La sécheresse s’invite désormais tous les étés en Picardie au grand dam des agriculteurs et des éleveurs. Le secteur fait état d’une situation particulièrement inquiétante.
"La situation est grave", lâche dépité Régis Desrumaux à l’autre bout du fil. Pour cet agriculteur à Offoy et président de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles de l'Oise, la situation est alarmante bien que pas nouvelle.
On va rencontrer le sous-préfet pour discuter de tout ça. La situation est très inquiétante que ce soit pour les cultures ou pour les animaux. D’autant que, dans le département, il y a des endroits qui n’ont pas eu d’eau déjà au printemps.
La sécheresse attendue avait en effet poussé la préfecture de l’Oise à mettre en place dès juin des mesures de restrictions d’eau. Une initiative qui n’a pas suffi. "Les récoltes d’octobre, betteraves et maïs notamment, sont en grande difficulté, constate Régis Desrumaux. Les animaux n’ont quasiment rien à se mettre sous la dent en prairie donc les éleveurs sont obligés de les nourrir et de puiser dans leurs stocks. C’est une situation grave, un peu comme l’an dernier. Mais l’enchaînement de deux telles années pourrait être terrible", prévient-il.
Les agriculteurs puisent déjà dans les stocks hivernaux
Si elle ne faisait pas partie des départements à risque identifiés par le comité national de l’eau le 15 mai dernier, au contraire de ses compères de l’Aisne et l’Oise, la Somme connait elle aussi de grandes difficultés.? Le ministère de l'@Ecologie_Gouv a publié une carte mettant en évidence un risque de sécheresse sur plus de la moitié des départements français. L'est est le plus menacé. ➡ https://t.co/0OFAJ0f8NQ pic.twitter.com/ZqQkn75YSF
— Guillaume Séchet (@Meteovilles) May 20, 2020
"Pour l'instant, j'arrive à nourrir mes vaches parce qu’il me reste un petit peu de stock... Il s'amenuise de jour en jour, mais on garde l'espoir que la pluviométrie arrive enfin", soutient Edouard Brunet, président des jeunes agriculteurs de la Somme.
L’exploitant agricole de 28 ans est obligé d’engager des frais supplémentaires se chiffrant à plusieurs milliers d’euros en utilisant des céréales, mais aussi du foin, habituellement utilisés en hiver pour nourrir ses bêtes.
"On a épuisé une bonne partie des stocks qui nous restaient de l'année dernière et on puise déjà tout doucement dans le stock qu’on est en train de faire pour l'année prochaine... C’est contraignant que ce soit financièrement, physiquement et moralement. Il faut garder espoir, s'appuyer sur nos collègues céréaliers, ou éleveurs des alentours dans ces moments difficiles", conclue-t-il.