"Le ras-le-bol est total" : grève des éboueurs à Abbeville à deux jours du passage de la flamme olympique

La flamme arrive à Abbeville et en baie de Somme ce jeudi 4 juillet. Depuis vendredi, les déchets ne sont plus ramassés à Abbeville et depuis lundi à Saint-Valery-sur-Somme. Les éboueurs protestent contre la suppression d'heures de nuit majorées et d'heures supplémentaires.

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Le piquet de grève des éboueurs s'est déplacé de la déchetterie aux rues d'Abbeville ce mardi 2 juillet. Les éboueurs ont notamment organisé une opération escargot pour sensibiliser et attirer l'attention sur leur mouvement de grève entamé vendredi dernier.

Depuis ce jour, ils ne ramassent plus les poubelles et dans l'agglomération, à certains endroits, les déchets s'accumulent déjà. En cause : la suppression d'heures de nuit majorées et d'heures supplémentaires.

"Les agents perdent près de 200 à 400 euros par mois"

Le manque à gagner est conséquent pour les 17 agents concernés. "Les agents perdent près de 200 à 400 euros par mois, explique un éboueur de l'agglomération d'Abbeville. Ils souhaitaient se faire entendre parce que ça fait depuis quelques mois que les négociations ont eu lieu, de vraies négociations viennent de débuter il y a quelques jours".

Très concrètement, "il n'y avait pas une histoire de prime, c'était une histoire d'heures supplémentaires et d'heures de nuit". Pour résumer, ils souhaitaient que les agents "aient des compensations parce qu'aujourd'hui, ils se retrouvent avec des salaires qui vont jusqu'à moins 400 euros. On parle bien de pouvoir d'achat".

C'est pourquoi lui et ses collègues, même ceux qui ne sont pas concernés, se battent à leurs côtés : "pour qu'ils soient reconnus au sein de la collectivité, que la collectivité puisse pourvoir un peu ce manque parce que les fins de mois vont être très difficiles pour chacun", redoute-t-il.

Le passage de la flamme "va être compliqué"

Lundi 2 juillet, des négociations ont eu lieu avec la direction. Celle-ci n'a proposé que 80 euros, puis 100 euros pour tous les salariés, jugés insuffisants pour les éboueurs qui en demandent au moins 140. "Ça fait une perte de 2 600 euros par an et il faut savoir que tout ce qui est heure de nuit, le minimum que des agents perdent, c'est entre 1 600 et 1 900 euros", note Benoît Boulart, chauffeur-éboureur de l'agglomération d'Abbeville.

Il souligne que les salaires sont déjà "très bas. On est dans une des déchetteries qui gagne le moins. Quand vous allez à Veolia, par exemple, c'est 1 800 euros par mois quand vous arrivez". Ici, néanmoins, même après "28-30 ans" d'ancienneté, les rémunérations s'élèvent "à 1 900 euros, prime confondue".

C'est un petit rappel à la flamme olympique qui doit passer. On doit normalement voir le meilleur visage d’Abbeville, c'est-à-dire avec des agents heureux, avec des habitants heureux d’accueillir cette flamme olympique. Aujourd'hui, on en est loin.

Jérôme Corbillon, éboueur de l'agglomération d'Abbeville

Benoît Boulart estime que le passage de la flamme "va être compliqué" et qu'il va "y avoir des soucis, ça, c'est sûr et certain. Les gars n'en ont plus rien à faire, le ras-le-bol est total".

Et quand on lui demande pourquoi il y a peu de poubelles dans les rues malgré leur mouvement de grève, il explique : "les gens ont été prévenus de ne pas sortir leurs poubelles". D'après le chauffeur-éboueur, les habitants d'Abbeville comprennent leur colère, certains "nous ont donné de l'argent pour une quête".

"Peut-être qu'on pourrait aussi rétropédaler"

De son côté, Robert Debray, conseiller communautaire en charge des déchets, dit que la direction est prête à revoir la situation. "Peut-être qu'on pourrait aussi rétropédaler sur ce sujet-là, on pourrait revenir sur la suppression à partir du mois de juillet par exemple", suggère-t-il.

Il avance aussi que ces primes étaient "des avantages que les employés avaient", mais qui n'étaient pas réguliers. C'est pourquoi ils ont été supprimés. "Ce n'est pas pour le plaisir de leur enlever quoi que ce soit, c'est tout simplement parce que ce n'était pas régulier".

On est rentré en négociation pour essayer de compenser, mais pour l’instant, on n’est pas arrivés à s’entendre sur les avantages qu’ils ont perdus et ce qu'on leur propose.

Robert Debray, conseiller communautaire en charge des déchets

Par exemple, si on prend l'heure de nuit que les employés touchaient entre 5 et 6 heures du matin, "ce n’était pas une heure de nuit, mais une heure complémentaire. Le coût n'est pas le même. Donc c'est vrai que c'est une diminution pour eux". Quant aux heures supplémentaires qu'ils percevaient auparavant, elles se sont transformées en heures à récupérer.

"On a quand même un problème financier qui est important, ce n'est pas nouveau. La Cour des comptes a signalé de grandes irrégularités, même au niveau de la gestion du service déchetterie. Donc il fallait revoir toutes ces choses relevées". 

On était à la limite de la mise sous tutelle, il ne faut pas l’oublier. Donc la direction générale, y compris le président, avaient l’obligation de redresser les finances. On n'y est pas parvenus, mais on travaille sur le sujet

Robert Debray, conseiller communautaire en charge des déchets

L'adjoint est conscient qu'il pourrait y avoir des mobilisations dans les jours qui viennent et se dit ouvert à d'autres négociations. Pour l'heure, il n'y a pas un coût arrêté. 

La déchetterie d'Abbeville reste donc fermée. Celles de Saint-Valéry-sur-Somme et de Cayeux-sur-Mer le sont aussi depuis lundi. Il n'y a pas de nouvelles négociations prévues pour le moment alors que ce jeudi, la flamme olympique passera en baie de Somme et à Abbeville.

Avec Grégoire Alcalay / FTV

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