L’histoire l’a oublié, pourtant, après la guerre, ses livres ont fait scandale, provoquant la fureur des officiers. Jean de Pierrefeu était chargé de rédiger le communiqué. Ce récit quotidien des combats était transmis à la presse et placardé dans les villes et les villages.
Qui était Jean de Pierrefeu?
Blessé, Jean de Pierrefeu ne peut plus combattre. L’armée utilise la plume allègre de ce journaliste, au sein de la section d’information. Il faut donner confiance au pays. Pierrefeu n’oubliera jamais son premier communiqué, en novembre 1915. Sueurs froides : ne pas confondre Vosges et Alsace, Artois et Picardie; Résumer les bombardements en évitant la monotonie, mais quand il transmet la trentaine de lignes au major général Pellé, celui-ci supprime tout et écrit « Rien à signaler sur l’ensemble du front »!
Une méfiance partagée
Pierrefeu est le loup dans la bergerie. L’œil grand ouvert, le journaliste note les tics et faiblesses des officiers qui pensent d’abord à leur carrière. Les brevetés de l’école de guerre sont dans sa ligne de mire. Il les juge incapables de s’adapter à cette guerre nouvelle. Le cran, l’audace leur tiennent lieu de stratégie. « Dans toute cervelle militaire une croyance ferme existe, à savoir qu’un breveté est apte à remplir tous les emplois ».Chantilly, Beauvais, Compiègne, Pierrefeu est de tous les déménagements et il côtoie les grands chefs qui se succèdent au GQG : Joffre le mutique, Nivelle l’inquiet, Pétain le prudent, son héros.
Celui-ci ajoutera ce commentaire au dernier communiqué, écrit le 11 novembre 1918. « Fermé pour cause de victoire »