Témoignages. "Je parle avec les murs" : contre la "mort sociale" des personnes âgées, des bénévoles au grand cœur

Publié le Écrit par Angélique Le Bouter

Alors qu'en France, environ 530 000 personnes souffriraient d'un isolement extrême, les Petits frères des pauvres multiplient les événements à l'occasion des fêtes de fin d'année. Exemple près de Montpellier, où Claude, Hélène et d'autres ont accepté de se confier lors d'un repas de Noël.

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Pour Hélène, c'est un jour un peu spécial. Les bénévoles des Petits frères des pauvres l'emmènent au restaurant. Malade et handicapée, elle n’est plus sortie de chez elle depuis trois ans et demi. "J’ai traversé des périodes terribles", confie-t-elle à Olivier Brachard et Daniel de Barros, journalistes à France 3 Occitanie qui l'ont accompagnée jusqu'au lieu de rendez-vous.

Un bon repas et des sourires

Chaque année à Noël, l'association des Petits frères des pauvres met les petits plats dans les grands pour offrir un moment qui sort de l'ordinaire à ses bénéficiaires. "On est là pour essayer de rompre cet isolement, cette mort sociale dans laquelle se retrouvent certaines personnes âgées, explique Florence Cassar, bénévole depuis 12 ans et désormais responsable de l’animation. On est là pour leur apporter un peu de bonheur, un peu de vie."

Autour de Montpellier, 70 bénévoles des Petits frères des pauvres œuvrent auprès des personnes isolées. Tout au long de l'année, les bénévoles comme Florence leur rendent visite. "Mais l’événement phare c’est Noël. On fait une fête, on est en famille, on leur apporte un bon repas, des animations, des sourires et des moments qu’ils vont ramener chez eux après."

Ils ne discutent pas plus de cinq minutes par semaine avec un autre être vivant.

Florence Cassar, bénévole

Sortir de l'ordinaire, discuter de tout et de rien et oublier quelques heures un quotidien monotone. "Beaucoup ne voient personne de la semaine, se désespère Florence. Ils ne voient que les bénévoles ou leurs professionnels de santé quand il y en a. Là, on parle vraiment de mort sociale parce qu’ils ne discutent pas plus de cinq minutes par semaine avec un autre être vivant."

Claude a perdu son épouse, malade d'Alzheimer, il y a trois mois. "Depuis un an, je suis tout seul dans ma maison, une grande maison." Alors ce repas de Noël au restaurant, entouré, permet de rompre "le blues" du quotidien. "Ça faisait longtemps que je n’avais plus mangé avec personne, confie le retraité. Je perds l’appétit et je parle avec les murs."

Je ne souhaite à personne de souffrir ce que j’ai souffert. La solitude, c’est terrible. On ne se rend pas compte. J’ai essayé de passer outre et je n’ai pas pu.

Claude

"Je retrouve du monde et ça me fait du bien"

Chantal est ch’ti. "Ma famille est dans le Nord mais on ne se parle plus." Elle s'est installée "dans le Sud" en 1996. "Je vis seule avec ma chienne et un chat errant", décrit celle qui se dit pourtant "très sociable". Ravie de manger du rôti de bœuf, l'initiative de l'association à l'occasion des fêtes lui plaît : "Je suis très sociable, j’adore les gens, je les fais rire, je suis comme ça !"

À entendre Marie assise de l'autre côté de la table, l'initiative fait l'unanimité. "On a tous des problèmes personnels, là c’est vraiment une journée en dehors du temps ordinaire." Créée en 1946, l'association Les Petits frères des pauvres comptent aujourd'hui 12 000 bénévoles à travers la France.

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