C'est le 2e clip du 5e album, Bal poussière, de Toma Sidibé. L'artiste, né en Côte d'Ivoire et élevé à Amiens, l'a tourné en partie dans la ville de son enfance. Afro-Picard raconte la Côte d'Ivoire et la Picardie, les endroits de coeur d'un homme chez qui ces deux mondes ont trouvé leur place.
Afro-picard... Le titre résume parfaitement le musicien Toma Sidibé : né Thomas Lambert en 1973 en Côte d'Ivoire, il a grandi à Amiens.Cette chanson rend hommage à l'alliance de ces deux mondes. Et le clip, à ces 2 endroits dans lesquels l'artiste a vécu et qui lui sont chers : il a été tourné en février à Abidjan en Côte d'Ivoire, et à Amiens au printemps dernier.
Diffusé à la télévision ivoirienne d'ici peu, le voici en exclusivité :
Une chanson écrite en 2010 en Côte d'Ivoire
Afro-picard est le deuxième titre du 5ème album de Toma Sidibé, Bal poussière, sorti il y a un an."Je ne me sens pas plus Africain que Picard, ni plus Picard qu'Africain. Je ne suis pas non plus moitié l'un, moitié l'autre. Cette chanson, ce n'est pas pour me donner une identité, une étiquette. C'est avant tout un hommage à mes 2 endroits de coeur"
À Amiens, Toma Sidibé rencontre pour la première fois la musique en apprenant la batterie. À 17 ans, il décide de repartir en Afrique et c'est au Mali que sa vie va prendre un tournant décisif : à Bamako, il fait la connaissance de Sega Sidibé, celui qu'il appelera son "papa du bled" jusqu'à son récent décès.
Sega Sidibé lui apprendra la maîtrise des instruments de musique africains dont le djembé et le bambara, l'une des langues du Mali. Il lui fera surtout découvrir l'humanité et la joie qui transpirent de la culture africaine.
Toma Sidibé a énormément voyagé, notamment en Afrique. Mais bizarrement, il n'était jamais retourné dans le pays qui l'a vu naître, la Côte d'Ivoire. Ce n'est qu'en 2010 qu'il respire à nouveau l'air d'Abidjan. C'est ce retour aux sources qui lui a donné l'idée, et l'envie, d'écrire Afro-picard.
"Il n'y a pas de vie"
Car, fortement impregné par le continent africain, Toma Sidibé ne renie pas son enfance picarde. D'abord parce qu'il y a toujours sa famille et ses amis à Amiens. Mais aussi parce que la Picardie lui a donné plus qu'il ne pourrait y paraître. Même si cela n'a pas été une évidence pour Toma Sidibé : après son départ pour l'Afrique, "les retours en France et surtout en Picardie étaient violents : j'étais tellement connecté avec l'Afrique que je ne voyais que les côtés négatifs de la Picardie. Quand je prenais la route entre Roissy et Amiens et qu'on traversait des villages, je trouvais dingue de ne voir personne dans les rues. Je me disais : c'est le désert, il n'y a pas de vie ici."Paradoxalement, c'est la communauté africaine d'Amiens qui va le reconcilier avec la Picardie. Notamment le milieu musical africain: "quand j'ai commencé à monter mes propres projets en musique, je me suis rendu compte que, finalement, en Picardie, les gens sont chouettes. Il y a une certaine froideur, c'est sûr, mais quand les portes s'ouvrent, on rencontre des gens vraiment chouettes", dit-il, visiblement sincère.
Brouiller les pistes
"Quand je repartais au Mali, j'emmenais du courrier ou des colis pour les familles restées au pays. Je faisais le facteur. J'étais comme un passeur. Et c'est comme ça que je me vois: je veux transmettre tout ce que l'Afrique m'a donné. Et le fait que je sois blanc, c'est peut-être plus facile: ça brouille les pistes. On veut toujours nous mettre dans des cases. Mais c'est bien de brouiller les pistes"Et la Picardie, finalement, il y revient toujours. Même s'il vit actuellement à Poitiers ! Son prochain disque sera un disque pour enfants - le 3ème avec Tom-Tom et Larazette et Le génie Donkili - issu d'un spectacle musical entièrement crée il y a 2 ans avec les habitants des villages du Clermontois, La brigade enchantée.
Chez Toma Sidibé, la Picardie et l'Afrique ont trouvé comment cohabiter avec bonheur. Un bonheur qui s'entend dans Afro-picard et qui se voit dans le clip: Toma Sidibé est heureux ici et là-bas. Il est heureux d'être d'ici et de là-bas. Et quand il vous parle, c'est vrai que, parfois, aux détours de certains mots, un reste d'accent picard se fait chaleureusement entendre !