La reforme des retraites votée par le gouvernement d'Elisabeth Borne doit entrer en vigueur le 1er septembre. Mais la Carsat des Hauts-de-France, qui gère les dossiers de retraites, est-elle prête à mettre en œuvre cette nouvelle législation ? Les syndicats et la direction de l'organisme s'opposent sur cette question.
Emmanuel Macron l'a répété plusieurs fois : la réforme des retraites entrera en vigueur le 1er septembre. Mais les employés de la Carsat (Caisse d'assurance retraite et de santé au travail) Hauts-de-France sont-ils prêts à mettre en œuvre cette réforme ? Disposent-ils de la formation et des outils nécessaires pour faire face à la nouvelle législation ?
Rien n'est moins sûr pour les syndicats que nous avons contactés. En février dernier, plusieurs d’entre eux dénonçaient déjà une dégradation des conditions de travail des agents de la Carsat, le manque de moyens, et des coupes dans les effectifs.
"On est déjà surchargé de travail"
Avec la réforme votée par le gouvernement d'Elisabeth Borne, certains craignent que la situation ne s’aggrave : "on est inquiet pour les agents comme pour les assurés" explique cette employée syndiquée de la Carsat HDF qui préfère rester anonyme. "On sait qu'avec cette réforme, de nouvelles tâches vont s'ajouter à notre travail actuel alors qu'on est déjà surchargé, on sait que ça va être problématique."
Beaucoup de futurs retraités nous appellent pour savoir s'ils vont pouvoir partir à la retraite comme prévu en fin d'année ou dans les prochains mois, et on ne sait pas quoi leur répondre.
Une employée syndiquée de la Carsat HDFFTV
Car si la loi a été adoptée par le Parlement, validée par le conseil constitutionnel, puis promulguée par le président de la République, les décrets d'application n'ont pas encore été publiés. Pour l'employée que nous avons interrrogée, cette réforme génère du stress pour tout le monde : "beaucoup de futurs retraités nous appellent pour savoir s'ils vont pouvoir partir à la retraite comme prévu en fin d'année ou dans les prochains mois, et on ne sait pas quoi leur répondre."
Des arguments réfutés par le directeur général de la Carsat des Hauts-de-France, qui se veut rassurant. Pour Christophe Madika, "il n'y a aucune inquiétude à avoir. Cela va demander un investissement réel de la part des équipes, mais nous avons des conditions favorables pour mettre en oeuvre cette réforme des retraites."
30 employés actuellement en formation
Pour être prêt, l'organisme a renforcé ses effectifs depuis plusieurs mois. Selon la direction, 128 personnes ont été recrutées en CDI à la Carsat Hauts-de-France l'année dernière, dont 30 employés actuellement en formation, spécifiquement sur la mise en oeuvre de la réforme. "Ils seront opérationnels d'ici le mois de septembre", promet Christophe Madika. 24 CDI et 31 CDD sont également en cours de recrutement pour faire face à la nouvelle législation. La direction dévoile plusieurs chiffres pour affirmer que tout est prêt pour l'entrée en vigueur de la réforme : "en 2022, la Carsat a atteint 100 % des objectifs de production retraites. Et seulement 343 dossiers ont subi un retard sur les 91 000 traités au cours de l'année."
Concrètement, le décalage de l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans est "simple à mettre en œuvre dans nos logiciels", explique Christophe Madika. Certaines mesures de la réforme vont demander davantage de travail, comme par exemple la revalorisation des petites pensions pour les personnes de plus de 85 ans : "il va falloir retrouver des éléments de carrière de l’époque où l’informatique n’existait pas, pour procéder à cette revalorisation qui devrait donc intervenir courant 2024". Pour les moins de 85 ans, cela se fera de façon automatique et cette revalorisation devrait être payée en octobre prochain.
En 2022, la Carsat a atteint 100 % des objectifs de production retraites. Et seulement 343 dossiers ont subi un retard sur les 91 000 traités au cours de l'année.
Christophe Madika, directeur général de la Carsat Hauts-de-FranceFTV
Un tableau idyllique dépeint par la direction, mais que les syndicats continuent de contester : "à chaque fois que la législation sur les retraites évolue, la communication officielle de la direction est de dire que tout se passe toujours bien, mais on sait que dans la réalité, c'est plus compliqué que ça. On est persuadé que cette fois encore, il y aura des couacs", annonce l'employée syndiquée de la Carsat avec qui nous avons échangé.