Dans cette circonscription réputée imprenable par la droite, l'extrême droite a récolté 42,46% au 2nd tour de la présidentille. Face au ras-le-bol lié au climat social délétère, la droite comme la gauche ont un objectif en commun : contrer le FN, quitte à faire valser les étiquettes.
Continental, Call Expert, Whirlpool... Les dossiers sociaux ne manquent pas dans la Somme. Et s'il y a bien un candidat qui en a fait son cheval de bataille, c'est François Ruffin. L'ancien journaliste et réalisateur du documentaire satirique "Merci Patron" est un peu "le" candidat de la gauche. Depuis le lancement de sa campagne en février dernier, il a reçu le soutien du PCF, de la France Insoumise, d'"Ensemble" et d'EELV.
Mais il faut garder en tête que lors de l'élection présidentielle, le FN a obtenu au 2nd tour dans cette circonscription 42,46% des suffrages exprimés. Un score jamais atteint qui témoigne d'un ras-le-bol généralisé des ouvriers mais aussi des agriculteurs. Face au candidat FN, le parachuté Franck de Lapersonne, la droite comme la gauche ont un objectif en commun : faire perdre l'extrême droite.
Stéphane Decayeux, "l'homme de terrain"
Stéphane Decayeux, investi LR qui représente également le centre avec sa suppléante UDI Valérie Devaux, se positionne comme un "candidat de la société civile". S'il conserve son étiquette politique, il souhaite donner une majorité au gouvernement d’Emmanuel Macron. "Les bonnes réformes je les voterai, les mauvaises je m’y opposerai fermement en gardant mes valeurs", nous confie-t-il.
Le candidat investi LR rejoint le président sur la réforme de l’Etat, du code du travail et du secteur de l’éducation : "Najat Vallaud Belkacem a détruit l’école sur un certain nombre de sujets" . Stéphane Decayeux se veut être un homme de terrain et base sa légitimité sur son statut de chef d’une entreprise de 450 salariés. "Je veux être l’avocat de mon territoire", déclare-t-il.
Son ambition, contrer le Front National : "l’extrême droite, c'est de l’incantation mais ça n’apporte pas de solution", selon lui.
Nicolas Dumont, du PS à la République en Marche
Une ambition partagée par Nicolas Dumont, maire PS d'Abbeville, candidat investi par la République En Marche. Ce dernier s’est mis en retrait du Parti socialiste en mars dernier, annonçant qu’il se tournait officiellement vers Emmanuel Macron.
Pour lui, "la candidature d’Emmanuel Macron marque une rupture générationnelle et représente l’espoir d’un renouveau politique ambitieux et crédible dont a besoin notre pays."
Pour Nicolas Dumont, En Marche ! est "la seule alternative crédible à Marine Le Pen et François Fillon, dont les projets seraient catastrophiques pour nos concitoyens".
François Ruffin, le reporter infiltré
François Ruffin, qui base son programme sur le volet social, prétend incarner un rôle de député différent et jouer les "infiltrés" dans les hautes sphères de la politique ainsi que du patronat pour rapporter ce qui se passe "en bas", c’est-à-dire dans les établissements où les postes sont supprimés. "C’est déjà ce que je fais en tant que 'reporter', mais ma tâche serait facilité avec une écharpe tricolore", déclare-t-il.
Avec François Ruffin, c'est un nouveau type de député qui verrait le jour : il serait révocable et rémunéré au smic.
Franck De Lapersonne, de la Gauche au FN un choix pour défendre la souveraineté de la France
Pour Franck De Lapersonne, la bataille contre le Front National est une "bataille d'arrière-garde", d'après lui, les médias ont fait l'élection de monsieur Macron, pour l'ancien homme de gauche, "Mélenchon est un visionnaire qui a mis le doigt sur tous les problèmes, mais il n'apporte pas les solutions", par contre Marine Le Pen propose "les bonnes solutions", le candidat FN en est convaincu. Ses priorités s'il est élu seront les transports pour désenclaver les communes et la réindustrialisation.
Pascale Boistard, "la députée des Goodyear"
A peine ses cartons fermés, l'ex-secrétaire d'Etat aux personnes âgées de François Hollande est de retour sur ses terres d'adoption. Parachutée avec succès par le PS en 2012, élue avec près de 60% des voix, Pascale Boistard est candidate à sa propre succession. Son arme principale, la défense de son bilan.
"J'ai été la députée des Goodyear, j'ai été la députée qui a aussi permis d'avoir la première ZSP (Zone de sécurité propritaire de France) à Amiens nord, mais aussi sauver le lycée de Flixecourt et beaucoup d'autres choses. J'ai tenu à ce que ce département ne soit pas oublié, notamment pour les personnes âgées mais aussi pour les violences faites aux femmes", défend Mme Boistard.
L'emploi, une priorité
Créer de l'emploi ou conserver ceux qui risquent de disparaître, chacun sa méthode. Dans son tract, Stéphane Decayeux, lui prétend créer 2000 emplois. Sa solution, "libérer notre économie" et "remettre en place les conditions du développement économique"."Les députés votent avec discipline, en fonction des directives de leur parti, mais sans leur conscience individuelle", déclare François Ruffin. Pour lui, il faut uniformiser le traitement des auxiliaires de vie sociale ou encore des animateurs du périscolaire. "Dans le coin, les AVS sont très mal traitées, alors que c’est moins le cas en Gironde ; je voudrais uniformiser tout ça et leur donner un vrai statut"
Pour l’instant, 11 personnes sont candidates aux législatives pour la première circonscription de la Somme. Outre Stéphane Decayeux, François Ruffin, Pascale Boistard, Franck De Lapersonne et Nicolas Dumont, se présentent :
- Amal ASSAOUI (Lutte Ouvrière)
- Yvon FLAHAUT (Union Des Patriotes)
- Ricky MOURO (sans étiquette)
- Mai-Linh NGUYEN (Union Populaire Républicaine)
- Dominique REITZMAN (Parti Ouvrier Indépendant et Démocratique)
- Florient TRYOEN (Debout La France)
La première circonscription de la Somme, qui regroupait avant la réforme de 2012 Amiens II Nord-Ouest, Amiens IV Est, Amiens VIII Nord ainsi que Picquigny, s’est vu adjoindre les deux cantons ruraux d’Ailly-le-Clocher et Domart en-Ponthieu ainsi qu’Abbeville nord et sud passant de 95 650 habitants à 119 937 habitants.
Elle a longtemps été le fief du trublion du PCF Maxime Gremetz, qui ne s'est pas représenté en 2012. Et, fait notable, deux femmes sont élues députées: Pascale Boistard (PS) et Barbara Pompili (EELV). Cela n'était pas arrivé depuis 1978 et la communiste Chantal Leblanc, battue en 1981. Deux femmes de gauche, résultat de deux parachutages effectués dans de difficiles conditions à gauche, notamment pour la première.
Lors de la présidentielle de 2017, Emmanuel Macron a été crédité de 57,54% des voix contre 41,46% pour Marine Le Pen.