Un uniforme aux couleurs éclatantes. Une selle arabe. C'est tout l'univers des Spahis. Ces cavaliers accourus d'Algérie et du Maroc pour secourir la France. Un poème d'époque leur rend un hommage lyrique. « Ils frappent sans merci, les Spahis en fureur. De même que l'acier, leur âme est bien trempée. Et leur charge fougueuse a brisé votre épée. » La réalité est plus subtile. Le front de l'ouest n'était pas fait pour les cavaliers. Les Spahis se sont adaptés.
Pour survivre, il faut se fondre dans le paysage. Le boléro rouge est remplacé par une tenue kaki, comme celle-ci. Les hommes conservent leur coiffe traditionnelle. Ils gardent aussi leurs chevaux, mais le temps des charges est vite passé. Après la course à la mer, les Spahis mettent pied à terre, et se forment à la guerre de tranchées. Ils participent à des coups de main, des embuscades nocturnes, convoient les prisonniers.
Ces troupes exotiques intéressent la presse. Les envoyés spéciaux saluent les fiers enfants du bled. « Le sous-officier est bien campé sur son petit cheval arabe qui l'aime tant. Dans les sables de la côte, nos Spahis se sont retrouvés un peu chez eux, le soleil en moins. » Le petit-fils d'Abd-El-Kader fait la une. Il a choisi l'uniforme français.
Les Spahis servent des deux côtés de la Méditerranée.Il faut surveiller les tribus arabes qui se rebellent. Ils retrouvent le goût des chevauchées dans les Balkans et prennent Skopje. Le premier régiment de Spahis marocains est l'unité de cavalerie la plus décorée de l'armée. Le 14 juillet 1919, les Spahis participent au défilé de la Victoire sur les Champs Elysées.