La cour d'assises de Paris a condamné vendredi Eric Steger et El Hadi Ghariani respectivement à 19 et 17 ans de réclusion criminelle pour l'assassinat en 2003 0 St-Leu d'Esserent dans l'Oise de Thierry Saman, un malfrat lié au grand banditisme qui était aussi un indicateur de police.
La cour a en revanche acquitté le troisième accusé, Thierry Romero, qui était poursuivi pour "complicité".
L'avocate générale, Maryvonne Caillibotte, avait requis une peine de 25 ans à l'encontre d'Eric Steger et de 20 ans contre El Hadi Ghariani, estimant que si les deux hommes étaient bien "co-auteurs" de l'assassinat, Steger avait de surcroît été déjà condamné pour assassinat dans une autre affaire.
Quant au 3ème accusé, Thierry Romero, la magistrate avait dit "sa conviction personnelle" de son implication, tout en reconnaissant qu'elle manquait "d'éléments
matériels" pour demander sa condamnation. Les avocats des 3 accusés avaient plaidé leur acquittement en soulignant une absence de preuves matérielles et de certitude sur leur culpabilité. Les 3 hommes étaient passibles de la réclusion criminelle à perpétuité.
Les restes du corps de Thierry Saman avaient été découverts le 7 novembre 2008 dans une voiture calcinée dissimulée au fond d'une carrière souterraine dans l'Oise.
L'homme, disparu en janvier 2003, fréquentait le milieu des braqueurs de fourgons blindés tout en étant un informateur de la police.
Les accusés ont été mis en cause par des témoignages anonymes et par 2 de leurs comparses aujourd'hui décédés, Joël Chapat et, surtout Louis Guillaud, dit Loulou
la Carpe, figure du milieu. Ce dernier avait expliqué avoir été présent lors de l'exécution et servi d'appât pour endormir la méfiance de Saman, qui le respectait. Il affirmait qu'il s'agissait au départ de "corriger" un indicateur de police, avant que les choses ne dégénèrent.
Louis Guillaud s'était suicidé en décembre 2008, à 78 ans, après avoir tué son gendre alcoolique parce qu'il maltraitait sa fille handicapée.
Pour l'avocate générale, "les déclarations" de Guillaud ne "pouvaient être écartées, même s'il a varié et sans doute minimisé son rôle". Mais, il ne fallait pas pour autant en faire "la clef de voûte du dossier" dont "l'ossature" reposait, selon elle, sur des renseignements anonymes parvenus aux enquêteurs en juin 2005. Un informateur avait confié aux enquêteurs que Saman avait été enlevé et assassiné par des voyous qui le soupçonnaient d'avoir renseigné la police sur la préparation d'un vol à main armée. Plusieurs noms, dont ceux de Steger, Ghariani, Romero et Guillaud, avaient été cités.
Contre Steger, l'avocate générale avait également retenu sa connaissance des lieux où le corps a été découvert et les traces du sang de la victime, retrouvées sur
le siège passager d'une Audi dissimulée dans un box qu'il louait. Pour l'avocate générale, "Ghariani a fait le lien" avec la victime.
"C'est un procès où l'on convoque les morts et les témoins anonymes" pour "tripatouiller un dossier", avait dénoncé Me Agnès Moron, avocate de Steger. "Quand on est acculé par les accusations, on a intérêt à lâcher un peu de lest", avait avancé Me Philippe Dehapiot, avocat de Ghariani, suggérant que Guillaud avait pu charger les accusés pour tenter de s'en sortir.