"Votez !" Les appels à la mobilisation se multiplient à deux jours du premier tour des élections régionales dimanche, pour tenter de faire barrage au Front national, en mesure de s'imposer dans plusieurs régions.
"Voter, c'est résister", "C'est le moment de se faire entendre" : les slogans fleurissent dans la presse et les meetings au terme d'une campagne considérablement réduite après le drame des attentats du 13 novembre.
Un scrutin que le FN, donné gagnant dans deux, voire trois régions, en cas de triangulaires au second tour, aborde en position de force, face à une gauche en net recul et une droite qui peine à endiguer la poussée de l'extrême droite. Pour son unique meeting d'avant premier tour jeudi soir à Paris, Manuel Valls a appelé à "voter massivement" et "revendiqué le patriotisme" pour mobiliser les électeurs. Marine Le Pen, la présidente du FN, a de son côté accusé le Premier ministre de mener "la guerre totale" contre son parti.
Les appels au vote anti-FN ont également fusé à droite, dont les têtes de listes ménagent un éventuel report des voix de gauche au second tour. Pour Nathalie Kosciusko-Morizet, numéro deux des Républicains, face au Front national, "la responsabilité, ce n'est pas de rester tétanisé devant les sondages, en attendant que ça se passe, c'est de se bouger, de se bouger tous pour que, dimanche, on infirme les sondages".
Un maximum de triangulaires
Mobilisation également des syndicats, dont la CGT et la CFDT, pour qui le FN est "une impasse économique, sociale et démocratique". Donné en tête au premier tour avec 30% des intentions de vote, devant les listes de la droite et du centre à 29% et le PS à 22%, selon deux enquêtes, Ipsos et Odoxa,le FN renforce partout ses positions. En cas de triangulaire au second tour, il est désormais donné gagnant par Ipsos dans trois régions, Paca, Nord-Pas-de-Calais Picardie, mais aussi en Alsace-Champagne-Ardennes-Lorraine.
Au second tour, la droite et le centre (Les Républicains-UDI-MoDem) devanceraient la gauche (PS-EELV-FG-PRG) au plan national, avec 36% des voix contre 34%, et le FN, stable à 30%.
Crédité partout de plus de 10% d'intentions de vote, ce dernier semble en mesure de se maintenir au second tour dans 12 régions métropolitaines et d'imposer autant de triangulaires.
La question du retrait, du maintien, voire de la fusion des listes -de gauche comme de droite- arrivées en 3e position dans les régions où le FN peut l'emporter, sera donc dès dimanche soir au coeur des discussions des états-majors qui vont être confrontés à des choix douloureux. Après avoir consulté ses partenaires et têtes de listes, le Parti socialiste réunira dès 21H30, un bureau national extraordinaire qui "fixera la ligne", puis fera connaître sa position.
800.000 inscrits de plus pourront voter
Créditées de 6% au premier tour par l'Ifop, les listes Europe Ecologie-Les Verts et celles du Front de Gauche à 4,5%, constituent de réelles réserves de voix à gauche pour le second tour. Ce dont la droite manque cruellement.Les Républicains réuniront quant à eux leur bureau politique lundi à 11H00 pour "valider une position unanime du mouvement sur la stratégie du second tour". Mais Nicolas Sarkozy a déjà prévenu: "Nous maintiendrons nos listes partout où nous serons en position de les maintenir."
Organisé pour la première fois dans le cadre des 13 grandes régions métropolitaines nées de la réforme territoriale -contre 22 précédemment-, le scrutin doit permettre de désigner 1.757 conseillers régionaux et 153 conseillers territoriaux (Corse, Guyane et Martinique) parmi 21.456 candidats répartis sur 171 listes. La mobilisation est un enjeu majeur à la veille d'un scrutin qui n'a attiré en 2010 qu'environ un Français sur deux.
Les candidats pourront compter sur l'apport de 800.000 Français, "qui auraient été mal inscrits ou non-inscrits", selon le ministère de l'Intérieur, et ont profité de la prolongation de la période d'inscription sur les listes électorales pour pouvoir voter. Une mesure qui a permis à ceux qui ont atteint la majorité au cours des neuf premiers mois de l'année de s'inscrire. Sans que l'on sache à qui ce rajeunissement de l'électorat peut profiter.