Installation d'Amazon à Boves : la CGT se réunit à Amiens pour évoquer les conditions de travail

Photo virtuelle du projet de Boves (80).
Interviewés : Jean-Luc Belpaume, CGT "privé d'emploi" d'Amiens; Gérald Defauquet, délégué syndical CGT Lille 1 Amazon; Alain Jeault, délégué syndical central CGT Amazon (siège). Reportage réalisé par Camille Di Crescenzo, Gérard Payen et Sylvie Huc

Avec la promesse de 500 emplois en CDI d'ici 2020, l'arrivée d'Amazon est une très bonne nouvelle pour les élus locaux. Certains syndicats, eux, sont beaucoup plus réservés. Les délégués CGT des quatre sites d'Amazon France sont réunis aujourd'hui à la bourse du travail d'Amiens.

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L'annonce a été faite en grande pompe en octobre dernier : Amazon s'installe dans la Somme, à Boves. La future plate-forme logistique du géant américain de la vente en ligne doit ouvrir d'ici un an, ce sera le cinquième centre de distribution en France et le plus grand avec ses 107.000 m².


Mais les syndicats se préparent dès maintenant. Les délégués CGT - le syndicat majoritaire - des sites d'Amazon en France se réunissent aujourd'hui à Amiens, pour "mieux appréhender les conditions de travail" au sein du géant américain de la vente en ligne, indique Jean-Luc Belpaume, représentant du syndicat CGT de la Somme. 500 CDI sont promis à Boves, ainsi que "des milliers d'emplois ponctuels pour les périodes des fêtes" selon Alain Gest, président d'Amiens métropole. Il avait assuré sur notre antenne que "Amazon prend soin de ses salariés" et que le salaire moyen y est "de 23% supérieur au Smic". 

"Qui viendrait se plaindre de voir des emplois être créés dans sa ville", a réagit sur notre antenne Jean-Luc Belpaume. Seulement, "dans quelles conditions ?" interrogent-t-il.

Les syndicats ont-ils raison de s'inquiéter ? Les méthodes managériales de l'entreprise sont vivement critiquées dans son pays natal, les Etats-Unis. Une longue enquête du New York Times faisait état de pratiques "agressives". Le Monde la relate en français et évoque une "entreprise régulée sciemment par le darwinisme, qui encourage la délation entre collègues, où compter ses heures est une mauvaise idée". Le patron, Jeff Bezos, ainsi que des employés, se sont empressés de réfuter ces allégations. "Je ne reconnais pas cet Amazon", a-t-il écrit dans un mail à ses employés.

500 CDI, mais à quel prix ?

En France, la situation est aussi mitigée. La CGT a déjà appelé à la grève en décembre 2014, mais sans grand succès. Les revendications du syndicat portent sur les salaires et les pauses. En Allemagne aussi, des mouvements de grève ont eu lieu pour dénoncer les conditions de travail imposées aux salariés. Ce n'est pas une nouveauté : travailler dans les entrepôts d'Amazon est plus que difficile. Et le géant du web s'attaque à ceux qui voudraient écorner son image, comme Alain Jeault, délégué central CGT d'Amazon, qui aurait été menacé de licenciement pour avoir reçu une journaliste du Monde.

De cette réunion, Jean-Luc Belpaume tire plusieurs inquiétudes qu'il cite pêle-mêle: "être fliqué" sur sa rapidité par un appareil. "Pour aller aux toilettes, c'est pareil. Dans les faits, 20 au lieu des 30 minutes de pause." Et le "turn-over intérimaire énorme : à Douai en ce moment, il y a 1000 CDI pour 2000 intérimaires, ce qui est catastrophique." Et le travail de nuit qui a été prolongé à Douai, alors qu'il devait durer quelques mois. Et "les visites médicales sont effectuées à l'arrache", assure-t-il.

"La page toute rose que voulait nous vendre Mr. Bertrand (le président de région, NDLR) et Mr. Gest (président d'Amiens métropole, NDLR), c'est pas celle-ci. On va veiller avec la CGT à ce que les salariés soient protégés."

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