Pouille, le Nordiste, à qui tout le monde prédit un grand avenir

A seulement 22 ans, Pouille a réussi dimanche un exploit majeur dont ne font que rêver la plupart des autres joueurs professionnels. 

En quelques mois, Lucas Pouille est devenu un joueur redouté sur le circuit mondial, comme l'Espagnol Rafael Nadal (N.5) battu en cinq sets - 6-1, 2-6, 6-4, 3-6, 7-6 (8/6)- a pu le constater dimanche en 8e de finale de l'US Open. Mardi, il disputera à 22 ans contre un autre Français, Gaël Monfils, son deuxième quart de finale d'un tournoi du Grand Chelem en moins de deux mois, après Wimbledon, alors qu'il pointait au-delà du 100e rang mondial en avril 2015: retour sur l'itinéraire d'un grand espoir du tennis français, actuel 25e joueur mondial.

Ses débuts

Le N.4 français est né à Grande-Synthe (Nord), d'un père français et d'une mère finlandaise. Il a débuté le tennis à l'âge de huit ans à Loon-Plage et a vite été repéré par la Fédération française de tennis qui lui a fait intégrer ses structures d'entraînement. En 2008, il est sacré champion de France de la catégorie des 13-14 ans, mais à la différence des Monfils, Tsonga et bien d'autres avant eux, Pouille ne se fait pas un nom sur le circuit junior.
Son meilleur résultat est un quart de finale de l'Open d'Australie junior en 2011. Il commence alors à travailler avec Emmanuel Planque: il identifie rapidement la talent et plus encore la force de caractère de son élève. "Il ne me surprend pas dans le sens où j'ai tout de suite senti qu'il était différent quand j'ai commencé à travailler avec lui", rappelle Planque. "Il est intelligent, j'ai le sentiment qu'il ne fait pas deux fois la même erreur", remarque-t-il.

Son arrivée sur le circuit

Il faudra attendre la fin de l'année 2014 pour que Pouille se fasse remarquer: de retour d'une blessure à un poignet, il atteint les 8e de finale du Masters 1000 de Paris-Bercy où il chute face à son idole, le Suisse Roger Federer (6-4,6-4). A la demande de Planque, Yannick Noah, dernier Français à avoir remporté un titre du Grand Chelem, en 1983 à Roland-Garros, le prend sous son aile, avec le titre officieux de conseiller.

"Manu (Planque) m'a appelé un jour en disant +Viens le voir, ça me ferait plaisir que tu viennes le voir de temps en temps+. Mais je n'ai rien à voir dans cette victoire (contre Nadal)", s'empresse de faire remarquer le capitaine de l'équipe de France de Coupe Davis.

En 2015, Pouille prend ses marques sur le circuit et entre dans le top 100 après avoir atteint le 2e tour du Masters 1000 de Monte-Carlo où il est corrigé par un certain Nadal (6-2, 6-1).
"Il fait son boulot tranquillement. Il y a une forme de sérénité dans leur fonctionnement. C'est très agréable d'être avec lui. Il est surprenant de l'extérieur. Il a une forme de timidité, d'humilité, et dès que tu grattes un peu tu t'aperçois qu'il en veut. Il a les qualités des bons", résume Noah.

Son déménagement à Dubaï

Depuis le début de l'année 2016, Pouille s'est installé à Dubaï, pour pouvoir bénéficier, entre autres, d'un climat favorable qui attire les cadors comme Federer qui vient s'y préparer en hiver. "On a tout changé depuis le début de l'année, j'ai mon propre préparateur physique, on travaille différemment, plus et mieux, il m'accompagne partout, ce qui fait que même en tournoi, je continue de bosser ma condition physique, je suis plus fort, mentalement et physiquement", avance-t-il pour expliquer sa montée en puissance.

