Bruxelles veut aider les Etats de l'UE confrontés à des arrivées massives de réfugiés

L'Union européenne va proposer d'aider financièrement les Etats membres confrontés à des arrivées massives de migrants tandis que les autorités françaises poursuivaient le démantèlement de la "jungle" de Calais et que des milliers de migrants restaient bloqués à la frontière gréco-macédonienne.

La proposition que doit présenter à la mi-journée la Commission européenne à Bruxelles est sans précédent : il s'agit de pouvoir fournir une aide humanitaire, non plus seulement à des pays tiers pauvres, mais désormais à des membres de l'UE.

Selon des fuites, l'enveloppe budgétaire globale que va proposer l'exécutif européen est d'environ 700 millions d'euros sur trois ans, dont 300 millions en 2016, pour aider les pays européens confrontés à des risques de crise humanitaire.

La Grèce, notamment estime avoir besoin de près de 500 millions d'euros pour organiser l'accueil de 100.000 réfugiés et tente de gérer une situation devenue intenable à sa frontière avec la Macédoine où des milliers de migrants sont bloqués par les restrictions imposées à leur accès par plusieurs Etats européens.

En plein démantèlement de la "jungle"

Dans la "jungle" de Calais, le plus grand bidonville de France, qui regroupe surtout Syriens, Afghans et Soudanais attendant de pouvoir franchir la Manche vers l'Angleterre, les migrants se montraient récalcitrants à l'idée de gagner des centres d'accueil répartis sur le territoire. Beaucoup avouaient leur impuissance. "On nous laisse comme ça dans le froid et l'hiver", fustigeait l'un d'entre eux.

Le démantèlement des abris de fortune s'est poursuivi dans une zone habitée majoritairement par des Soudanais. Lundi, des heurts avaient opposé migrants et militants associatifs aux policiers anti-émeutes. La situation est restée tendue mardi, mais sans violence notable. Pour vider la zone concernée, soit près des deux tiers du camp, "on prendra le temps nécessaire", a assuré Vincent Berton, représentant local du gouvernement, en évoquant "trois semaines, un mois". La zone en cours de destruction abrite entre 800 et 1 000 migrants selon le gouvernement, 3.450 selon les associations.

La justice a demandé aux autorités d'épargner "lieux de culte" et "lieux de vie" (école, centre juridique...), ont rappelé des militants associatifs.

Migrants bloqués en Grèce

Dans le sud de l'Europe, plus de 7.000 migrants sont restés bloqués au poste grec d'Idomeni après des restrictions imposées par plusieurs pays, dont la Macédoine, sur le nombre des personnes autorisées à entrer sur leurs territoires, un sujet qui divise profondément l'UE. Après un passage au compte-gouttes dimanche en Macédoine, un groupe de 300 Irakiens et Syriens, dont des femmes et enfants, ont forcé lundi un cordon policier grec et enfoncé une partie de la barrière de barbelés. Les policiers macédoniens ont riposté au gaz lacrymogène.

Alors que la Commission européenne s'est dite "très inquiète" face à ces incidents, la Macédoine a justifié les tirs de gaz en évoquant "une tentative violente" d'intrusion. Skopje a également dépêché des renforts militaires et policiers. La Macédoine est le premier pays sur la route des Balkans, empruntée par les migrants qui arrivent sur les îles grecques en provenance des côtes turques. Lors d'une visite à Madrid, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a à nouveau dénoncé mardi soir les restrictions imposées aux migrants aux frontières dans les Balkans, qui ne "sont pas conformes au droit international ou à la décence humaine". Plus de 131 000 migrants sont arrivés en Europe par la Méditerranée depuis début janvier, a annoncé le Haut-commissariat aux réfugiés, davantage que pour les cinq premiers mois de 2015.

Athènes appelle à l'aide

En première ligne, Athènes a lancé un appel à l'aide mardi. "Nous ne sommes pas en mesure de faire face à l'ensemble des réfugiés qui arrivent", a prévenu la porte-parole du gouvernement Olga Gerovassili. La Grèce, qui abrite actuellement 23.000 migrants, a prévu d'en renvoyer 308, principalement marocains, algériens et tunisiens, dans le cadre d'un "accord de réadmission" entre Athènes et Ankara, et en a déjà renvoyé 150 mardi. En Italie, une douzaine d'associations ont dénoncé le traitement des nouveaux arrivants dans les "hotspots", centres d'enregistrement mis en place à la demande de Bruxelles.

A Berlin, quelque 2 200 réfugiés et bénévoles ont toutefois assisté mardi soir à un concert unique donné en leur faveur à la prestigieuse Philharmonie de Berlin. Pour tenter de mettre fin à la cacophonie européenne, le président du Conseil européen, Donald Tusk, a entamé mardi à Vienne une tournée dans les Balkans et se rendra jeudi et vendredi en Turquie avant un sommet européen le 7 mars à Bruxelles auquel assistera Ankara.

Parallèlement, des sources diplomatiques ont indiqué à l'AFP que les navires de l'Otan envoyés en mer Egée pour surveiller les réseaux de passeurs de migrants entre la Turquie et la Grèce ne s'étaient toujours pas déployés dans les eaux turques, faute d'autorisation d'Ankara. Le chef des forces de l'Otan en Europe, le général Philip Breedlove, a de son côté accusé Moscou et Damas "d'utiliser délibérément" le flot des réfugiés syriens comme une arme pour déstabiliser l'Europe.
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