Des taux anormaux de pesticides ont été détectés dans l'eau du robinet de neuf communes des Hauts-de-France, selon un bilan provisoire d'analyses, nécessitant des restrictions de consommation ou l'exploitation de sources alternatives, a indiqué mercredi 9 novembre l'Agence régionale de santé.
L'ARS des Hauts-de-France avait lancé en septembre une surveillance renforcée de la concentration dans l'eau de 45 communes de métabolites de chloridazone, un sous-produit de la chloridazone, pesticide principalement utilisé dans la culture des betteraves jusqu'en 2020.
Dans ces 45 communes, dont 39 situées dans l'Aisne, des niveaux parfois supérieurs au seuil transitoire de 3μg/L, déterminé mi-juin par le ministère de la Santé, avaient été mis en évidence.
Les prélèvements réalisés depuis ont révélé que la valeur moyenne dépassait le seuil transitoire dans deux communes de la Somme, quatre de l'Oise, et trois de l'Aisne, selon l'ARS. Pour ce dernier département, les résultats sont encore partiels, des prélèvements restant en cours d'analyse mercredi.
Dans l'Oise "des restrictions de consommation devraient être prononcées très prochainement par la préfecture", écrit l'ARS. La commune de Mont-l'Evêque a "dès à présent organisé la distribution d'eau embouteillée auprès de ses usagers".
Dans les deux communes de la Somme, des "travaux de raccordement à une nouvelle ressource" seront menés pour permettre dans les prochains jours "la distribution d'une eau conforme à la valeur sanitaire transitoire". Dans l'Aisne, la préfecture va évaluer "la nécessité de prononcer une restriction de consommation", ajoute l'ARS.
65% des habitants de la région ont reçu, régulièrement ou épisodiquement, une eau non conforme aux critères de qualité
L'ARS avait précisé en septembre que ces contrôles, prévus par la réglementation européenne, répondent à un "principe de précaution", l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) ayant en 2007 "écarté un risque pour la santé humaine associé" à ces métabolites.
Le géant allemand de la chimie BASF, qui a découvert en 1960 la chloridazone, avait pour sa part assuré que les résidus de ce pesticide dans l'eau du robinet ne présentaient pas de danger pour la santé.
Dans un rapport rendu public mercredi 9 novembre, le Ceser des Hauts-de-France souligne qu'"en 2021, 20% des Français et 65% des habitants" de la région "ont reçu au robinet, régulièrement ou épisodiquement, une eau non conforme aux critères de qualité en raison de la présence de molécules de produits phytosanitaires".
"La détérioration s'accentue de manière rapide", alerte cet organe consultatif, réunissant des représentants de la société civile.
Avec AFP