Les associations et les pouvoirs publics picards, réunis jeudi 19 décembre pour un projet de Maison des femmes, en sous-préfecture d'Abbeville, espèrent que le retentissement du procès des viols de Mazan et le combat de Gisèle Pelicot vont servir à éveiller les consciences à plusieurs niveaux. Depuis le procès, la préfecture de la Somme a reçu des consignes.
Gisèle Pelicot aura suscité un immense respect et un immense espoir pour l'avenir. Jeudi 19 décembre, les associations et les et pouvoirs publics se réunissaient en sous-préfecture d’Abbeville, pour un projet de Maison des femmes. Certaines personnes scrutaient le rendu du verdict au procès des viols de Mazan.
Claire Diascorn, directrice du centre d'information sur les droits des femmes et des familles de la Somme (CIDDF), a souligné ce que le procès a mis en évidence. "Ça a montré à la société, la normalité des personnes qui sont condamnées. On voit tout âge, toute classe sociale et absolument pas des monstres comme beaucoup le décrivent. Je pense que c’est essentiel de le montrer et que ce soit utile à la suite [...] qu’on puisse avoir le doute sur à peu près tout le monde quand une femme parle, quand une victime parle."
On a tous été un petit peu construits avec notre culture du viol, culture de transformer la femme en objet [...] Il faut déconstruire tout ça.
Jean-Claude Ester, délégué départemental aux droits des femmes
Pour Sabine Bourgeois, assistante sociale intervenant en gendarmerie pour le conseil départemental de la Somme, l'affaire permet à certaines victimes d'ouvrir les yeux sur leur situation. "Peut-être que maintenant ça va éveiller d’autres consciences, aussi au niveau de l’hôpital, des urgences".
Aux hommes de se mobiliser et de se déconstruire
La prise de conscience face à l'horreur et l'espoir aussi de réunir les femmes et les hommes face au camp de la honte. Sarah Boziot, vice-présidente de l’association Femmes solidaires, rapporte "quelques témoignages d'hommes qui ont été impactés par le procès Mazan. J'espère que ceux-là aussi vont se mobiliser".
Jean-Claude Ester, délégué départemental aux droits des femmes, abonde dans ce sens. "Tous les hommes qu’on peut être, on se sent distanciés, par rapport à ça. Vous nous mettez dans un tas comme si tous les hommes étaient comme ça. On n'est pas tous comme ça… Oui, mais on l’est tous un petit peu, car on a tous été un petit construits avec notre culture du viol, culture de transformer la femme en objet [...] y compris dans la relation amoureuse, on s’autorise toujours à être en situation de domination. C’est ça qu’il faut arriver à casser, dans l’acceptation des filles, dans la posture des garçons. Il faut déconstruire tout ça."
Depuis le procès, la préfecture de la Somme a reçu des consignes. Elle doit continuer à soutenir les associations. Une réflexion est engagée avec l’Université Picardie-Jules Verne sur la notion de consentement. Des agents publics doivent être formés à l’enjeu de la soumission chimique, auparavant méconnu.
Avec Mickael Guiho / FTV