Parmi les 29 fermes géantes identifiées en France par la Confédération paysanne, quatre se situent en Picardie. Avec « la ferme des 1000 vaches », la région est devenue le symbole du développement de cette agriculture d'un nouveau genre. Un modèle ou une dérive de l'industrialisation ?
La « ferme des 1000 vaches » à Drucat (80), celle des 250 000 poules pondeuses à Doullens (80), celle des 3000 porcs à Loueuse (60) ou encore l'engraissement de 1500 taurillons dans une ferme de Landifay-et-Bertaignemont (02), petit à petit la carte de Picardie se remplit de projets à grande échelle.
Fermement opposés à ces "fermes-usines", la Confédération paysanne dénonce entre autres "l'ultra-spécialisation" de ce type d'agriculture et l'arrivée d'investisseurs extérieurs dans les exploitations.
Pour certains agriculteurs, cette production en masse est cependant d'une nécessité pour survivre face à la concurrence. Dès 2013, Pascal Lemaire annonçait son intention de développer un poulailler avec 250 000 poules pondeuses dans la Somme.
Nous sommes obligés de faire un projet de cette grandeur là pour limiter les coûts et sortir un oeuf moins cher que ce que l'on sort aujourd'hui en plein air."
Les nouveaux agriculteurs "entrepreneurs" plaident donc la légitime défense face à la concurrence sur le marché mondial et l'effondrement des prix. L'oeuf, qui coûtait 2 € le kilo en 2012, est tombé à 50 centimes en 2013, avant de se stabiliser aujourd'hui à 1 € le kilo. La tendance est la même pour le prix du porc, en chute libre depuis quatre ans.
La solution pour ne pas faire partie des 200 exploitations qui disparaissent chaque semaine ? Développer le bio, l'agriculture privilégiée par la PAC 2014-2020 et dont le marché se porte plutôt bien ou développer la production de masse pour baisser les prix et attirer le consommateur.