Lucas Pouille est en quart de finale de Wimbledon et vient d’être sélectionné en équipe de France de coupe Davis. Portrait d’un besogneux pour qui tout se mérite.
Après sa victoire à rebondissement contre l’Australien Bernard Tomic, Lucas Pouille a pleuré. "Je me suis toujours demandé pourquoi certains joueurs pleuraient après les matchs et ça m’est arrivé". Il faut dire que le natif de Grande-Synthe a été poussé dans ses retranchements en s’imposant en 5 sets, après avoir remonté un break de retard dans le dernier qu’il a finalement arraché 10-8. Le Nordiste a su trouvé l’énergie nécessaire malgré une blessure au talon droit au début du deuxième set.
"Il a une inflammation à la malléole et des douleurs au talon. Mais il jouera demain sous anti-inflammatoires." Son père, Patrice Pouille, n’en sait pas plus et suivra son match contre le Tchèque Tomas Berdych sur internet sur son lieu de travail. "Il fait sa vie et moi je fais la mienne. Quand je peux je vais le voir mais moi aussi je travaille." Des membres de sa famille l’encouragent à Wimbledon, sans en faire trop.
Un travailleur hors pair
À 22 ans, Lucas Pouille atteint pour la première fois de sa carrière un quart de finale de grand chelem. Il vient même d’être sélectionné par Yannick Noah pour affronter la République Tchèque en quart de finale de coupe Davis.Tout sauf une surprise pour la fédération française de tennis. "C’est un joueur intelligent qui a beaucoup progressé cet hiver. Il a énormément travaillé son service et ses retours", confie Frédéric Jonas, conseillé technique régional pour la ligue des Flandres de tennis.
Plus à l’aise sur des surfaces rapides, où il se sert de son coup droit dévastateur, c’est pourtant sur gazon que Lucas Pouille explose à Wimbledon. Et ce alors même qu’il n’avait jamais remporté un match sur cette surface dans le circuit ATP.
"C’est vrai qu’il n’a pas été formé sur herbe et que les premiers matchs sur cette surface sont difficiles. Mais son jeu s’adapte et il s’est très bien habitué aux exigences du gazon", décrypte Frédéric Jonas. "Il est humble et déterminé", ajoute son père. "Il n’a pas eu de chance en rencontrant jusqu’ici des ténors du gazon. À Wimbledon, il a eu le temps de s’approprier la surface pour pouvoir s’exprimer."
[Résumé Vidéo] Pouille se hisse en quarts https://t.co/0qQRraAqxL #Wimbledon
— beIN SPORTS (@beinsports_FR) 4 juillet 2016
Le Nordiste a pourtant peiné à confirmer les espoirs placés en lui. Mais il s’est accroché. Il a d’abord joué le sparring-partner pour Roger Federer, son modèle, avant de s’entraîner aux côté des meilleurs pour apprendre. Le poulin d’Emmanuel Planque, formateur de Michael Llodra, s’est exilé à Dubaï l’hiver dernier et a engagé un préparateur physique issu du monde du rugby.
Les efforts du franco-finlandais payent. En avril dernier, Lucas Pouille atteint la finale du tournoi ATP de Bucarest et surtout une demi-finale au Masters 1000 de Rome sur terre battue, en surclassant au passage l'infatigable espagnol David Ferrer. "Rien n’arrive comme ça et tout se mérite", a-t-il l’habitude de répéter.
Loin du Nord, près du cœur
Toujours licencié du club de Loon-Plage, Lucas Pouille n’a pas coupé les ponts. Il revient régulièrement taper la balle avec les jeunes "et même les adultes ! Il tient beaucoup à son club formateur. Il reste disponible et n’hésite pas à partager son expérience", raconte son père. "Il a même fait le déplacement pour encourager une équipe du club la veille de Wimbledon", renchérit Frédéric Jonas.Pour la ligue des Flandres de Tennis, qui couvre le Nord-Pas-de-Calais, les performances du Loonois sont inédites dans la région. "On n’a jamais eu de garçon sélectionné en coupe Davis, ni même dans les 140 meilleurs au classement ATP. Il y a un formidable engouement à Loon-Plage mais également dans la région", se réjouit le formateur de Marcq-en-Barœul. Deux quarts de finale face à des Tchèques attendent désormais le Nordiste pour confirmer son incroyable ascension.