Manuel Valls a franchi le pas mercredi en annonçant qu'il voterait dès le premier tour de la présidentielle pour Emmanuel Macron, une décision qui a suscité un remerciement prudent du candidat d'En Marche! et surtout l'indignation dans le camp du candidat PS Benoît Hamon.
"Je voterai pour Emmanuel Macron. Je prends mes responsabilités", a déclaré ce matin l'ancien Premier ministre sur BFMTV/RMC. Manuel Valls, qui a progressivement rompu avec la candidature de Benoît Hamon depuis la primaire socialiste fin janvier, a justifié sa défection par la volonté de "ne vouloir prendre aucun risque pour la République" face au niveau élevé de la candidate du Front national Marine Le Pen, promise à une qualification au second tour selon les sondages.
Jean-Christophe Cambadélis est "triste"
Le premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis s'est dit "triste" de la décision de Manuel Valls de soutenir Emmanuel Macron, appelant "tous les socialistes au calme", sans évoquer d'éventuelles sanctions."Je suis triste de ne pas avoir réussi à convaincre Manuel Valls de ne pas soutenir Emmanuel Macron. Je combats cette position. Notre candidat, après la primaire et la convention unanime des socialistes, est Benoît Hamon. Il doit représenter tous les socialistes, les radicaux et tous les écologistes", a-t-il écrit.
Donc Manuel Valls va soutenir demain matin Macron qui ne le souhaite pas et donc fait une conférence de presse pour s'en prémunir #yolo
— Cécile Duflot (@CecileDuflot) 28 mars 2017
Pas de sanction
Pour autant, le premier secrétaire n'évoque aucune sanction, semblant simplement prendre acte de la décision de l'ancien Premier ministre. "Le Parti socialiste rappelle qu'il sera, comme toujours, au rendez-vous du combat contre le Front national.""Devant la fragmentation française, source d'une crise sans précédent de la Vème République, nous restons socialistes. J'appelle tous les socialistes au calme, au respect de leurs principes et de leur cohérence pour une gauche qui gouverne et qui transforme", écrit-il.
Macron fait-il le tri dans ses soutiens ?
Le Premier secrétaire critique au passage Emmanuel Macron, lui reprochant de faire "le tri dans ses soutiens". "Emmanuel Macron ne désire aucun ralliement. Avec une certaine fébrilité, il a précipité une conférence de presse définissant sa majorité présidentielle comme s'il était déjà élu président. Emmanuel Macron fait le tri dans ses futurs soutiens, ce qui est tout de même baroque à un mois de l'élection présidentielle et surtout dangereux dans la perspective éventuelle d'un deuxième tour face à Marine Le Pen", déclare-t-il."Un mauvais coup pour la démocratie"
Chacun sait désormais ce que vaut un engagement signé sur l'honneur d'un homme comme Manuel Valls : rien. Ce que vaut un homme sans honneur.
— ☰ Arnaud Montebourg (@montebourg) 29 mars 2017
Mercredi matin sur France 2, peu avant la déclaration de l'ex-Premier ministre, le candidat PS a déploré "une sorte de feuilleton destiné à (l)'affaiblir". Pour la députée EELVC Cécile Duflot, "Manuel Valls instille du poison dans la campagne de Benoît Hamon". Olivier Faure, président des socialistes à l'Assemblée Nationale, parle d'un "mauvais coup pour la démocratie".
"Chacun sait désormais ce que vaut un engagement signé sur l’honneur d’un homme comme Manuel Valls : rien", a réagi, sur Twitter, Arnaud Montebourg, qualifiant son ex-collègue d’"homme sans honneur".
La maire de Lille Martine Aubry a quant à elle rappelé que sa "conception de l’honneur et de l’éthique a été de mettre toute mon énergie au service de la victoire de la gauche en 2012".
"Tu nous fais honte"
Mathieu Hanotin, codirecteur de campagne du candidat PS, a évoqué sur BFM-TV une "minable tentative de sabotage". Patrick Mennucci a lui aussi critiqué Manuel Valls, en écrivant sur Twitter "Tu nous fais honte"Mardi, en déplacement à Berlin, Benoît Hamon avait condamné par avance le reniement annoncé de M. Valls. "S’il va au bout, s’il soutient Emmanuel Macron, c’est très grave et il sera sanctionné par tous les électeurs de gauche", avait estimé le candidat socialiste.