La prolifération de l’Obama nungara, un ver dangereux pour nos sols, inquiète les scientifiques. En Picardie, deux cas ont déjà été signalés. Une menace, parmi une longue liste d'espèces déjà surveillées de près. Quels sont-ils et quelle est la réglementation en vigueur ?
Longtemps, il n’a pas eu de nom. Un ver plat, marron, visqueux, long de 4 à 5 centimètres. Venue d'Amérique du Sud dans les années 2000 via l'import de plantes, l'espèce est invasive, tenace, et menaçante pour la biodiversité. Il s’appellera finalement l’Obama nungara. Non, le 44e Président des Etats-Unis n'y est pour rien, pour rien du tout. Ce nom, en langue amérindienne, fait référence à ses origines. Il permet, surtout, d'identifier un ennemi des sols.
Au total, 72 départements sont concernés par la prolifération de ce ver. En Picardie, deux cas ont déjà été signalés dans l'Oise, à Compiègne et Saint-Leu d'Esserent. Des alertes suivies de très près car la menace est réelle. L'Obama nungara colonise les jardins et se nourrit des lombrics, essentiels à la fertilité des sols. Un danger contre lequel il est très difficile de lutter, car lui n'est menacé par aucun prédateur. En outre, il n'existe à ce jour pas de produit pour lutter contre l'Obama nungara.
Conclusion : la menace est réelle mais peu connue, pas réglementée, et donc difficilement contrôlable. Un chercheur tente d'élargir les connaissances sur la question et demande aux particuliers de signaler la présence de ces vers. En cas de détection du ver, il est important de le conserver dans une boîte ou un bocal en plastique, au frais.
En attendant d'en savoir plus sur l'Obama nungara, quid des nuisibles dans la région ?
Sont nuisibles les animaux qui représentent une menace pour les personnes, la faune sauvage ou les biens. L'article R427-6 du code de l'environnement fixe ainsi quatre critères :
- Dans l'intérêt de la santé et de la sécurité publiques
- Pour assurer la protection de la flore et de la faune
- Pour prévenir des dommages importants aux activités agricoles, forestières et aquacoles
- Pour prévenir les dommages importants à d'autres formes de propriété
Une liste des espèces a été définie par le ministère de la Transition écologique et solidaire. L'arrêté du 30 juin 2015 cible ainsi les nuisibles par départements.
Dans l'Aisne :
- Le renard : ensemble du département
- La fouine : ensemble du département
- La martre : ensemble du département
- Le corbeau freux : ensemble du département
- La corneille noire : ensemble du département
- La pie bavarde : ensemble du département
- L'etourneau sansonnet : ensemble du département
- Le lapin de Garenne
- Le sanglier
- Le pigeon Ramier
En 2013 déjà, l'Etat justifiait son choix par les dégâts trop importants occcasionnés par le gibier. La préfecture prend, à l'époque, un arrêté début mars autorisant la destruction du sanglier sur tout le département jusqu'à la fin du mois.
Dans l'Oise :
- Le renard : ensemble du département
- La fouine : ensemble du département
- Le corbeau freux : ensemble du département
- La corneille noire : ensemble du département
- La pie bavarde : ensemble du département
- L'etourneau sansonnet : ensemble du département
Le préfet de l'Oise allonge la liste pour 2018/2019 :
- Le lapin Garenne
- Le sanglier
- Le pigeon ramier
Dans la Somme :
- Le renard : ensemble du département
- La fouine : ensemble du département
- Le corbeau freux : ensemble du département
- La corneille noire : ensemble du département
- La pie bavarde : ensemble du département
- Le lapin de Garenne
- Le pigeon ramier
Cette liste établie ensuite les modalités de destruction d'une espèce, où l'on apprend, par exemple, que le renard peut être "piégé en tout lieu", "toute l'année". Pour chaque espèce est ainsi défini un procédé et une date pendant laquelle un animal peut être ciblé, au-delà des périodes de chasse habituelles.
Le frelon asiatique, classé danger sanitaire
D'autres espèces ont également fait l'objet d'arrêtés ministériels. Exemple : le frelon asiatique. En 2012, le ministère de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt le classe sur la liste "des dangers sanitaires" de deuxième catégorie. Le frelon asiatique, introduit en France en 2014, menace les abeilles domestiques, elles aussi essentielles à la biodiversité, mais aussi les hommes. En étant inscrite comme tel, l'insecte fait l'objet d'une prévention, d'une surveillance et d'un plan de lutte. Au niveau européen, le frelon asiatique figure parmi les "espèces exotiques envahissantes".D'abord localisé dans le Sud, le frelon asiatique a fini par gagner la Picardie et est très surveillée. Chaque année, les pompiers et les apiculteurs sont formés à détecter des nids et à réagir. S'il est impossible d'éradiquer le frelon venu d'Asie du sud-est, l'Etat autorise "la destruction des spécimens" lorsqu'ils sont localisés.
En 2018, les cas ont été nombreux dans la région :
Même surveillance pour le moustique tigre, présent dans 51 départements. Détecté en 2018 dans l'Aisne, l'insecte - de son nom scientifique aedes ambopictus - transmet des maladies tropicales dont la dengue, le chikungunya ou le zika. Pour prévenir des risques sanitaires, l'Etat fait beaucoup de prévention sur les risques et les gestes à adopter en cas de piqûre. Des recommandations généralement relayées par les préfectures, comme celle de l'Oise. En 2018, l'Aisne a été placé parmi les départements en vigilance rouge.
Un portail est dédié aux signalements de sa présence. Le ministère de l'Intérieur recommande aussi de supprimer les points d'eau stagnante. Des solutions pour tenter de protéger la population à défaut de maîtriser un insecte... de 2 mm.