Après les résultats des élections municipales, la carte politique de la Picardie a changé, voici les analyses département par département de notre politologue Joël Gombin.
Les élections municipales ont redessiné la carte politique de la Picardie. Avec le passage d'Amiens à droite, toutes les plus grandes villes de la région sont désormais à droite : Amiens, Saint-Quentin, Beauvais, Laon, Compiègne. Seule Creil fait exception, le Sud de l'Oise demeurant un bastion de gauche. Mais il est vrai qu'on est là dans un espace obéissant plus aux logiques
Un peu à contre-sens du reste du pays, c'est surtout dans les petites villes (moins de 25 000 habitants) que la gauche se maintient, même si dans cette tranche de communes le rapport de force est assez équilibré. C'est en effet plutôt dans les communes de quelques milliers d'habitants que la gauche résiste le mieux.
Il faut voir dans ce résultat l'effet d'au moins trois facteurs : d'une part, la structure sociologique de la population. Les groupes sociaux les plus favorables à la gauche, les ouvriers en particulier, vivent en effet plutôt dans de petites communes, tandis que les groupes sociaux les plus favorables à la droite habitent plutôt en ville. D'autre part, dans les petites communes, la plus grande proximité entre les maires et leurs administrés a permis à certains maires de gauche bien implantés et proches de la population de résister à la vague bleue nationale. L'importance de cette proximité est également marquée par le nombre important de listes élues qui se revendiquent sans étiquette politique. Enfin, dans les petites communes, la concurrence électorale tend à être moins importante et la participation plus élevée, ce qui a pour conséquence de limiter la fréquence des alternances et de conforter les sortants.
C'est qu'en effet la population Picarde n'a pas particulièrement glissé à gauche à l'occasion de ce scrutin ; les candidats de gauche ont plutôt été victimes d'une forte abstention de la part de l'électorat potentiel de gauche, tandis que les électorats de droite mais aussi du Front national, là où celui-ci présentait des candidats, étaient quant à eux plus mobilisés.
Au final, les prochaines échéances électorales (européennes, puis surtout régionales et départementales, si elles sont maintenues en 2015) seront déterminées par la capacité de la gauche régionale à remobiliser son électorat, si elle ne veut pas perdre ses dernières positions forte. Rappelons que la gauche tient les trois conseils généraux et le conseil régional, et a ainsi tout à perdre durant cette séquence.
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