Evoquée mercredi par son entourage, l'idée de Manuel Valls de fusionner les listes Parti Socialiste et Les Républicains au second tour des régionales en Nord Pas-de-Calais / Picardie pour faire barrage à Marine Le Pen et au Front National suscite de vives réactions, à gauche comme à droite.
Levée de bouclier à gauche
Au Parti Socialiste, c'est déjà la levée de bouclier. "C'est une très bonne idée, on voudrait faire gagner le FN qu'on ne s'y prendrait pas autrement", a ironisé Martine Aubry, maire de Lille, interrogée par Europe 1. Pierre de Saintignon, tête de liste socialiste en Nord Pas-de-Calais / Picardie, a carrément demandé au Premier ministre '"d'arrêter de tenir des propos qui nuisent à ma campagne". Le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis a appelé jeudi "tous les socialistes", y compris Manuel Valls, à la "cohérence" et à "se concentrer sur le premier tour". "Je n'ai pas l'habitude de mettre mon caleçon après mon pantalon", a-t-il déclaré sur RFI. "Il faut faire les choses dans l'ordre. Il y a un premier tour et un deuxième tour. J'appelle l'ensemble des socialistes à se concentrer sur le premier tour. Tous les socialistes. Parce que trop de confidences nuit à la cohérence. La cohérence, c'est de battre la droite et l'extrême-droite dès le premier tour. (...) Moi, je pense que dans le Nord-Pas-de-Calais/Picardie, Pierre de Saintignon sortira en tête des partis républicains, et que la question sera posée à la droite et pas à la gauche. En tous les cas je me bats pour ça, je ne me mets pas dans la situation où Marine Le Pen aurait gagné les élections régionales. Je ne suis pas un défaitiste, je suis un combattant."Sur RTL, Cécile Duflot, d'Europe Ecologie Les Verts (EELV) estime que cette hypothèse "n'a pas de sens". "Je ne l'ai jamais entendu exprimer cela publiquement, mais si c'était le cas, ce serait un peu vertigineux. Ce qui est sûr c'est que les écologistes n'ont jamais barguigné leur esprit de responsabilité face au Front national. Chez nous, il n'y a pas d'ambiguïté, il faut tout faire pour faire battre le Front national. (...) On fusionne avec des listes avec lesquelles on peut passer des compromis et faire un projet. Si on est dans une logique où effectivement on donne raison au Front national qui parle sans cesse de "'UMPS", je pense que c'est se tirer des balles dans le pied. Dans l'hypothèse où il y aurait une triangulaire, avec un risque trop important que Marine Le Pen gagne, il faut se retirer, comme on l'a déjà fait dans le passé, c'est aussi simple que ça."
"Même pas en rêve" pour la droite
Du côté des Républicains, même hostilité. "Même pas en rêve", a signifié sur RMC Gérald Darmanin, député-maire de Tourcoing et proche de Xavier Bertrand, la tête de liste aux régionales. "Les habitants qui ne souhaitent pas voir une victoire de Mme Le Pen doivent savoir que la seule alternative possible est Xavier Bertrand. (...) Je vois bien que M. Valls ne sait plus très bien comment habiller la future défaite de son candidat, qui n'est pas très soutenu c'est le moins que l'on puisse dire. (...) Evidemment que nous disons non à toute fusion. (...) "En revanche, pendant cette campagne, il est important de rassembler. Donc si des électeurs déçus de François Hollande, déçus de la gauche souhaitent faire l'alternative politique avec Xavier Bertrand, qu'ils votent pour nous"."C'est une idée qui n'a aucun sens", estime sur BFMTV l'ex-Premier ministre François Fillon. "Le Front national monte parce que les Français sont insatisfaits de leur vie quotidienne. Dire aux Français qu'on va fusionner avec ceux qui gouvernent, c'est la meilleure façon de faire monter le Front national encore un peu plus".
Marine Le Pen se "réjouit"
Le Front National, lui, s'amuse de cette proposition de fusion entre Socialistes et Les Républicains. "Ça me réjouit", ironise sur France Bleu Nord sa présidente Marine Le Pen, tête de liste aux régionales en Nord Pas-de-Calais / Picardie . "Au moins, les choses sont claires. Cela fait des années que nous disons que la proximité politique entre l'UMP et le PS crée des ponts qui conduiront à une fusion. Et bien ce moment est arrivé.(...) Moi j'ai confiance dans les Français pour sanctionner ce qui est en réalité un parti unique, qui les a pillés, jetés dans la misère, le chômage et la précarité et qui est incapable de les protéger depuis des décennies"."Ils peuvent s'allier s'ils veulent avec Les Républicains dans les régions, c'est la même chose", a commenté sur France Inter Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout La France. "La gauche a oublié le peuple et la droite a oublié la nation et ils s'étonnent après de voir le Front National monter."