Ginette Kolinka, rescapée des camps de concentration : "ne m'applaudissez pas, c'est vous les passeurs d'histoire"

Ginette Kolinka, rescapée des camps de concentration nazis, a partagé son histoire mardi 16 janvier lors d'une conférence à Abbeville. À 98 ans, cette infatigable militante continue de témoigner pour que les générations futures n'oublient pas les atrocités commises pendant la Seconde Guerre mondiale.

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En avril 1944, Ginette Kolinka est arrêtée par la Gestapo et déportée à Auschwitz-Birkenau. Elle est alors âgée de 19 ans.

Après avoir survécu à l'horreur des camps, elle garde le silence sur son histoire pendant près de cinquante ans, avant de témoigner pour la première fois dans le cadre de la Shoah Foundation, fondée par Steven Spielberg. Depuis lors, elle consacre sa vie à préserver la mémoire de la Shoah et à combattre l'oubli.

Mardi 16 janvier à Abbeville, c’est avec cette histoire que Ginette Kolinka a ému l'assemblée en évoquant son séjour à Birkenau, sa fuite en Zone Libre et sa libération. "Ça ce sont les ruines des chambres à gaz. Ma baraque était à côté, sans que je le sache. Les chambres à gaz, tout le monde en parlait, il y avait l’odeur et la fumée, mais on ne savait pas où c’était. On ne pouvait pas le savoir parce que c’était des baraques qui étaient au-dessus et les chambres à gaz à l’intérieur."

Transmettre aux générations futures

La peur de la mort, les humiliations, les conditions d’hygiène inexistantes. Ginette Kolinka raconte son histoire depuis 20 ans à travers toute la France.

Face à elle, un jeune public captivé. "C’est vraiment quelque chose qu’il ne faut pas oublier, et qu’il faut transmettre aux générations futures, car c’est quelque chose qui a été terrible. Il faut continuer de transmettre l’histoire de Ginette Kolinka et espérer que cela ne se reproduise pas. Ginette a vécu des choses que personne dans cette salle ne peut imaginer vivre un jour", explique émue Margaud.

Pour sa camarade, Audrey, très émue par la perte du frère de Ginette et par le manque d’hygiène, la même idée d’un devoir de mémoire revient. "Mine de rien, raconter cette histoire, c'est un poids, mais je me sens fière de pouvoir transmettre son histoire. Quand j’en parlerai à mes enfants, que je dirai que j’ai entendu quelqu’un qui a vécu la Seconde Guerre mondiale, je serai fière."

Une tournée pour promouvoir "Adieu Birkenau"

La transmission de son histoire et de celle des 6 millions de victimes de la Shoah, c’est ce qui pousse chaque jour Ginette Kolinka à raconter son histoire aux jeunes générations. "Ne m'applaudissez pas, c'est vous les passeurs d'histoire" a d’ailleurs conclu la rescapée des camps.

Cette conférence à Abbeville s'inscrivait dans le cadre de sa tournée pour promouvoir un récent ouvrage auquel elle a participé : la bande dessinée "Adieu Birkenau", publiée en septembre 2023. Ce roman graphique relate les événements traumatisants vécus par l'auteure lors de sa déportation, apportant ainsi une nouvelle dimension à son témoignage. "Cette BD a pour but d’atteindre un public plus large, tout en rendant compte de manière la plus juste possible des faits. Nous avons travaillé en lien avec les historiennes de Birkenau. La BD permet d’intégrer des éléments visuels que l'on n'a pas dans un témoignage écrit, mais qu’on a dans cette BD. On peut presque reconstituer le camp, c’est d’ailleurs ce qu’on a fait", explique Jean-David Morvan, scénariste de la BD.

Cette diffusion à un large public, c’est ce qui a convaincu Ginette Kolinka, initialement réticente. "Ce n’était pas agréable pour moi de savoir qu’on allait faire de cette histoire tragique, une bande dessinée. La bande dessinée ça me rappelait ma jeunesse, c'étaient des histoires ridicules et qui faisaient rire, c’était Popeye. Mais j’ai changé d’avis, car cette bande dessinée se lit partout dans le monde. Même celui qui ne sait pas lire regarde les images et comprend. Donc je dis bravo à celui qui a eu cette idée de faire une BD de cette période tragique."

La conférence s'est terminée par un moment de grâce lorsque les élèves, profondément touchés par le récit de Ginette Kolinka, ont offert une interprétation émouvante du Chant des Marais. La survivante, qui dit ne pas pleurer sur son histoire, a tout de même versé une larme.

Un documentaire, intitulé Ginette, sur la vie et le combat de Ginette Kolinka, sera diffusé sur France 3 Hauts-de-France le 25 janvier à 22h50.

Avec Mathieu Maillet / FTV

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