Le Syndicat de la Vallée des Anguillères lance une enquête publique auprès de certains propriétaires de la Haute Somme sur 2 plantes invasives, la jussie et le myriophylle du Brésil. Objectif: identifier les lieux de présence et définir un plan d'arrachage sur 5 ans.
Ce sont des plantes qui prolifèrent au point de devenir dangereuses pour l'écosystème: en Haute Somme, la jussie et la myriophille du Brésil concurrencent la flore locale. Dans certains endroits, elles vont même jusqu'à envahir des bras de rivières ou des étangs, privant de nourriture les poissons qui finissent par mourir.
Et les arracher n'est pas la solution. Au contraire: c'est pire: une plante mal arrachée entraîne la naissance de beaucoup d'autres. Il existe une technique spécifique.
Depuis 2007, un arrêté interdit le colportage, la vente, l'achat et l'introduction volontaire ou par négligence de la jussie à grandes fleurs.
Les 33 communes regroupées au sein du Syndicat de la Vallée des Anguillères (SVA) luttent activement depuis 7 ans contre ces plantes invasives sur les terrains communaux. Aujourd'hui, c'est surtout chez les particuliers que la situation semble dramatique.
C'est pourquoi le SVA, en partenariat avec le Conservatoire Botanique National de Bailleul (59), lance pendant 32 jours, du 22 avril au 23 mai, une enquête publique pour localiser les foyers d'invasion sur les terrains privés.
Cette enquête publique concerne une soixantaine de propriétaires, répartis sur les communes de Brie, Eterpigny, Péronne, Mesnil-Bruntel, Biaches, Doingt-Flamisourt, Feuillères, Cléry-sur-Somme, Hem-Monacu, Curlu, Chipilly, Cerisy, Le Hamel, Sailly-Laurette et Vaux-sur-Somme.
La Préfecture de la Somme demande aux riverains de mettre à disposition des agents du SVA et du Conservatoire Botanique National de Bailleul une servitude de passage vers les parcelles concernées pour qu'ils puissent procéder à leurs analyses.
Une fois ces prospections terminées, un plan d'entretien et de gestion de la jussie et du myriophille du Brésil sera établi sur 5 ans et des conventions établies avec les propriétaires concernés sur l'arrachage et la destruction de ces espèces invasives.
80% du coût de l'arrachage seront pris en charge par l'Agence de l'Eau, le Conseil Général de la Somme et le Conseil Régional. Les 20% restants seront financés par les propriétaires.
Si vous êtes confrontés à ce problème ou si vous souhaitez en savoir plus sur ce projet, vous pouvez contacter le Syndicat de la Vallée des Anguillères.
La jussie et la myriophille du Brésil
*Originaires d'Amérique du Sud, la jussie péploïde (Ludwigia peploides) et la jussie à grandes fleurs (Ludwigia grandiflora) ont été importées en France en tant que plantes ornementales au début du XIXème siècle. Aujourd'hui loin des bassins d'agrément, on les retrouve dans de nombreux lacs et cours d'eau. Les jussies possèdent des feuilles luisantes de couleur vert foncé et des tiges rouges plutôt velues. Leurs fleurs à 5 pétales apparaissent d'un jaune vif sur les étangs dès le mois de juillet.Ces plantes aquatiques se développent dans des milieux stagnants (étangs, mares,...) ou à faible courant. Leur fort pouvoir d'adaptation permet de les rencontrer également dans d'autres zones humides telles que les prairies humides ou les fossés. Elles produisent des graines en automne qui germent au printemps, mais leur propagation se fait principalement par bouturage : 1 cm de tige ou de racine seulement peut leur permettre de se régénérer !
La jussie est ainsi capable de coloniser de manière efficace toutes les surfaces en eau disponibles. Un tapis végétal recouvre rapidement l'étang et étouffe les autres plantes. La pêche à la ligne, les déplacements en barque et même la chasse au gibier d'eau deviennent des activités très difficiles, voire impossibles, sur un plan d'eau couvert de jussies.Dans un étang à vocation piscicole, la jussie fait rapidement chuter son rendement : moins de lumière, moins d'oxygène, moins de nourriture. Les poissons ne survivent pas.
*Le Myriophylle du Brésil a été introduit un peu partout dans le monde, en provenance d'Amérique du Sud. En Europe, il est signalé au Portugal dans les années 1930. En France, il apparaît dans les étangs de la région landaise puis se propage vers le nord. C'est un gros consommateur d'oxygène. La présence du myriophylle étouffe les autres plantes et provoque leur disparition progressive.
Le Myriophylle du Brésil a des besoins importants en lumière pour se reproduire. En France, il se propage par bouturage. C'est pourquoi il ne faut ni le cueillir, ni le arracher. Il suffit d'un simple brin pour obtenir une plante envahissante. Ses feuilles sont constituées de très fines lanières vert tendre. Il ne fleurit pas et ses tiges peuvent atteindre 3 mètres de haut. Elles sont attachées par groupe de 4 ou de 6 sur les tiges. Le Myriophylle du Brésil apprécie les rives des cours d'eau et les plans d'eau.
Il colonise d'abord les berges afin de s'y ancrer, puis progresse vers le centre de la rivière. La progression se fait horizontalement puis verticalement.