Un arrêté du ministère de la transition écologique a prolongé la chasse à l'oie cendree. Celle-ci se termine normalement fin janvier. Jusqu'à présent, la chasse à l'oie cendrée après sa date de fermeture était tolérée mais pas officielle.
En signant l'arrêté prolongeant la chasse aux oies cendrées d'un mois, François de Rugy, le ministre de la transition écologique et solidaire a tenu la promesse faite par Emmanuel Macron aux chasseurs. Le jeudi 15 février dernier, le président de la République a rencontré WiIlly Schraen, le président de la Fédération Nationale des Chasseurs, pour discuter des réformes de la chasse. Il avait alors promis que la chasse aux oies cendrées, pratiquée en Picardie, pourrait être prolongée sur dérogation. Dans un communiqué, Willy Schraen avait évoqué d'un "échange extrêmement cordial et constructif" avec le Président de la République.
Un quota de 4.000 oies cendrées
L'arrêté publié jeudi au JO, qui entrera en vigueur vendredi, prévoit un quota pour tuer 4.000 oies en février dans tout l'Hexagone, sauf l'Alsace. Tout chasseur ayant prélevé une oie cendrée devra l'enregistrer via une application dédiée.
Le ministère de la Transition écologique fait valoir dans l'arrêté que "l'oie cendrée est une espèce dont l'état de conservation est très favorable" au niveau européen et qu'elle cause des dégâts - c'est notamment le cas dans des cultures aux Pays-Bas -, alors qu'un plan de gestion international de l'espèce a été adopté en décembre. Sa population totale est estimée à un million à l'échelle du continent.
L'arrêté prévoit également de repousser "la date de fermeture de la chasse de l'oie des moissons et de l'oie rieuse (...) au 10 février".
Prolongée sur dérogation
Jusqu'ici, cette chasse est interdite à partir du 31 janvier à minuit. Mais Emmanuel Macron avait promis au président de la Fédération Nationale des Chasseurs de la rendre possible, sur dérogation, jusqu'à la fin du mois de février. Et ce, dés 2019.
C'est ce que demandaient les chasseurs depuis longtemps, mais ça pourrait ne pas plaire au ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot, qui prévoyait de demander aux chasseurs des contreparties pour leur accorder cette mesure.
Un pas de plus vers les chasseurs
Emmanuel Macron avait également échangé avec Willy Schraen sur les réformes à venir dans le monde de la chasse comme celle du permis à 200 euros ou l'implication de la chasse "au coeur des politiques biodiversité et ruralité" du gouvernement. La Fédération estime donc que "Macron réaffirme son soutien aux chasseurs". Un avis partagé par les militants anti-chasse, qui réagissent sur les réseaux sociaux.
Et pendant ce temps là, 84% des Français se déclarent opposés à la chasse à courre.https://t.co/ucJQb51f4f
— Parti animaliste (@PartiAnimaliste) 16 février 2018
Jeudi, @EmmanuelMacron (conseillé par Thierry Coste lobbyiste de la chasse et des armes à feu) reçoit @WillySchraen en guerre contre les défenseurs des animaux et pour le droit de flinguer à tout-va... @N_Hulot sortira-t-il enfin de sa torpeur coupable ? https://t.co/DBVQjPNeTx
— FONDATION B. BARDOT (@FBB_PORTEPAROLE) 14 février 2018
Recours de la LPO
La Ligue de protection des oiseaux (LPO) a immédiatement annoncé avoir déposé deux recours devant le Conseil d'État contre cet arrêté, "l'un visant son annulation et l'autre, plus urgent, demandant sa suspension immédiate". Elle dénonce "le cadeau de trop fait aux chasseurs après la réduction du prix du permis national" ou encore les "piégeages traditionnels" comme la chasse à la glu, alors même que "la France prétend être exemplaire en termes de biodiversité", selon un communiqué.
L'association fait valoir que "les chasseurs sont bien incapables de distinguer les trois espèces d'oies après le 10 février" alors que la chasse se fait à la nuit tombée et que cette activité peut perturber d'autres espèces.
Où voir des oies cendrées en Picardie ?
D'après Picardie Nature, dans la région, on rencontre des nicheuses d'Islande et de Scandinavie, ainsi que des oies cendrées d'élevage qui ont repris leur liberté. Elles survolent la région à l'automne, par groupe allant de quelques dizaines à plusieurs centaines d'oiseaux.Sinon, l'espèce peut être observée en Baie de Somme, dans le Parc du Marquenterre. D'après l'association, "la chasse intense qui se pratique en Picardie empêche toute nidification en dehors du site protégé de la réserve naturelle."