Calais : une nuit presque calme avant la poursuite du démantèlement

Alors que se poursuit le démantèlement de la "jungle" de Calais, la nuit de mardi à mercredi s'est déroulée sans heurts, mais des tentes ont pris feu et des migrants ont tenté de rejoindre la rocade de la ville.

La nuit de mardi à mercredi a été calme et sans violence aux abords de la "jungle" de Calais, dont le démantèlement de la partie sud doit se poursuivre mercredi. "Un dispositif sécuritaire renforcé a été mis en place autour du campement pour éviter des assauts sur la rocade de la part de migrants, celui-ci a été efficace", a inqdiqué la Préfecture du Pas-de-Calais à l'AFP. Quelques migrants ont néanmoins été empêchés entre 3h et 5h de quitter le plus grand bidonville de France, où survivent entre 3 700 et 7 000 personnes selon les sources, pour éviter qu'ils essayent d'atteindre la rocade portuaire.

Interventions des pompiers

Les pompiers ont dû réaliser plusieurs interventions dans la nuit pour des feux de tentes, sans que l'on sache si ceux-ci étaient volontaires ou dus aux fortes rafales de vent et au grand froid que subit la partie nord de la France. Le démantèlement de la zone sud de la "jungle" de Calais devrait reprendre mercredi matin pour la troisième journée. Lundi, le début du démantèlement avait été marqué par une série de violences, notamment des heurts entre migrants, militants du collectif No border radicalement
opposé aux politiques de contrôle de l'immigration, et forces de l'ordre, du début d'après-midi jusqu'en soirée. Mardi, la suite des travaux s'était toutefois réalisée dans le calme.


Sous leur regard impuissant et résigné, une vingtaine d'ouvriers d'une société mandatée par l'Etat ont commencé avant 09 heures mardi à déblayer le terrain des abris de fortune, laissés vides, dans un nouveau périmètre de la zone sud jouxtant celui où ils étaient intervenus lundi. Impossible toutefois de savoir combien d'hectares ont déjà été "traités" par ces agents, sur les huit concernés par l'opération. Par un froid glacial, les ouvriers, aidés de deux pelleteuses qui faisaient table rase de ces cabanes ou caravanes, progressaient sous la protection d'un important cordon de CRS.

"Cela ne nous fait pas peur"

Leur travail n'est pas sans à-coups : il faut en effet d'abord convaincre les occupants de partir, "un travail de persuasion" selon le sous-préfet de Calais Vincent Berton, mené tant bien que mal par les équipes de maraudes sociales, composées de fonctionnaires et d'humanitaires. "Vous devez prendre vos affaires et partir, la police va venir", expliquait ainsi un membre de ces maraudes à un groupe de migrants soudanais. "Nous avons déjà connu la prison et les tortures, cela ne nous fait pas peur!", lui ont-ils répondu, refusant de rejoindre l'un des 102 centres d'accueil et d'orientation (CAO) disséminés partout en France ou d'emménager dans le Centre d'accueil provisoire (CAP), des conteneurs chauffés en périphérie de la "jungle", où ils craignent, disent-ils, de devoir laisser leurs empreintes digitales.

A chaque fois, des attroupements se forment, l'avancée est stoppée, et "pour le moment, on les laisse sur place", explique le sous-préfet. "La plupart vont surtout trouver un abri temporaire dans la zone nord de la jungle", explique un volontaire du Secours catholique. "En attendant de tout simplement reprendre la route, certains vers la ville voisine de Dunkerque, dans des squats qu'ils sont en train de repérer dans le coin, ou je ne sais où..."

Lundi, selon la préfecture, 43 migrants ont toutefois été acheminés vers deux CAO près de Bordeaux et Montpellier. Ils n'étaient que cinq vendredi, au lendemain de la décision du tribunal administratif de Lille d'autoriser l'évacuation de la zone sud de la "jungle", où vivent entre 800 et 1 000 migrants selon la préfecture mais 3 450 selon les associations. Au nombre d'une centaine, selon une source proche du dossier, les militants d'ultra-gauche du collectif No border ont multiplié les interventions lundi pour dissuader les réfugiés d'accepter ces propositions, tentant de les empêcher de monter dans les cars.

"Nous ne considérons pas que maintenir des personnes en situation précaire corresponde à un idéal humanitaire", a assuré Bernard Cazeneuve lors d'un débat organisé mardi soir au Sénat sur l'accueil des réfugiés en Europe. Plus tôt le ministre avait dénoncé mardi "l'activisme d'une poignée" de ces militants "extrémistes et violents", qui a rendu "nécessaire", selon lui, la présence de policiers. Leur activisme "ne changera rien" à la détermination de l'Etat de mener à bien l'opération, a ajouté M. Cazeneuve.

Après les Soudanais, les Érythréens et les Afghans

Mardi, deux No border, une Allemande et un Anglais interpellés lundi et soupçonnés de "dégradations par incendie", étaient toujours en garde à vue, selon le parquet de Boulogne-sur-Mer. "Il y a eu des blessés parmi les forces de l'ordre lundi. Les No border doivent être condamnés", a tweeté mardi Xavier Bertrand, président Les Républicains de la région Nord-Pas-de-Calais/Picardie.

Des associations d'aide aux migrants, dont le Secours catholique, ont critiqué mardi soir le démantèlement par la force de la "jungle", estimant que l'Etat ne respectait pas "ses engagements". Après les Soudanais, ce devrait être au tour des Érythréens. On les trouve massés autour de leur église orthodoxe, aux inscriptions en guèze (leur langue liturgique) sur son portail bleu ciel. Puis viendra le moment d'expulser les Afghans. Et là, ce sera une autre affaire. Avec leurs restaurants et leurs épiceries, mais aussi une forte capacité de mobilisation, les centaines de ressortissants du "royaume de l'insolence" ne se laisseront pas faire facilement, prévient un bon connaisseur du camp.
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