Le Président de la République a promis aujourd'hui 8 millliards d'euros pour le secteur automobile en plein marasme. Ce vaste plan d'aide à la filière était attendu par les professionnels de l'industrie automobile. En Picardie, ils saluent les mesures promises.
La filière automobile picarde représente près de 13 000 salariés et 170 entreprises, de nombreux sous-traitants et un grand nombre de centres de recherche et développement. Avec une grande diversité d'activité : les embrayages chez Valeo Amiens, les culasses chez Montupet à Laigneville, la peinture automobile chez BASF à Clermont-de-l'Oise, le nouveau centre Alphatech de Plastic Omnuim à Venette... Mais aussi des dizaines de concessions automobiles, d'auto-écoles, des plate-formes automobiles et des centres de recherche publics (Université technologique de Compiègne, Université Jules Verne et ESIEE à Amiens).
Après les annonces d'Emmanuel Macron, qui a dévoilé ce mardi son "plan automobile" à hauteur de 8 milliards d'euros d'investissement pour soutenir le secteur, lors d'une visite au site de Valeo à Étaples dans le Pas-de-Calais, la satisfaction est grande sur le site abbevillois du groupe. La direction est soulagée après les difficultés rencontrées lors de la crise. Sur 210 salariés, 120 seulement étaient présents ces derniers jours dans les ateliers du site. La production est actuellement à 50 % de ses capacités et doit reprendre en juin de façon soutenue.
L'électrique à l'honneur
Le président de la République a garanti qu'une grande partie de la production de véhicules électriques resterait française. Le site abbevillois de Valeo, qui produit des alterno-démarreurs, devrait donc directement tirer les bénéfices du plan gouvernemental. Associée à l'usine d'Etaples, elle fabrique des produits high-tech à haute valeur ajoutée. Aussi les mesures d'aide à la filière électrique et hybride rentrent parfaitement dans la stratégie d'innovation du groupe et de soutien à la transition énergetique, se rejouit la direction du groupe.
Toujours chez Valeo mais à Amiens sur la zone nord, les syndicats sont aussi satisfaits. "C'est une très bonne nouvelle pour Abbeville et Etaples", affirme Gino Croisy, délégué syndical Force Ouvrière du site amiénois.
"C'est plus positif qu'on pouvait le penser car ces mesures en faveur de l'électrique propulsent la France dans les véhicules de demain."
Aller encore un peu plus loin
"On attend néanmoins le passage à l'acte sur les batteries car on souhaite qu'elles ne soient plus produites en Chine mais en France et en Europe.", poursuit-il. "Amiens béneficiera aussi de la relance car les embrayages que nous produisons équiperont aussi les voitures et les poids lourds."
Parmi les animateurs de la filière industrielle c'est aussi une satisfaction générale. L'Association régionale de l'industrie automobile (Aria), qui regoupe 200 adhérents dans les Hauts-de-France et qui aspire à maintenir la région au premier rang des régions automobiles de France, apprécie la quasi-totalité du plan. "Ce sont des bonnes nouvelles car ces subentions vont aider des entreprises à moderniser les lignes de production. C'est très bien pour des societés comme Renault ou Valeo mais aussi pour les PME et les sous-traitants", précise Valérie Plantard, déléguée territoriale de l'Aria. Elle nuance son analyse en mettant un bémol sur le nombre de véhicules concernés par la prime à la conversion : "200 000 voitures, c'est trop peu pour une relance à court terme de notre industrie."
Il y a quelques jours encore les ateliers étaient desertés, les machines à l'arrêt, les concessions vides, les automobilistes absents des routes. Tout le secteur automobile espère que cette manne fera redémarrer l'activité. Même si les acteurs ne sont font pas trop d'illusion pour l'année 2020, que beaucoup considèrent comme perdue ou presque. Tous les espoirs se portent désormais sur 2021.