La section cadet de l'équipe de hockey subaquatique Lille-Corbie a été sacrée championne de France dimanche 14 mai 2023. L'occasion de découvrir ce sport méconnu, stratégique et technique dans lequel cohésion et entraide sont les maîtres-mots.
"Gagner cette finale était incroyable ! C'était quelque chose de magique quand a sonné la fin du match et qu'on a compris qu'on était champions de France. On ne pensait pas qu'un petit club comme le nôtre pouvait aller aussi loin dans la compétition." Près d'une semaine après le sacre de son équipe, Mathieu, 15 ans, a encore du mal à réaliser ce qu'il s'est passé dimanche dernier.
Le 14 mai 2023, la section cadet du bi-club Lille-Corbie - qui représentait les Hauts-de-France aux championnats de France de hockey subaquatique organisés à Pontoise, dans le Val d’Oise - a remporté l'or dans sa catégorie. Une victoire que les hockeyeurs du club des Jeux subaquatiques du canton de Corbie (JSCC), dans la Somme, partagent donc avec ceux du club de Lille (Nord).
Un titre presque inespéré pour le club puisque la section jeune des JSCC n'a été créée qu'en 2020, en plein covid. "Ça a été un peu compliqué au début car c'est un sport de contact", confie Cyrille Caffin, entraîneur bénévole et créateur de la section jeune des JSCC. Cette victoire, le club la savoure d'autant plus que les dernières minutes du match ont été haletantes, Lille-Corbie ne jouant plus qu'à quatre au lieu de six. "La finale était chargée en émotions", constate l'entraîneur.
"On s'amuse très rapidement"
Dans la famille de Mathieu, le hockey subaquatique, on connaît. Son père le pratique depuis dix ans au club des JSCC. "L'eau est mon élément et c'est vraiment un sport original mais aussi technique dans la pratique de l'apnée. On joue entre potes, on touche au monde de la compétition et on fait des rencontres", se réjouit l'adolescent.
Comme lui, Thomas, 15 ans, a intégré le club à ses débuts. Le jeune nageur ne connaissait ce sport que de nom mais y a vite pris goût. "C'est un sport plutôt complet entre la partie aquatique, l'apnée, et la gestuelle avec le palet", explique-t-il. S'il reconnaît que les premières séances peuvent être compliquées, il le garantit : "on s'amuse très rapidement".
Les règles du hockey subaquatique
Le hockey subaquatique se joue en piscine, au fond de l'eau et en apnée. Deux équipes, composées chacune de six personnes, s'affrontent. Et jusqu'à quatre remplaçants se tiennent au bord de la piscine. Chaque équipe est composée d'une ligne avant (l'ailier-droit, l'avant-centre et l'ailier-gauche) et d'une ligne arrière (le pivot droit, l'arrière-centre et le pivot gauche).
Le palet, qui sert de balle, pèse 1,3 kg. Chaque équipe, à l'aide de petites crosses, doit essayer de marquer en envoyant le palet dans le but adverse, une sorte de rigole de trois mètres de long située à chaque extrémité de la piscine. Les joueurs se distinguent par des équipements blancs ou noirs, selon leur équipe. Ils portent des palmes, un masque, un tuba, un bonnet et des gants.
Un match est découpé en deux mi-temps de 8 à 15 minutes. Trois personnes arbitrent les rencontres, deux dans l'eau et une sur le bord de la piscine. Les spectateurs suivent la compétition sur des écrans ou parfois depuis le bassin.
La clef : cohésion et solidarité
Les deux jeunes cadets soulignent l'importance du collectif dans ce sport. "On a une très bonne entente au sein du club et un très bon relationnel entre les joueurs", observe Thomas, qui pointe le rôle de la "cohésion et de l'entraide" entre les joueurs, les coaches et les accompagnateurs qui ont, selon lui, rendu ce titre de champion de France possible. "Il y a une très bonne ambiance, une vraie solidarité, on ne peut pas laisser un coéquipier temporiser au fond de l'eau, il faut y aller", abonde Cyrille Caffin.
Un esprit d'équipe nécessaire puisque le hockey subaquatique demande une approche tactique. "Il faut avoir des notions de placement et établir une stratégie d'équipe. Comme on est sous l'eau, on ne peut pas parler donc tout doit être calé avant", explique l'entraîneur. "On met en place des tactiques avec le temps. On recherche l'automatisme au fond de l'eau", résume Thomas.
L'apnée est l'aspect le plus compliqué selon eux. "Les premières fois, on ressort épuisés des matchs mais ça se travaille", assure Thomas, qui joue en avant-centre. "Comme on est en effort physique, le corps consomme plus d'oxygène donc on ne peut pas rester très longtemps en apnée. C'est pour cela que l'on tourne régulièrement. À l'avant, c'est toutes les minutes voire un peu moins", détaille Mathieu.
Vers les championnats du monde
Les cadets semblent déjà se démarquer comme des sportifs prometteurs. "Ils avaient participé à un championnat junior en étant surclassé, avaient remporté un tournoi amical à Paris et se sont entraînés avec des hockeyeurs adultes débutants, ils ont donc beaucoup progressé cette année", se réjouit Cyrille Caffin.
Depuis 2022, Thomas joue même en équipe de France et s'entraîne quasi quotidiennement. S'il se qualifie, il pourrait participer aux championnats du monde de hockey subaquatique qui auront lieu en juillet 2024. Et Mathieu pourrait bien le rejoindre d'ici quelques mois. "En septembre, je suis invité à un stage France pour participer aux sélections pour les championnats du monde 2024. Je vais me donner une chance et maintenir mes efforts pour aller le plus haut possible", promet le jeune hockeyeur. En attendant les prochaines compétitions, l'équipe savoure son premier titre. Pour revivre la finale contre Combourg (Ile-et-Vilaine), regardez la vidéo ci-dessous.
Le club de Corbie compte une cinquantaine de licenciés jeunes et adultes. La section jeune en compte 25, dont un tiers de filles. Les seuls prérequis pour intégrer le club sont : savoir nager, être à l'aise sous l'eau, et avoir envie de pratiquer un sport d'équipe.