Les tirailleurs sénégalais ont pris une part active à la bataille du Chemin des Dames. Leur sacrifice a inspiré un texte poétique à notre journaliste passionné d'histoire, Jean-Paul Delance.
Au début de la guerre, ces unités créées sous le Second Empire provenaient des six colonies de l'Afrique Occidentale Française. Les régiment coloniaux étaient incorporés dans la VIe armée commandée par le général Mangin. Il se rendit célèbre par la rédaction d'un livre qui suscita beaucoup de polémiques en préconisant de puiser dans le "réservoir humain" des colonies africaines en cas de conflit majeur : La Force Noire.
Les batailles de Verdun et de la Somme ont accéléré la venue massive des tirailleurs sur le continent. 16 000 prirent position dans les tranchés le 16 avril pour l'offensive du Chemin des Dames. La neige tombait, ils avancèrent les premiers sur la pente, arrosés de tirs ennemis, dans la boue et le froid. Le soir même, 1 400 tirailleurs étaient morts, 7 000 à la fin des combats.
En hommage à ces combattants d'Afrique, voici le texte poétique de Jean-Paul Delance inspiré de leur sacrifice.
Chemin des Drames
La neige tombait drue, le vent soufflait du NordEux ne s'en souciaient plus… ils étaient déjà morts
Ils venaient d'Abidjan, Dakar ou Bamako
Laissant loin leurs villages, leurs familles, leurs troupeaux
La Patrie menacée par l'Empire Germanique
Avait eu grand besoin de ses soldats d'Afrique
Débiteurs des "bienfaits" apportés par les Blancs
Elle entendait qu'ils payent un jour l'impôt du Sang
À la veille de la guerre, le général Mangin
Avait écrit un livre qui scellait leur destin
Titré "La Force Noire", il conseillait l'envoi
De milliers d'hommes jeunes parlant le Bambara
Sur nos champs de batailles, face à nos ennemis
Il fallait bien qu'ils viennent pour épargner nos vies
En guise de récompense, la France, pour tout cadeau
N'a su que leur offrir la Mort sur un plateau
Aussi, avant l'assaut, marque d'honneur insigne
On avait bien pris soin qu'ils soient en première ligne
Pourtant c'est sans faiblir qu'ils grimpent avec courage
Ce méchant raidillon qui verra leur carnage
Pour notre Liberté, ils ont perdu leurs Âmes
Jamais ne reviendront de ce Chemin des Dames...
Les armes se sont tues et l'herbe a reverdi
Nourris par votre sang, les pommiers ont fleuri
Qui peut croire aujourd'hui, que ces coteaux naguère
Ont dévoré vos corps, sinistres ossuaires
Fantômes, Vous marchez en cohortes funèbres
Parmi l'obscure Nuit, flambeaux de nos ténèbres
Astres de nos Esprits, éternelle Lueur
Jamais je n'oublierai nos Braves Tirailleurs
Jean-Paul DELANCE
11 Avril 2017