expérimental. "L'idée, explique Frédéric Lesur, c'était de développer une technologie sur un sol sablonneux, où l'on ne peut pas construire de phare comme en Bretagne, ancré sur un écueil de granit. Ici, il s'agit d'une technologie de pieux vissés. Le phare métallique est posé sur des pieux ancrés dans le sable. C'est un monument unique en Europe continentale."

Une structure révolutionnaire pour le XIXème siècle

La structure du phare a été élaborée en fer forgé, tôle et fonte - une méthode de construction révolutionnaire pour son époque, ne serait-ce que pour la technique d'ancrage, toujours utilisée pour les éoliennes.

La plateforme hexagonale est soutenue par six pieds et un axe central, tous vissés dans le sable à plus de cinq mètres de profondeur.

Un phare qui marque la limite entre la mer du Nord et la Manche

Conçu en Angleterre par un ingénieur irlandais, Alexandre Mitchell, et assemblé à Marck, il était initialement alimenté à l'huile par des gardiens, puis au gaz propane, avant d'être automatisé en 1897. Équipé de panneaux solaires en 1986, il a définitivement été éteint en 1998.

Si le phare de Walde a été construit pour signaler un banc de sable aux nombreux bateaux traversant le détroit du Pas-de-Calais, il marque aussi une limite géographique symbolique, celle du partage des eaux entre mer du Nord et Manche. "Quand je prends ma boussole, précise Frédéric, et que je me fixe au 297 dans l'alignement du phare, à droite, à l'Est, j'ai Dunkerque et la mer du Nord, à gauche, à l'Est, j'ai Calais et la Manche."

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Visionnez ce reportage sur le phare de Walde, tourné par Virginie Demange, Sergio Rosenstrauch et Philippe Rousselle. ©FTV

J'aime ce site et son environnement. C'est un très grand spectacle.

Frédéric Lesur

Membre de l'EPAC et guide occasionnel

Ingénieur et fervent admirateur de l’objet technique, Frédéric a consulté des centaines d’archives sur sa construction. Il vient ici au moins une fois par mois, malgré la pluie et le vent.

"L'éclairage est toujours différent, la météo aussi. On a une nébulosité qui change les images et les couleurs, vraiment, j'aime ce site et son environnement. Il y a une colonie de phoques et de veaux marins à laquelle on fait très attention, qu'on observe de loin, et c'est un très grand spectacle."

Des archives exceptionnelles

Frédéric ne compte pas ses heures pour chercher des éléments anciens concernant le phare et vient justement de trouver sur Internet un film rare de la collection du ministère des Travaux publics, produit pour l'exposition internationale des techniques de 1937. Le service des phares était alors à son apogée.

"Le phare de Walde apparaît brièvement à 7 minutes et 30 secondes, se réjouit-il. C'est clairement la plus ancienne des représentations que je connaisse à ce jour. On y trouve la description d'origine : lanterne noire et parois de l'habitacle peintes en blanc."

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Extrait d'un film rare de la collection du ministère des travaux publics, produit pour l'exposition internationale des techniques de 1937. On y aperçoit quelques secondes le phare de Walde, encore en fonction. ©Ministère des travaux publics, 1937.

Une structure haute en danger

Que ce soit en 1937 ou en 1955, on voit bien sur ces images la plateforme encore en état, capable d'accueillir deux gardiens en permanence, se relayant nuit et jour. Sur place, des lits escamotables, des placards, un poêle et une réserve d'eau potable. Et au sommet, la lanterne, culminant à onze mètres au-dessus du niveau de la mer à marée haute.

Le phare aurait dû être détruit en 1998, mais les associations de sauvegarde du patrimoine comme l'EPAC ont réussi à le maintenir debout. Pour combien de temps ? Aujourd'hui, ses 39 tonnes de métaux survivent à l’érosion, mais celle-ci s’est accélérée ces deux dernières années. Les pieux, eux, sont solides, c’est la structure haute qui est en danger.

"C'est une structure hexagonale, détaille Frédéric, où l'on a un plancher qui s'effondre. Une partie est même tombée sur la partie gauche. On distingue deux panneaux solaires qui alimentaient l'ampoule qui signale la présence du phare la nuit. Le plancher s'est effondré sous ces deux panneaux."

Entre la destruction et la reconstruction à l'identique, il y a plusieurs scénarios possibles.

Frédéric Lesur

Membre de l'EPAC et guide occasionnel

Inscrit aux monuments historiques en 2022, en attente de classement, l'édifice doit encore être examiné par des spécialistes. "On va être entre deux scénarios extrêmes : la destruction, parce que c'est une épave et que ça présente un danger, et la reconstitution à l'identique. Entre les deux, il y a des tas de configurations."

Se posera alors le problème du financement, qui pourrait venir de l’État, d’une souscription ou d’un mécénat. Pour l’heure, rien n’est décidé et si le phare ne sert plus à prévenir les bateaux du danger de la pointe de sable de Marck, il reste un symbole pour les historiens et les habitants.

Marcel se souvient : "C'est ma grand-mère qui m'y a emmené la première fois quand j'étais petit gamin. La sirène hurlait quand il y avait de la brume ou du mauvais temps, on l'appelait la gueularde. Le feu scintillait, on voyait la lanterne de loin." 

Journées du Patrimoine : visite complète

Ladite lanterne, classée monument historique, a été rénovée et mise à l’abri à la capitainerie du port de Boulogne-sur-Mer, fermée au public. "C'est la partie noble d'un phare, sourit Frédéric en la découvrant pour la première fois avec émotion. C'est celle qui guide les marins la nuit et qui sauve des vies donc c'est un objet très authentique."

Si la lanterne reste inaccessible au public, le phare, lui, se mérite, après trois kilomètres de marche. La promenade prévue pour les journées du patrimoine ce samedi 21 septembre, au moment des grandes marées d'automne, était limitée à trente participants. Mauvaise nouvelle : "C'est complet, annonce Frédéric Lesur, et j'ai vingt-sept personnes sur liste d'attente."

Mais que les motivés se rassurent, d'autres sorties sont d'ores et déjà prévues, sur inscription, le 5 octobre à 9 heures dans le cadre de la fête de la Science, et début avril pour les semaines de la Mer. 

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