Conséquence, il enchaîne les premières: sa première victoire contre un joueur du top 10 (David Ferrer) en mars, sa première finale d'un tournoi ATP (Bucarest) en avril, sa première demi-finale d'un Masters 1000 (Rome) en mai, son premier quart de finale en Grand Chelem (Wimbledon) puis sa première sélection en Coupe Davis (en quart de finale contre la République tchèque) en juillet, et enfin son premier exploit contre un membre du "Big Four" dimanche.

Son avenir

Travailleur acharné et homme de caractère, comme l'a prouvé sa récente sortie contre "ceux qui crachent sur le maillot de l'équipe de France", Pouille ne cache pas ses ambitions et rêve d'intégrer le top 10 mondial. Nadal, après sa défaite, et Novak Djokovic, spectateur de leur duel en attendant son 8e de finale l'ont déjà adoubé: "Il a tout ce qu'il faut pour être dans le top 10", affirme le N.1 mondial.

 

Pouille, tout le monde l'aime
Ceux qui suivent le tennis régulièrement le savaient déjà. Mais sa victoire ce dimanche soir face à Nadal en quart de finale de l'US Open le confirme et le fait savoir : Lucas Pouille est bien un des futurs grands du tennis français voire mondial. Depuis quelques heures, tous ceux qui sont interviewés à son sujet sont dithyrambiques : sympa, bosseur, talentueux, bon équipier... Voici un florilège de quelques-unes de ces déclarations.

Gagneur
Yannick Noah (capitaine de l'équipe de France de CoupeDavis) : «C’est notre joueur d’avenir. Il est bien, il est vraiment bien. C’est très agréable d’être avec lui, il est surprenant. De l’extérieur, comme ça, tu as l’impression qu’il a une certaine timidité, une humilité, mais dès que tu grattes un peu tu vois qu’il en veut. Pour cela, il a la qualité des bons. Il suffit de voir ce qu’il a fait aujourd’hui. Si tu n’as pas ça à l’intérieur de toi, tu ne gagnes pas».

Précoce
Jo-Wilfried Tsonga (N°2 français) : "Lucas est meilleur que Gaël ou moi au même âge. Oui, je pense qu’on peut le dire. Il est meilleur que nous. Après c’est difficile de faire des comparaisons, car on en avait quatre devant qui ne lâchaient rien et jouaient au sommet de leur art (Roger Federer, Rafael Nadal, Novak Djokovic et Andy Murray). Mais il est hyper puissant, il bouge très, très bien, il a un super état d’esprit, techniquement il est hyper propre sur tous les secteurs du jeu… Il a toutes les armes pour jouer les premiers rôles sur le circuit ATP".

Pascal Pouille (son père) : «Lucas a eu la malchance d’être blessé souvent alors qu’il jouait très bien. Tous les trois mois, il était obligé de s’arrêter un long moment. Il arrive quand même à être classé dans les 25 meilleurs en jouant la moitié de l’année à l’époque, ça montre qu’il aurait pu percer beaucoup plus tôt»

Bosseur
Emmanuel Planque (son entraîneur) : "C'est fort, et je suis content pour lui parce qu'il travaille vraiment dur. Il me bluffe. Il a déjà démontré depuis quelques mois qu'il avait le niveau".

Talentueux
Rafael Nadal : "Lucas est jeune, mais il a déjà tous les coups du tennis dans son répertoire, il a le potentiel pour être dans le top 10, il peut viser haut s'il arrive à continuer à progresser. Il est dans une bonne position, mais tout le monde vise les titres, il n'y a pas que lui. L'enjeu maintenant pour lui est de continuer à progresser".

Patriote
Cédric Pioline (ancien joueur) dans Le Figaro : «Il a la fibre patriotique. Il a beaucoup d’envie et cela fait très plaisir. Il a montré qu’il avait le mental et les ressources (contre la République Tchèque en juillet dernier). Je pense que cela va devenir un très, très, très bon joueur de Coupe Davis et un top joueur tout court».
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