Rio 2016 – Paralympiques : les secrets de Solenn Thieurmel

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Les Jeux paralympiques 2016 arrivent à grand pas. A cette occasion, la rédaction web de France 3 vous présente les six sportifs du Nord et du Pas-de-Calais qui défendront les couleurs bleues à Rio. Aujourd’hui Solenn Thieurmel, bretonne exilée à Berck, néo internationale intimidée.

On chante qu’« ils ont des chapeaux ronds ». Les Bretons prêtent au Pas-de-Calais une handi basketteuse qui sous le chapeau à la tête bien faite. Solenn Thieurmel, pivot de l’avenir basket de Berck, va disputer ses premiers Jeux paralympiques en septembre à Rio. Elle y découvrira par la même occasion l’équipe de France : "C’est magique de participer aux jeux olympiques. C’est un monde à part. J’ai du mal à réaliser. On va faire de notre mieux pour rivaliser avec des professionnels. A nous d’imposer notre jeux et montrer qu’on progresse. De mon côté j’espère éviter de me mettre trop de pression. »

D’une balle à l’autre

A 25 ans, Solenn ne se précipite pas. Elle prend le temps de répondre en toute décontraction. Adolescente, elle sautait pour renvoyer les balles au-dessus du filet. Mais son genou a lâché. « J’ai fait ma rééducation au Mans (Sarthe) et j’ai pris part à des activités de basket fauteuil. L’équipe du Mans nous a fait une démonstration et m’a ensuite proposé de m’entraîner avec eux. » Libérée de son genou capricieux, Solenn s’y retrouve, avec une balle orange un peu plus solide en main et quelques bousculades à la clé. « J’ai retrouvé l’esprit d’équipe. Mais il ne faut pas avoir peur des contacts. » Des chocs ou des manipulations hasardeuses des fauteuils peuvent faire tomber les sportives.

De drôles de fauteuils et beaucoup de stratégie

Le parquet ne diffère pas et les règles principales non plus : il faut introduire le ballon dans un panier à 3,05 mètres de hauteur. Tâche ardue pour des basketteuses exclusivement assises : « Plus on est grande mieux c’est », reconnaît Solenn. Il devient donc indispensable de mettre la lanceuse dans les meilleures conditions. « On joue avec deux grandes pivots, une meneuse qui progresse avec le ballon et deux autres électrons libres. On crée des associations sur le terrain en fonction des qualités des filles. On joue les unes pour les autres. On a besoin de chacun pour inscrire des paniers. »
Le fauteuil ne frustre pas Solenn : « Je prends mon fauteuil comme je jouerais avec une raquette. Je le vois comme un outil de jeu et non comme un handicap. » Les fauteuils ne gênent ni ne contraignent les joueuses. Ils s’adaptent au handicap, au post et même aux qualités de chaque basketteuse. « De grandes roues inclinées sur les côtés et des petites roues à l’avant et ou à l’arrière nous évitent de se retrouver par terre lorsqu’on se jette en allant chercher un ballon. Certaines ne disposent que d’une seule roue arrière pour pivoter plus facilement. » Ces fauteuils modulables répondent au besoin de stabilité et de rapidité des joueuses.

« Il faut jongler, on se débrouille »

Contrairement aux sportifs valides, les handisports ne profitent pas toujours d’aménagements de leur emploi du temps pour travailler leur condition physique. Solenn s’accroche et regrette de manquer de carte en main pour perfectionner son basket. « Toutes les joueuses figurent sur la liste de sportive de haut niveau de la fédération à des échelons différent. Le contrat de certaines leur permet de jouer avec leurs jours d’absences en accord avec leur employeur. Moi j’ai une aide de la fédération mais mon statut m’empêche de prétendre en vivre. » La Bretonne continue ses études de kiné à Liévin. « Il faut jongler entre les 3 à 5 entraînements avec notre club de basket, les études, mon travail à l’hôpital, de la musculation chez moi et des séances de piscine. Difficile de tout concilier. On se débrouille.  »

« Elle va faire des dégâts »

Perfectionniste, Solenn retourne régulièrement en Bretagne et se sent soutenue. « La mairie m’épaule et me met à disposition une salle pour m’entraîner. C’est agréable. » Lorsqu’elle ne s’y trouve pas, on devine aisément d’où elle vient. « Je suis têtue, on me dit souvent que c’est mon côté breton qui ressort. » Elle n’a jamais joué en équipe de France mais elle maîtrise déjà son environnement et la plus expérimentée des joueuses de l’équipe de France, Fabienne Saint-Omer-Delepine, loue ses qualités. « Elle fait une progression fulgurante, y compris dans sa tête. C’est une jeune pivot qui va faire des dégâts. »

Du loisir au sérieux

Volleyeuse, Solenn avait des ambitions. Elle rêvait constamment du haut niveau. Mais son problème au genou a tout bousculé dans sa tête. « J’avais fait le deuil du haut niveau. Je faisais du basket pour le loisir mais je n’imaginais pas aller plus loin. L’an dernier la manager de l’équipe de France m’a appelé. Je ne m’y attendais pas du tout. Je l’ai perçu comme un déclencheur qui me prouvait que tout était possible. Maintenant, c’est à nous d’enflammer les réseaux sociaux pour faire parler de nous. Après la pétition pour une meilleure couverture des jeux paralympiques en 2012, je suis certaine qu’on profitera d’une meilleure visibilité cette année ». Même si elles ne figurent pas parmi les favorites, rendez-vous le 8 septembre sur le chemin d’une médaille et des possibles.
Dates clés
15 juin 1991 : Naissance à Quimper
2014 : championne de National 1C avec l’avenir basket de Berck
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