Dossier sport - Les sports collectifs picards à l’épreuve du Covid-19

Port du masque obligatoire, une place sur deux condamnée dans les vestiaires, des douches fermées, des licenciés réticents à se réengager : la crise sanitaire a aussi des conséquences sur les clubs de sport amateur, exemples dans la Somme.
 

Une légère brume enlace les joueurs chaudement habillés. Sous la lumière des projecteurs, les passes, ralenties par le terrain gras, s’enchaînent. Posté dans un coin, l’entraîneur au visage dissimulé sous une épaisse capuche accompagne la scène de ses yeux et de ses consignes. Une scène presque banale si l’on oublie le masque qui barre la moitié du visage du technicien. Pourtant, la pandémie de Covid-19 a amené son lot de changements, entre organisation bousculée et économie vacillante.
 

Aujourd’hui, c’est vrai qu’en l’absence de douches à cause du contexte, on se change dehors alors qu’il fait froid. Souvent à 21h-21h10, il n’y a plus personne. Tout le monde est parti. On prend moins le temps de discuter, on se raconte moins nos vies et on reste vraiment à distance.

Romain Mareen, joueur du FR Englebelmer


Un état de fait auquel n’échappent pas les clubs picards. Parmi eux, le club de foot d’Englebelmer et ses 150 licenciés dans la Somme. Bien des choses ont changé pour cette équipe sénior évoluant en district 2. Il a d’abord fallu adapter les vestiaires qui ne peuvent être utilisés que si une place sur deux est condamnée. "Les petites infrastructures comme la nôtre n'ont pas une large marge de manœuvre pour condamner des sièges. On fait avec ce qu’on a. Un deuxième vestiaire a été ouvert et on essaie d’éviter le plus possible les croisements entre joueurs", relate Alexis Gay, référent covid du club.

Les changements dans ce lieu de change et d’échanges ne sont pas sans conséquence sur l’ambiance au sein du groupe. "La convivialité est différente alors qu’à la base c’est notre marque de fabrique. Ça a cassé un peu de lien. Après, on est une famille. C’est le temps d’une passade. On va finir par le retrouver. Après tout, une famille ça s’éloigne parfois, mais ça se retrouve toujours", atteste Romain Mareen, l’un des membres de l'équipe.
 

Un nombre de licenciés réduit

Côté licences, le président du club, Christophe Deloraine reste confiant. Si tous les joueurs ne sont pas revenus immédiatement après la saison écourtée, leur retour est progressif. "Au début de la saison, on a vu une certaine réticence de pas mal de joueurs à vouloir redémarrer la saison. D'autant que l’an dernier ils ont eu une saison tronquée tout en payant une licence pour parfois quelques matches. Ils ont peut-être faits trois matches dans la saison."

La reprise est bien plus compliquée du côté du Albert Sports Handball.  Les joueurs sont moitié moins nombreux. Sur 200 licenciés, 110 ont rempilé cette année.
 

On a certaines catégories, essentiellement les féminines, sur lesquelles on n’a pas pu se réengager cette saison faute d’effectifs. Au niveau des garçons, c’est un peu moins compliqué même si on est limite en nombre.

Bertrand Trouillet, président du Albert Sports Handball



Au-delà des licences, les clubs peinent aussi côté sponsors, vecteurs importants de leur bonne santé économique. Les handballeurs d’Albert ne les ont pas sollicités. C'est une année blanche pour les rentrées d'argent qui se profile. "Toutes les manifestations qu’on fait autour des matches, les lotos, les buvettes pendant les week-ends, sont autant de rentrées d’argent qu’on a plus. Ce sont des absences qui vont avoir un impact direct sur l’avenir du club et notamment sur des projets qu’on pouvait avoir et qu’il va falloir oublier", expose le trésorier du club, Laurent Delannoy.

Sur le terrain, l’équipe première évolue en régionale honneur. Avant le confinement, elle a terminé troisième, aux portes de la montée en excellence. L’absence de terrain pendant plusieurs mois ne semble pas les avoir trop déstabilisés à en croire les dires de Mathieu Morelle, membre de l’équipe : "Tactiquement ça a été un gros passage à vide, mais on a bien travaillé l’an dernier sur les combinaisons, les enclenchements ensemble et le travail pour se connaître. On va pouvoir utiliser ça cette année pour être meilleurs. C’est quelque chose qui a déjà porté ses fruits sur les deux premiers matches de la saison."Une bonne nouvelle donc qui ne doit pas occulter le fait que si certaines équipes se sont déjà lancées dans de nouveaux défis, d'autres n'ont toujours pas pu reprendre le championnat. Plusieurs clubs ne sont pas encore au complet dans le département, faute de joueurs.
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