15 à 20% de baisse du chiffre d'affaires pour la foire Saint-Jean d'Amiens : "on est déçus, mais on s'y attendait"

Ouvertes depuis le 22 juin sur l'esplanade de la Hotoie, la traditionnelle foire de la Saint-Jean à Amiens a pris fin dimanche 14 juillet. L'heure pour les forains de faire le bilan, entre météo déprimante, baisse de fréquentation et hausse des coûts.

C'est l'une des plus importantes fêtes foraines du nord de la France. Et l'une des plus anciennes de France aussi puisque son histoire remonte au Moyen Âge lorsque les reliques de Saint-Jean-Baptiste furent accueillies au sein de Notre Dame d'Amiens.

Implantée depuis 1989 au parc de la Hotoie, la foire Saint-Jean et ses quelque 180 attractions, des plus classiques aux plus sensationnelles, attirent chaque année plus de 400 000 visiteurs.

Certains forains préfèrent partir avant la fin

Cette année, la foire Saint-Jean était ouverte du 22 juin au 14 juillet. Les forains avaient donc quatre semaines pour séduire les visiteurs. À l'heure du démontage des manèges, et du bilan, l'édition 2024 ne restera pas gravée dans les annales. Au point que certains forains ont choisi de démonter leur manège avant la fermeture de la foire, faute de clients.

C'est le cas d'Olivier Domeniconi qui mettra 13 heures pour venir à bout de ses auto-tamponneuses. Il vient sur la foire Saint-Jean d'Amiens depuis 1987. Alors cet habitué des lieux à de quoi comparer. Et pour lui, "l'édition 2024, ça a été moyen. Avec le temps, ça a été moyen. C'est pour ça que j'ai décidé de démonter avant. Il n'y a personne. La semaine, il n'y a eu personne et les week-ends, on a travaillé, mais un petit peu. Cette année, c'est -15%. Avec les autres frais qui continuent à augmenter : l'électricité, le gasoil, les autoroutes, tout ce qui est inhérent à l'itinérance. Il y a le temps, mais aussi la conjoncture : les gens ont de moins en moins d'argent. Et la fête foraine, ça n'est pas gratuit : on paie un emplacement, on paie un droit de stationnement. Donc c'est compliqué pour tout le monde."

Quelques mètres plus loin, Freddy Pourrier continue à vendre des tickets. Même si son manège nécessite trois camions pour être transporté et plusieurs heures pour être démonté, il a attendu la fermeture de la foire pour s'y atteler. Ce forain n'était pas revenu sur la foire Saint-Jean d'Amiens depuis 17 ans. À l'époque, il n'avait pas ce manège tout neuf qui fait voler les clients jusqu'à 25 mètres de hauteur, la tête en bas, les pieds en l'air. Lui trouve que "ça s'est bien passé malgré la météo pas très encourageante, constate le forain. Quand le temps était avec nous, les gens étaient là. Donc, pour moi, le bilan est satisfaisant quand on voit la météo qu'on a eue. Le chiffre d'affaires est positif même si on s'attendait à mieux. Mais compte tenu de la météo, ça va. Et je reviendrai ! Amiens est une belle ville, on est bien installés et on sent que les gens aiment leur foire."

Un bilan en baisse malgré les tarifs promotionnels

Mais globalement, le bilan est mitigé pour tous les forains. Et ce, malgré des efforts sur les tarifs. "On fait beaucoup de journées promotionnelles, expose Laurent Giorgi, membre du comité d’organisation de la foire d’Amiens. Par exemple, mercredi dernier, on a fait la journée avec des tarifs réduits. Et on a ressenti beaucoup plus d'affluence que les jours précédents. On sent que la conjoncture économique joue. On voit que quand on fait des journées promotionnelles et des tarifs réduits, les gens se déplacent plus et viennent s'amuser. On essaie de trouver des solutions pour faire venir les gens."

Une baisse du chiffre d'affaires valable également en restauration. L'incontournable Ours Noir qui accueille des centaines de clients chaque jour n'a, cette année, pas fait le plein. "Ça n'a pas très bien démarré parce qu'on a eu beaucoup d’événements politiques, beaucoup de pluie, beaucoup de football, explique Agnès Roose, la gérante du restaurant. Les soirées où les matches ont été diffusés à 18h ou à 21h, ça a été une catastrophe pour nous. Même si le lendemain, les gens sont venus en plus grosse affluence pour compenser. Et puis la météo ! Les journées où il a beaucoup plu, les gens ne sont pas sortis. Donc on ne peut pas dire que ce soit une des meilleures années pour la foire Saint-Jean. Au niveau du chiffre d'affaires, on est à -20%, c’est sûr. On est déçus, mais on s'y attendait et on sera encore là l'année prochaine. On positive. Une année ne fait pas l'autre !"

"Pour une famille, c'est un budget"

Dans les allées, les clients le reconnaissent : ils sont partagés entre tradition et porte-monnaie. 

"Moi, je venais quand j'étais petit. Donc on est déjà venu trois ou quatre fois, mais c'est cher. 5 euros le manège, calcule ce papa d'une petite fille de 6 ans. Si tu as deux enfants, ça monte vite. Pour peu qu'ils soient petits et que tu doives monter avec eux. Pour une famille, c'est cher. C’est dommage."

"C'est une fois par an. Et c'est festif. Les enfants me réclament de venir à chaque fois. Moi, je venais avec mes parents, donc je perpétue la tradition ! Mais j'ai vu que les prix ont changé, mais c’est partout pareil, constate un autre papa devant le stand de tir à la carabine. On fait un sacrifice pour les enfants. On leur fait plaisir ! D'autant qu'ils ont bien travaillé à l'école cette année !"

Malgré le contexte, amateurs et forains l’assurent : ils reviendront l’année prochaine avec l’espoir d’une meilleure édition. En attendant, certains vont faire escale à Abbeville jusqu'au 4 août pour la foire de la Madeleine.

Avec Lucie Caillerret / FTV

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