Elle est faite pour vivre dans les espaces chauds et secs du sud de la France et pourtant sa population est importante en Picardie. L'anémone pulsatille se développe exclusivement sur les pelouses calcicoles, milieux qui se font de plus en plus rares dans la région.
L'anémone pulsatille se reconnaît de loin à sa fleur violette et son cœur jaune. Elle mesure environ 10 à 20 centimètres et n'aime pas l'humidité. Elle, ce qu'elle aime ce sont les pelouses calcicoles chaudes, ensoleillées. "On est vraiment sur des ambiances assez méridionales", affirme Guillaume Meire, chargé de mission au conservatoire d'espaces naturels des Hauts-de-France. Que fait-elle alors en Picardie ?
Et bien contre toute attente, l'Aisne, l'Oise et la Somme abrite une importante population d'anémones pulsatilles. Cette fleur n'est en revanche pas présente en Nord-Pas-de-Calais où elle a atteint sa limite.
Une régression du milieu de 95% en 100 ans
Elle se développe ainsi sur un sol calcaire, riche en calcium, sec et pauvre en éléments nutritifs. "Dès que ça commence à trop s'embroussailler, elle n'aime pas. Il faut vraiment que ce soit dans des milieux pentus, où l'eau n'arrive pas à stagner", indique Guillaume Meire. Or, les pelouses calcicoles entretenues sont devenues de plus en plus rares. "L'anémone pulsatille est une espèce particulière parce qu'elle est inféodée à des milieux qui ont fortement régressé, près de 95% en 100 ans", ajoute-t-il.
Les dernières grosses populations se trouvent ainsi sur les espaces qui sont gérés par le conservatoire d'espaces naturels où les pelouses calcicoles ont été restaurées et entretenues. On peut la retrouver par exemple dans la Somme lors de sa floraison au mois d'avril sur certains sites ouverts au public :
Des poils pour résister à la chaleur
Comme les plantes typiques des milieux chauds, elle possède des feuilles découpées. "Cela lui permet d'éviter d'avoir trop de transpiration. C'est une adaptation de ces espèces du sud comme le thym qui a des petites feuilles", détaille Guillaume Meire. Pour résister à la chaleur, elle est aussi très poilue. "Ce duvet qui lui permet d'éviter l'évaporation de l'eau qu'elle contient", ajoute-t-il.
L'espèce n'est pas protégée en Picardie, mais il est fortement déconseillé de la cueillir, même si elle possède des vertus médicinales. "On peut l'utiliser dans les huiles essentielles, notamment pour soigner les rhumes", indique le chargé de mission au conservatoire d'espaces naturels. En effet, elle est essentiellement préconisée en médecine homéopathique grâce à ses propriétés antibactériennes et antispasmodiques.
Un impact sur d'autres espèces
L'enjeu de la préservation des pelouses calcicoles ne concerne pas que l'anémone pulsatille. "La pelouse calcicole, en terme d'écosystème en Europe, c'est celui qui est peut-être le plus diversifié. Quand on se penche un peu sur une pelouse, on tombe sur une trentaine d'espèces au moins au mètre carré. Ce qui est assez remarquable, confie Guillaume Meire. Quand on voit les anémones, c'est l'héritage des anciens défrichements et des entretiens durant des siècles."
Associé à cette espèce notamment, un papillon de nuit : la phalène de la pulsatille. "Si sa plante hôte est menacée, le papillon l'est aussi, affirme le chargé de mission du conservatoire d'espaces naturels. C'est intéressant de voir comment cela peut avoir des répercussions sur les autres espèces. L'anémone pulsatille est aussi nectarifère et donc en début de saison, les insectes profitent de ses floraisons qui sont importantes pour les abeilles sauvages, les bourdons..."
D'où l'importance de préserver le milieu grâce aux actions du conservatoire d'espaces naturels. "On travaille avec des bergers, des éleveurs bovins pour l'entretien. L'anémone pulsatille ne supporte pas l'abandon de ces espaces. On le sait directement, si elle est présente cela indique un bon état de conservation des pelouses."