Avec 42,73% des suffrages exprimés, Eric Ciotti arrive en tête du 1er tour de l'élection du président des Républicains devant Bruno Retailleau (34,45%) et Aurélien Pradié (22,29%). E. Ciotti et B. Retailleau sont qualifiés pour le second tour. Les soutiens d'Aurélien Pradié sont en position de faiseur de roi.
Certains observateurs annonçaient une victoire dès le premier tour d'Eric Ciotti, finalement en ballotage favorable pour le second tour.
Les électeurs de Pradié courtisés
Un résultat en demi-teinte dont ne prend pas ombrage Arnaud Dumontier, maire de Pont-Sainte-Maxence dans l'Oise, soutien du député des Alpes-Maritimes : "L'important, c'est toujours de gagner au premier ou au second tour. J'appelle les électeurs d'Aurélien Pradié à voter Ciotti, il faut lui donner une belle victoire".
Le jeune député du Lot, représentant d'une droite sociale, serait pourtant plus proche de Bruno Retailleau, selon la sénatrice de l'Aisne Pascale Gruny : "Il est social et soutenu par Xavier Bertrand [président du Conseil régional des Hauts-de-France]. La logique serait d'annoncer son soutien à Retailleau qui est régulièrement soutenu par les centristes au Sénat", analyse la vice-présidente de la Haute assemblée.
Eric Ciotti à l'inverse, "est quand même bien à droite, il avait dit être susceptible de voter pour Zemmour [au second tour de l'élection présidentielle]".
Vu comment ils nous ont craché au visage, ils vont devoir ramer pour récupérer nos votes.
Julien Dive, député de l'Aisne et soutien d'Aurélien Pradié
Un appel du pied qui laisse de marbre le député pradiéiste de l'Aisne Julien Dive : "Vu comment ils nous ont craché au visage, ils vont devoir ramer [pour récupérer nos votes]", en faisant référence à des banderilles plantées selon lui dans le dos d'Aurélien Pradié par des porte-parole de Bruno Retailleau pendant la campagne. L'ancien maire d'Itancourt près de Saint-Quentin ne donnera pas de consigne de vote aux militants.
Malgré tout, la campagne du premier tour s'est déroulée dans un contexte relativement cordial et maîtrisé, loin de la guerre de tranchées entre Jean-François Copé et François Fillon en 2012. Arnaud Dumontier nous assure avoir "découvert ces dernières semaines avec satisfaction Retailleau et Pradié" et appelle à voir au-delà de ce scrutin : "Ce n'est pas l'élection du siècle ! On a besoin de remettre le parti au travail, ce qui n'a pas été fait depuis 2012".
L'avenir du parti en question
Rappelant que "la grande force de notre parti l'UMP était de faire vivre différentes sensibilités", Arnaud Dumontier réaffirme son souhait de voir Xavier Bertrand (soutien d'Aurélien Pradié) représenter la droite à la présidentielle de 2027.
"Nous n'en sommes pas là", le contredit Philippe Marini, également soutien d'Eric Ciotti. Selon le maire de Compiègne, "ce scrutin doit permettre de fixer une ligne stratégique et de faire un effort de clarification sur les rapports entre le parti et les groupes parlementaires".
Moins confiant dans l'avenir des Républicains ("Aurélien Pradié était le seul avec des propositions rafraîchissantes"), Julien Dive imagine déjà une nouvelle défaite de son camp aux élections européennes de 2024 : "Appliqueront-ils la jurisprudence Wauquiez ?" Lors du précédent scrutin européen en 2019, Laurent Wauquiez avait démissionné de la présidence des Républicains après le naufrage de la liste de l'Union de la droite et du centre.
D'ici là, les 91 110 adhérents du parti sont appelés à voter lors du second tour les 10 et 11 décembre prochain.