Ryanair affiche sa très bonne santé financière avec un résultat net annuel annoncé entre 840 et 850 millions d'euros. L'aéroport de Beauvais peut se satisfaire pour son principal client, mais rappelons que les subventions publiques au profit de la compagnie low-cost ont été alignées depuis 15 ans.
La compagnie aérienne low-cost Ryanair a encore relevé lundi 2 février sa prévision de bénéfice net annuel. Pour la période du 1er avril 2014 au 31 mars 2015, le groupe irlandais table désormais sur un résultat net annuel compris entre 840 et 850 millions d'euros contre un bénéfice compris entre 810 et 830 millions d'euros jusque-là.
"Notre trafic pour l'ensemble de l'année va augmenter pour dépasser les 90 millions de passagers et notre taux de remplissage va atteindre 87%", a expliqué Ryanair. La compagnie a ajouté qu'au seul quatrième trimestre (période janvier-mars), son trafic devrait bondir de 25%.
Elle a ajouté que ses comptes bénéficieraient quelque peu en outre de la chute des prix du pétrole, qui ont plongé de 60% depuis le mois de juin, ce qui réduit sa facture en kérosène. Ce facteur favorable, cumulé à un taux de remplissage plus élevé, devrait lui permettre de réduire de 5% le coût de transport moyen d'un passager.
Beauvais heureux ou berné ?
La société représente environ 75% du trafic de l'aéroport de Beauvais Tillé, dans l'Oise, seule base de Ryanair proche de Paris. La bonne santé de la compagnie est donc un signe positif pour l'activité locale.
Mais d'aucun peut avoir une vision amère de cette nouvelle. Comme l'avait révélé l'hebdomadaire Marianne en décembre dernier, la collectivité a beaucoup donné à RyanAir. Entre 2001 et 2010, 11.5 millions d'euros d'argent public ont été versés par la CCI de Beauvais (chambre de commerce et d'industrie) à la compagnie low-coast, pour l'aider à rester sur place. La facture actuelle n'est pas connue, mais pendant cette décennie, elle augmentait chaque année.
Le public pourrait espérer un juste retour des choses. Hélas, le groupe irlandais n'envisage pour le moment que de récompenser ses actionnaires : un dividende spécial de 0,375 euro par action leur sera versé le 27 février (pour un total de 520 millions d'euros) et la compagnie va racheter pour 400 millions d'euros d'action sur une période de six mois.
Et encore... Ryanair a souhaité dans le même temps "tempérer les attentes" pour l'exercice 2015-2016, estimant que la compagnie pourrait souffrir de la concurrence qui baissera ses tarifs du fait de la chute des cours du baril. A cette lumière, l'action du groupe chutait de 4,1% à 9,97 euros à Dublin vers 10h00 GMT.
De chiffres aguicheurs
Lors du seul troisième trimestre de son exercice (octobre-décembre), le chiffre d'affaires de Ryanair a bondi de 17%, à 1,132 milliard d'euros, dopé par une progression à peu près équivalente de son nombre de passagers transportés. Son résultat net est repassé dans le même temps dans le vert, affichant un bénéfice de 49 millions d'euros contre une perte de 35 millions l'an passé.La compagnie compte dépasser le cap des 100 millions de passagers annuels dès l'exercice prochain et a pour ambition d'atteindre les 160 millions d'ici à 2024.
La compagnie a expliqué par ailleurs n'avoir été à ce stade l'objet "d'aucune approche formelle" de la part du groupe International Airlines Group (IAG) (compagnies British Airways et Iberia) qui veut racheter une autre compagnie irlandaise, Aer Lingus, dont Ryanair est le premier actionnaire (29,8% du capital).
"Le conseil d'administration de Ryanair étudiera avec attention toute offre, s'il en reçoit une, d'IAG ou d'une autre partie, le moment venu", a répété la compagnie à ce sujet. Le conseil d'administration d'Aer Lingus s'est dit près à recommander un rachat par IAG à 2,50 euros par action plus un dividende de 5 centimes, soit environ 1,35 milliard d'euros au total. Ryanair a échoué par trois fois à racheter Aer Lingus dans le passé, sa dernière tentative s'étant heurtée à un veto de la Commission européenne.