Une petite fleur sauvage que l'on pensait disparue, le Millepertuis des marais, redécouverte à Wimereux

Elle avait presque disparue dans les Hauts-de-France. L'Hypericum Elodes, une petite plante que l'on ne voyait plus sur notre littoral et qui vient d'être retrouvée dans la campagne du boulonnais. 400 pieds de ce millepertuis des marais se sont installés à Wimereux. Une découverte majeure faite cet été par les équipes du Parc Naturel Régional.

C'est une très belle nouvelle pour la biodiversité. L'Hypericum elodes ou Millepertuis des Marais, petite vivace aux fleurs jaunes d'à peine 15 cm était présumée disparue.

Mais à l'occasion de travaux d'entretien sur un terrain privé au nord de Wimereux, les naturalistes du Parc Naturel régional des Caps et Marais d'Opale sont tombés sur cette espèce devenue rare.

Depuis plusieurs années, les agents du Parc procèdent sur le site à des travaux d'entretien afin justement de permettre aux espèces végétales plus fragiles, plus petites, de s'épanouir comme nous l'explique Julie Robillard, responsable des travaux de gestion des zone humides du Parc d’Opale.

"Ce site est une zone humide très dynamique qui nécessite un travail régulier de fauche, de débroussaillage. Nous avons surtout ici, procédé à un battage de saules présents en trop grande quantité et à cette occasion nous avons permis à la zone de revenir à lumière. Cet été nous sommes tombés sur une petite plante qui nous était totalement inconnue."

C'est en se rapprochant du Conservatoire Botanique National de Bailleul - CBN - dans le Nord, que Julie et ses collègues ont pu identifier cette vivace aquatique : le Millepertuis des marais.

Une espèce qui se développe dans les tourbières humides, autour des mares au soleil et qui fleurit de juillet à octobre. À Wimereux, elle forme un tapis de 400 pieds regroupés sur 8 mètres carré.

Une découverte rapidement qualifiée d'exceptionnelle par le Conservatoire Botanique National de Bailleul. C'est pourquoi cette semaine Bertille Asset, botaniste expérimentée du CBN a fait le déplacement pour prélever quelques capsules de graines de cette espèce devenue protégée.

"Le millepertuis des marais est devenu rare en raison de la destruction de son milieu naturel et de l'urbanisation de nos campagnes" explique Bertille Asset. "Il n'est présent dans les Hauts-de-France que sur 2 sites dans le Pas-de-Calais et 2 dans l'Oise, dont la forêt d'Ermenonville."

Accompagnée de Julie Robillard, la botaniste s'est rendue sur le site de Wimereux mardi dernier. Malgré la belle hauteur du niveau d'eau de la zone humide en raison des fortes pluies du week-end, elle n'a pas hésité à se jeter à l'eau pour prélever de précieuses graines. Une récolte qui n'est pas autorisée pour tout le monde.

"C'est une récolte très réglementée" explique Bertille Asset.

"La plante est protégée. Pas plus de 20% de prélèvement et a effectuer sur différents endroits de la zone. Il faut que les capsules qui contiennent les graines soient bien mures et sèches avant leur congélation pour pouvoir les conserver dans nos collections de semences à Bailleul."

Depuis plus de 30 ans, toute la flore du territoire des Hauts-de-France et de l’ex Haute-Normandie est inventoriée par les équipes du CBN. Un travail sans cesse affiné de plus de 1 500 espèces de plantes et qui vient d'être mis à jour avec cette nouvelle récolte du Millepertuis des marais de Wimereux.

"C'est un petit patrimoine qui s'ajoute à nos collections" précise Bertille Asset." Si besoin, ces graines pourront être ressorties pour ressemer du millepertuis des marais dans la nature. Cette plante a toute sa place dans la chaîne écologique, elle est sans doute importante pour certains insectes, par son nectar, son pollen, elle doit donc être préservée au même titre que nos églises ou nos tableaux !"

Avec la redécouverte de ce petit trésor de botanique, c'est le travail de toute une équipe de naturalistes qui a payé et qui redonne espoir pour d'autres espèces en voie de disparition.

"Oui, c'est formidable de voir s'épanouir ici le Millepertuis des marais" sourit Julie Robillard. "Des années de travail pour permettre à une si petite plante de revenir, c'est vraiment une grande fierté pour toute l'équipe du Parc Naturel Régional des Caps et marais d'opale !"