Fin des néonicotinoïdes : les betteraviers craignent la baisse de rendement, des alternatives sont possibles

Après deux ans de dérogations, la Cour de justice de l'Union Européenne a mis fin, jeudi 19 janvier 2023, à l'utilisation des insecticides néonicotinoïdes. Ces pesticides sauvegardaient, jusque là, la filière betteravière française contre la maladie de la jaunisse transmise par les pucerons.

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La décision de la Cour de justice de l'Union européenne est sans appel. Le jeudi 19 janvier, les néonicotinoïdes, aussi connus sous le surnom de "tueurs d'abeilles", ont été interdits d'utilisation après deux ans de dérogations. Si les betteraviers ont recours à cet insecticide sous forme de semences enrobées, c'est pour protéger leurs plantations des maladies ravageuses, comme la jaunisse. 

La juridiction juge illégales les autorisations accordées aux États membres de l'Union Européenne. Ces insecticides sont en principe interdits depuis 2018 en France. Le couperet est tombé. Le ministre de l'Agriculture, Marc Fesnau, espérait pourtant prolonger son autorisation en France pour 2023. Il l'avait même annoncé le 8 décembre dernier.

Baisse de rendement redouté 

la France est le plus gros producteur de sucre de betterave en Europe. Dès lors, la décision de la CJUE est perçue  "brutalement et avec sidération" par Olivier Brasset, de la Confédération des planteurs de betteraves. Elle pourrait être lourdes de conséquences.  "On pensait avoir une dérogation supplémentaire pour 2023, avoue-t-il. On doit s'attendre à une réduction de la surface de production dès cette année, les territoires les plus impactés seront au sud de l'Aisne et au sud de l'Oise", présage-t-il.

Selon Olivier Brasset, les agriculteurs risquent jusqu'à 30 % de baisse de rendement. Il craint un scénario similaire à celui de 2020 : "Un printemps précoce, chaud, une invasion des pucerons sur une jeune culture de betteraves et deux mois après on avait des premiers symptômes de jaunisse. L'année 2020 a été catastrophique", se désole-t-il encore. 

Dans un communiqué, Alain Carre, président de l'Association interprofessionnelle de la betterave et du sucre (AIBS) fait part de l'urgence de la situation. L'AIBS se presse à "analyser dans ce nouveau contexte toutes solutions palliatives à l'aube des semis de campagne 2023-2024". 

Des alternatives existent

De son côté, la confédération paysanne, elle, se satisfait de la décision européenne. Son porte-parole dans la Somme, Vincent Chombart souligne "la juste application d'une décision prise il y a deux ans, que la France a interprété sous la pression des betteraviers", juge-t-il. Même s'il reconnait "la catastrophe pour les planteurs", Vincent Chombart estime que "tant qu'il n'y a pas de pucerons, je ne vois pas pourquoi on devrait appliquer des produits chimiques."

Pour préserver la filière sucre, pan de l'industrie picarde, l'agence nationale pour la sécurité sanitaire (ANSES) avait identifié 22 alternatives aux néonicotinoïdes dont "la plupart ont des efficacités correctes". À court terme, les phytopharmaceutiques de synthèse évalués restent toutefois les solutions privilégiées par l'Anses pour remplacer les néonicotinoïdes. 

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