Le PS, en mauvaise posture dans la plupart des régions, entretient soigneusement le mystère sur ses intentions pour le deuxième tour des régionales, réservant sa réponse pour dimanche soir, et assurant toutefois qu'il fera tout pour faire barrage au Front national.
D'après un sondage Ipsos/Sopra Steria pour le Cevipof et Le Monde publié jeudi, le FN est en position de l'emporter en cas de triangulaire dans trois régions : Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine, Nord Pas-de-Calais-Picardie, Provence-Alpes-Côte d'Azur.
Maintien ou retrait ? A ces questions, la direction du PS renvoie au bureau national, l'instance dirigeante du parti, qui se tiendra dimanche soir, après consultations avec les têtes de liste et les partenaires du PS, pour arrêter sa position pour le deuxième tour.
"Le bureau national se réunira à 21H30 (dimanche), Jean-Christophe Cambadélis s'exprimera à l'issue. Il fixera la ligne", a affirmé un cadre du PS à l'AFP. La "fumée blanche" pourrait toutefois ne sortir que tard dans la nuit : les intérêts des responsables locaux ne concordent pas forcément avec ceux de Solférino, un retrait signifiant la disparition pure et simple des forces de gauche des assemblées régionales. Le PS doit aussi s'accorder avec ses partenaires : si la secrétaire nationale d'EELV Emmanuelle Cosse est prête à retirer ses listes, le Parti de gauche s'y refuse, a priori.
Troisième paramètre du casse-tête : Solférino est défavorable à toute idée de fusion, quand Matignon ne l'exclut pas, malgré le refus réitéré mercredi du parti Les Républicains. "Si le désistement (pour empêcher le FN) ne suffit pas, il faut réfléchir à la fusion. Les valeurs d'abord, les mathématiques ensuite", a encore affirmé jeudi un proche de Manuel Valls.
'Prendre ses responsabilités'
Les mathématiques, justement, ne semblent pas forcément donner un avantage décisif à la solution de la fusion. Selon un sondage BVA publié dimanche, en cas de retrait de la gauche dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie, la présidente du FN Marine Le Pen l'emporterait face à la droite, avec 52% des voix contre 48. Même chose en cas de fusion (51% contre 49%).La situation est d'autant plus complexe dans cette région que le total gauche (PS + EELV + PCF) est annoncé devant la liste conduite par Xavier Bertrand. Comment, dans ce cas, convaincre le socialiste Pierre de Saintignon et ses partenaires de se retirer ? "Nous verrons dimanche soir, où nous en sommes et chacun devra prendre ses responsabilités. Mais si la gauche est devant la droite républicaine, il faudra que la droite républicaine la prenne (sa responsabilité, NDLR)", a affirmé jeudi la maire PS de Lille Martine Aubry.
Dans le Grand Est, la droite devrait sortir gagnante d'un duel avec le FN ; et en Paca, un sondage BVA donnait dimanche Christian Estrosi à 50-50 face à Marion Maréchal-le Pen dans cette configuration. En attendant le verdict des urnes, la direction du PS multiplie les appels à voter, consciente que la participation de l'électorat socialiste, fortement bousculé depuis le début du quinquennat par la politique de l'exécutif, sera déterminante.
Jeudi soir, en meeting au côté de Claude Bartolone, le premier ministre Manuel Valls a appelé les Français à "voter massivement" faisant de cette mobilisation la meilleure réponse aux attentats du 13 novembre. Le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, a aussi renvoyé par avance
la droite à ses propres responsabilités. "Nous sommes seuls, puisque la droite ne veut pas faire, ni le Front républicain, ni la fusion (...) Ils ne sont pas pour le désistement, ils ne sont pas pour la fusion, ils ne sont pas pour l'accord technique. Bref, ils ne sont pas pour prendre une mesure contre le Front national."
Une réunion du Bureau politique des Républicains est prévue lundi matin pour définir leur stratégie pour le deuxième tour.