Journaliste ou militant, François Ruffin ? Le fondateur du journal Fakir était l'invité de Cathy Colin, dans La Voix est Libre ce samedi qui l'a interrogé sur l'actualité sociale, le succès de son film "Merci Patron", le mouvement "Nuit Debout", la contestation de la Loi Travail.
Entretien à Libération et relecture
Récemment, Libération a publié un entretien avec François Ruffin. Cet article a été réécrit, puis critiqué par François Ruffin dans Fakir. Libération a alors publié un second article, intitulé "Réponse à François Ruffin sur les accusations de censure".
"J'ai demandé à réecrire le papier, et on m'a laissé le réecrire", commente François Ruffin. "Dans Libération, qui est un grand quotidien qui appartient à Patrick Drahi, on ne peut pas critiquer Patrick Drahi, et on ne peut pas citer Patrick Drahi. Les choses sont très simples, il suffirait que les journalistes les admettent avec cette banalité. Vous savez, vous ne trouverez pas dans Fakir un papier qui critique François Ruffin."
Le succès de "Merci patron" : information ou émotion ?
"À travers une histoire qu'on raconte, je pense qu'il y a plein d'informations qui surgissent. Y compris dans les affects, les émotions, les rires, la colère des gens. Même si nous sommes dans une société de l'hyper-communication, c'était un choc pour les spectateurs dans la salle d'entendre les Klur. C'est-à-dire des gens simplement licenciés de leur entreprise, qui sont au bord de perdre leur maison. C'est une parole extrêmement rare".
"Si j'ai fait du journalisme, ce n'est pas par hasard. C'était parce que je considérais que le monde n'était pas juste, et qu'il y avait un certain nombre de choses à changer, et que on ne pouvait pas changer cela dans le monde, si on ne le voyait pas, [...] s'il n'y avait pas la prise de conscience collective".
"L'un des problèmes de la gauche, c'est qu'elle est trop dans l'intellect, trop dans le concept. Je ne dis pas qu'il n'en faut pas, mais il n'est pas interdit non plus de passer par des affects. Pour mouvoir, il faut émouvoir."
Une future carrière en politique ?
"Aujourd'hui, on a une Assemblée Nationale d'où la majorité est exclue. C'est-à-dire que les ouvriers employés, qui constituent 50% de la population actives ne sont pas représentés". "Je suis partisan d'une parité sociale".
"Dans les manifestations, on voit les gens qui se bagarrent contre les flics. Pour moi, le flic n'est pas l'adversaire, le vrai adversaire, c'est la résignation, l'indifférence. [...] Le plus terrible aujourd'hui, c'est le sentiment d'impuissance, c'est que les gens se disent 'je ne peux plus rien faire pour améliorer ma situation ou celle du pays'. Il faut donner aux gens le sentiment qu'on peut remprendre notre destin commun en main."
"Cela fait déjà 16 ans que je fais de la politique, non pas sur le terrain, mais sur la bataille des idées." "Je n'exclus pas [de me présenter à une élection]. J'ai 40 ans, je sais qu'il y a une bataille à mener pour que les gens desespèrent moins, et si mener cette bataille passe plus directement par la politique, je ne dirais pas forcément non."
La Voix est Libre :"François Ruffin, journaliste ou militant ? " à revoir en intégralité dans la vidéo ci-dessous.
La voix est libre - Picardie