Après la découverte de suies liées à l'incendie de l'usine chimique Lubrizol à Rouen dans plusieurs communes, le Nord a pris des mesures de restrictions concernant certains produits agricoles et d'élevage mais pas le Pas-de-Calais.
Dimanche, la préfecture de Zone-Nord a publié une liste de près d'une centaine de communes des Hauts-de-France, où des retombées de suies liées au passage du nuage provoqué par l'incendie de l'usine chimique Lubrizol de Rouen (Seine-Maritime) avaient été identifiées. Parmi ces communes, deux se trouvent dans le Nord (Douai et Villereau), trois dans le Pas-de-Calais (Saint-Pol-sur-Ternoise, Avesnes-le-Comte et Beaudricourt).
Pourtant, la réaction des autorités diffère entre le Nord et le Pas-de-Calais.
► Dans le Nord
Un arrêté préfectoral a été signé dès dimanche après-midi, à 15 heures, pour la ville de Douai (39 000 habitants) et la petite commune de Villereau (970 habitants), située près du Quesnoy dans l'Avesnois.
Selon cet arrêté, ces deux communes font désormais l'objet, à titre conservatoire, de restrictions sanitaires de mise sur le marché des oeufs, de lait, du miel (collectés après le 26 septembre, date de l'incendie de l'usine chimique Lubrizol) et des poissons d’élevage, ainsi que des productions végétales ou des aliments pour animaux.
⚠️ #Lubrizol à #Rouen : le préfet prend des mesures à titre conservatoire dans les communes signalées. Les nombreux contrôles effectués dans l'air ☁️ et l'eau ?confirment l'absence de toxicité aigüe pour la population. Pour signaler?☎️ : 03 20 30 58 00. Pour en savoir plus ? pic.twitter.com/thl93UAuFR
— Préfet de la région Hauts-de-France et du Nord (@prefet59) September 30, 2019
"Par mesure de précaution, le lait et les oeufs (élevage de plein air), le miel et les poissons d’élevage ainsi que les productions végétales ou les aliments pour animaux, ne peuvent être ni commercialisés, ni intégrés dans la consommation humaine ou animale", informe la préfecture du Nord dans un communiqué. "Des analyses ont été effectuées dont les résultats seront connus dans plusieurs jours. La décision de la levée des mesures ne pourra intervenir qu’en fonction de l’issue de ces analyses. D'autres signalements sont en cours de vérification sur le département."
Un numéro vert a été mis en place (le 03 20 30 58 00) pour contacter les services de gendarmerie ou de police ou le service départemental d’incendie et de secours (pompiers), en cas de découverte de suies.
► Dans le Pas-de-Calais
Malgré la présence de suies constatée dans le sud du département, à Saint-Pol-sur-Ternoise (5000 habitants), Avesnes-le-Comte (1950 habitants) et Beaudricourt (92 habitants), la préfecture du Pas-de-Calais a choisi... de ne pas prendre d'arrêté. Pour quelles raisons ? "La situation ne nécessite pas la prise d’un arrêté", nous répond-on seulement à Arras.
Ce lundi matin, à Saint-Pol-sur-Ternoise, c'était jour de marché et les habitants avaient bien du mal à y voir clair. "J'ai eu des fleurs qui étaient toutes noires (dans mon jardin)", témoigne Michel qui, du coup, n'a pas voulu acheter de légumes. "Il y a un manque de transparence !", déplore une autre habitante."Qu'ils nous disent tout de suite s'il y a quelque chose ou pas, c'est tout, ils doivent le savoir".
"J'ai eu un coup de téléphone qui n'avait rien d'urgent du sous-préfet de Béthune qui était de permance ce week-end", explique Maurice Louf, le maire (PS) de Saint-Pol-sur-Ternoise. "Dans le Pas-de-Calais, il n'y a que quelques communes, dont Saint-Pol, parce qu'un Saint-Polois a téléphoné il y a quelques jours, en disant que sur sa voiture, il y avait de la suie, une suie suspecte. Donc, ils sont venus contrôler, ils m'ont dit qu'il n'y avait pas de problème particulier, ni aucun lien direct avec la pollution suite à l'incendie de Rouen. Donc, il n'y avait pas lieu de s'inquiéter outre mesure."
La préfecture du Pas-de-Calais annonce quand même ce lundi l'ouverture d'une "cellule d’information du public". "Si vous constatez la présence de retombées sous forme de suie, merci de vouloir le signaler au numéro vert suivant : 03 21 21 24 97", informe-t-elle. "Vous pouvez également contacter les services de gendarmerie ou de police ainsi que le service départemental d’incendie et de secours."