Le Ségur de la santé s’ouvre ce lundi 25 mai au ministère de la Santé. Pendant 7 semaines, cette concertation avec les représentants du monde médical a pour vocation de refonder le système de santé français.
Ils sont plus d’un demi-million en France et ont passé plus de deux mois en première ligne face à la pandémie de coronavirus. Les infirmiers et infirmières étaient déjà en colère avant l’épidémie, ils le sont d’autant plus après avoir dû assumer les défaillances d’un système de santé en crise.
Ce lundi 25 mai, une concertation s’ouvre avec près de 300 représentants du monde de la santé afin de refonder le système de soins français. Un "Ségur de la santé" qui ouvrira de nombreux dossier (temps de travail, réforme des investissements de l’Etat…) et que Frédéric Herbet, infirmier au foyer de vie de Frocourt dans la Somme, attend comme la plupart de ses confrères et consoeurs.
Il serait insupportable pour nos concitoyens, pour les médecins, les infirmiers, les aides-soignants, que cette crise du #COVID19 ne soit pas l’occasion de changements radicaux.
— Edouard Philippe (@EPhilippePM) May 25, 2020
?Lancement du “Ségur de la Santé”. pic.twitter.com/nNQWnhIamf
Revalorisation salariale
Les failles du système de santé, Frédéric Herbet les connaît bien. L’établissement dans lequel il travaille a recensé 60 cas de coronavirus sur les 140 résidents et le personnel qui les accompagne. A 52 ans, il a travaillé dans la fonction publique hospitalière pendant 20 ans et est infirmier depuis 15 ans. Aujourd’hui, son salaire avoisine les 2 000 euros."Cela fait des années qu’on est bloqué au niveau salarial", affirme l’infirmier. Parce que tout travail mérite salaire, il estime que la reconnaissance dont il a tant été question pour le personnel soignant doit aussi passer par une meilleure rémunération. "Certains collègues gagnent 1 500 euros, et on leur demande parfois de faire 30 heures de plus dans la semaine. Pendant la crise certains ont même dormi sur leur lieu de travail."
Si une prime leur a bien été promise par le gouvernement, la mise en application de cette promesse semble en réalité plus compliquée. "Quand on a demandé des précisions à notre direction, elle nous a dit qu’elle ne savait rien, mais que l’on aurait des places pour un parc d’attraction", témoigne l’infirmier.
La menace d’une mobilisation importante
Après la crise qu’a traversé le pays, ce Ségur peut avoir des airs d’invitation au dialogue et à l’apaisement. Pourtant, il s’ajoute à de nombreuses promesses qu’il faudra commencer par tenir. "Si le gouvernement ne le fait pas et que les directeurs des établissements ne répondent pas aux demandes, il faudra s’attendre à un très gros mouvement", affirme Frédéric Herbet.Selon lui, les engagements financiers pris par l’Etat ne pourront être respectés. "On nous promet beaucoup de choses mais derrière il n’y a rien, remarque-t-il. On nous sort des décrets qui ne sont pas urgents. Des promesses sont faites sans qu’il n’y ait d’argent, sur rien. Le gouvernement risque de s’en mordre les doigts." Pour espérer éviter une nouvelle vague de contestations et répondre aux attentes des personnels soignants, l’Exécutif dispose de sept semaines à compter de ce lundi 25 mai.