Projet d'attentat visant la présidentielle : ce que l'on sait

Deux interpellations ont eu lieu ce mardi à cinq jours du premier tour de l'élection présidentielle, sur fond de menace terroriste très élevée en France. Un projet d'attentat imminent a été déjoué. Voici ce que l'on en sait.

Que s'est-il passé ce mardi matin à Marseille ?

Une grosse opération de police. Deux hommes ont été interpellés ont arrêtés par la DGSI, appuyée par le Raid, à la sortie d'un appartement situé rue de Crimée, dans le 3e arrondissement de Marseille. Les suspects se trouvaient dans un appartement, au 7e étage d'un immeuble "correct et bien entretenu", selon les résidents interrogés par franceinfo.

"Y a un risque : sortez, sortez !" Les habitants de cet immeuble ont été évacués. "Des policiers cagoulés ont frappé et nous ont dit de descendre immédiatement. Ils ont dit que c'était une opération de police, que ça allait durer un moment", explique  Zaidan, épicier, qui vit dans le même immeuble, entièrement évacué par les forces de l'ordre. C'est à quelques encablures de cette rue que le second homme a été arrêté mardi matin, sur le boulevard National.

Les deux hommes ont été arrêtés par la DGSI dans le cadre d'une enquête en flagrance ouverte à Paris le 12 avril pour association de malfaiteurs terroriste criminelle et infraction à la législation sur les armes en relation avec une entreprise terroriste.

En déplacement au Creusot (Saône-et-Loire), François Hollande a salué le succès de l’opération : "Tout ce que je peux dire, c’est que nos services et nos policiers ont travaillé de manière remarquable, nous permettant d’arrêter deux personnes qui vont maintenant être confrontées devant des juges et des policiers pour que nous sachions exactement quelles étaient leurs intentions. C’est une prise remarquable".
 

Pourquoi l'attentat est décrit comme étant "imminent" ? 


Des "armes de poing" et "des armes longues" ainsi que du matériel rentrant dans la composition d'explosifs ont été retrouvés lors de ces perquisitions, a-t-on appris de source proche de l'enquête : un fusil mitrailleur, deux armes de poing, un pistolet automatique, des sacs et boîtes de munitions, un silencieux et un couteau de chasse mais aussi une grenade artisanale contenant du TATP, un sac de boulons, des mèches, des produits chimiques de conditionnement, des bouteilles d'acétone et d'eau oxygénée. 

Trois kilos de TATP, un explosif artisanal prisé des jihadistes, mais aussi des armes à feu et un drapeau de l'organisation jihadiste Etat islamique. Ils auraient pu déclencher une très forte explosion. 

Lors d'une conférence de presse, le ministre de l'Intérieur, Matthias Fekl, a également confirmé ce caractère imminent de l'attentat expliquant que les deux hommes "avaient l'intention de commettre à très court terme, c'est-à-dire dans les tout prochains jours, un attentat sur le sol français". Ils préparaient "une action violente, de manière imminente sur le territoire français, sans qu'on puisse déterminer avec précision le jour, le ou les cibles visées", a confirmé le procureur de Paris.

Le plus âgé des deux suspects, Mahiedine Merabet, cherchait à entrer en contact avec l'organisation jihadiste Etat islamique (EI), notamment pour transmettre "une vidéo d'allégeance ou de revendication", a également révélé le procureur Molins.

Il a précisé qu'une "vidéo interceptée le 12 avril dernier" montrait "une table sur laquelle est posée un fusil mitrailleur de type UZI", "le drapeau noir de l'Etat islamique", "des dizaines de munitions disposées afin d'écrire +la loi du talion+" et "la une d'un quotidien" le Monde datée du 16 mars 2017 "avec en couverture un candidat à l'élection présidentielle", en l'occurrence François Fillon.
 

Qui sont les deux hommes interpellés ? 


Il s'agit de deux hommes qui se sont connus en prison, à Sequedin (près de Lille - Nord) : Clément Baur et Mahiedine Merabet. Le premier âgé de 23 ans, est originaire d'Ermont dans le Val-d'Oise. Le second, Mahiedine Merabet, 29 ans, est orginaire de Croix (Nord). Un drapeau de l'État islamique ainsi que de la "documentation jihadiste" avaient déjà été découverts à son domicile de Roubaix, lors d'une perquisition administrative en décembre 2016, a précisé le procureur.

Connus des services de police pour leur radicalisation, les deux suspects, étaient surveillés depuis quelque temps. Une première enquête préliminaire avait été ouverte le 5 avril contre Mahiedine Merabet, après la remontée d'indices attestant la préparation d'une action violente imminente.

Le 10 avril, une deuxième enquête similaire avait été ouverte contre Clément B., né en juillet 1993 à Ermont (Val-d'Oise). "Au fur et à mesure, il s'est avéré que les deux enquêtes se rapportaient au même projet", a indiqué une source proche de l'enquête. Nous avons compilé ce que l'on sait sur Mahiedine Merabet dans cet article


Quelles étaient les cibles visées par ces attaques ?


Selon franceinfo, une vidéo a été retrouvée dans l'appartement de Marseille. On y verrait une photo de François Fillon en "une" du journal Le Monde "C'est un lien ténu, mais c'est une piste très sérieuse pour les policiers", explique la journaliste de France 2 Audrey Boutard. Mais, à ce stade, aucun élément n'indique que le candidat LR était une cible.

Les photos des suspects ont été également communiquées aux équipes de campagne de Marine Le Pen et d'Emmanuel Macron il y a quelques jours. 


Quelle influence sur la campagne présidentielle ? 


Depuis Calais où il est en déplacement, François Fillon a demandé que ce "fait divers" ne conduise pas à "focaliser le débat de la campagne
sur des questions de sécurité, et surtout sur la mienne
".  François Fillon est en meeting ce mardi soir à Lille. L'événement est maintenu. "Les effectifs de sécurité vont être doublés", assure à 20 minutes Louis Delemer, le responsable adjoint des Jeunes avec Fillon dans le Nord.

Emmanuel Macron appelle, lui, au "rassemblement" contre le terrorisme. Ces événements «viennent rappeler que la menace terroriste est toujours très élevée sur notre territoire», a également souligné le candidat à la présidentielle dans un communiqué.

Benoît Hamon a également réagi : "Je ne veux pas instrumentaliser cet événement, qui est extrêmement grave pour ma campagne". "Je ne change rien à ma vie. Je ne me sens pas plus visée qu'un autre.", a déclaré Nathalie Arthaud sur BFMTV.

Contacté par franceinfo, l'entourage de Marine Le Pen affirme ne pas avoir modifié son dispositif de sécurité, rappelant que c'est de la responsabilité de l'Etat d'assurer le bon déroulement de la campagne.

Dimanche prochain, 50 000 policiers, gendarmes et militaires seront déployés sur toute la France, pour assurer la sécurité autour des bureaux de vote.

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