Quand les graffitis des soldats resurgissent cent ans après la bataille de Vimy

Ce sont de poignants témoignages du passé : des noms gravés sur les murs ou l'autel d'une église, parfois accompagnés de matricules. À Arras et dans l'Artois, de nombreux soldats ont laissé une trace de leur passage avant d'être emportés dans la Grande Guerre.

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Un message gravé sur l'autel d'une église. Ce pourrait être du vandalisme, s'il n'avait pas été écrit par un soldat canadien au plus fort de la Grande Guerre.

Depuis plus de 20 ans, Dominique Faivre traque ces inscriptions et retrace leur histoire. Celui de l'autel est signé Dan Madison. "C'est l'un des 4.000 soldats Amérindiens qui se sont enrôlés durant la Première guerre mondiale", explique le président de l'association Arham, "et d'après ce que j'ai pu trouver sur lui, il aurait fait partie avant la guerre du cirque de Buffalo Bill."

Laisser une trace au cas où on disparaît, laisser une trace pour que des générations futures se souviennent


Qu'est-ce qui poussait ces soldats, canadiens pour la plupart, de graver leur nom sur ces murs ? Pour l'archéologue arrageois Alain Jacques, il s'agit de "laisser une trace au cas où on disparaît, laisser une trace pour que des générations futures se souviennent, mais il faut savoir que la plupart des soldats canadiens sont des jeunes hommes qui ont une vingtaine d'années, donc c'est aussi probablement par jeu pour certains"

Intervenants: Dominique Faivres Président association Arham ; Alain Jacques, Archéologue - Ville d'Arras ; Philippe Caillet, Hôtelier arrageois


Un message dans la cave d'un hôtel


Plus qu'un témoignage du passé, ces inscriptions sont parfois l'ultime message qu'ont laissé par ces soldats emportés dans la Grande Guerre. C'est le cas de Herbert Alexander Wilson, qui le 5 avril 1917 laissait sur le mur d'un souterrain la trace de son passage à Arras.

Philippe Caillet, le patron de Diamant Hotel Arras, a découvert cette marque "à la fin des années 80." "C'était émouvant" se souvient l'hôtelier, qui a aussitôt entrepris des recherches sur ce soldat. "Nous nous sommes rapprochés de l'office de tourisme d'Arras qui nous a mis en contact avec la carrière Wellington, et eux-mêmes se sont rapprochés de la Commonwealth War Grave Commission".

Quelques jours plus tard lui parvenait l'avis de décès de Herbert Alexander Wilson, mort le 9 avril 1917 à l'âge de 41 ans. À l'époque, "on avait passé l'information à des journalistes anglais et on n'a pas eu de retour."

Il est venu et il nous a laissé un message. Et ce message, aujourd'hui, nous l'utilisons pour lui rendre hommage


Aujourd'hui, Philippe Caillet gère la page Facebook Tourisme de Mémoire Nord de France et veut utiliser le réseau social pour "envoyer un message, comme une bouteille à la mer, pour voir s'il existe des descendants, des personnes qui pourraient nous renseigner un, peu plus sur la famille de ce soldat et pourquoi pas inviter les descendants à venir se recueillir sur cet endroit."

"On l'a découvert il y a quelques années, mais j'avais à cœur au moment des commémorations du centenaire de ne pas oublier ce soldat." Il y a cent ans, "il est venu et il nous a laissé un message. Et ce message, aujourd'hui, nous l'utilisons pour lui rendre hommage".

 
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